CHAPITRE 45

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Samedi
24 décembre

— Est-ce qu'il y'a beaucoup de neige chez ton papa et ta maman?

— Beaucoup, beaucoup! réponds-je à Alice en rangeant ma valise au dessus de mon siège.

— Et les montagnes touchent les nuages? me demande-t-elle en faisant des grands gestes.

— Elles vont encore plus hauts.

    Ma réponse laisse Alice bouche bée. J'ai hâte de pouvoir lui montrer le petit village de mon enfance, les points de vue secrets des montagnes et les cachettes prisées des animaux sauvages.

    Alice prend place du côté fenêtre. Je m'installe face à elle et Nicolas. Après quelques minutes d'attente, le train démarre. Alice est captivée par la vitesse. C'est la première fois qu'elle prends le train. Sa réaction est si adorable qu'elle nous décoche un rire.

    Nous jouons à des jeux de société pour nous occuper le temps du trajet.

    En milieu d'après-midi, Alice commence à tomber de sommeil. Nicolas lui fabrique un couchage de fortune à l'aide de son manteau et d'un pull en guise de coussin qu'il coince contre la fenêtre. Je le regarde faire. Il est très méticuleux et fait attention à ne pas la réveiller. C'est adorable!

    Lorsqu'il a finit, il se lève et s'installe de l'autre côté de la table, près de moi. À peine s'est-il assis qu'il cherche à prendre ma main pour la nicher dans la sienne, ce qui n'est pas pour me déplaire. Je me rapproche un peu pour pouvoir poser ma tête sur son épaule.

— Tu sais que tu pouvais t'habiller plus décontracté, lui fais-je remarquer en voyant la qualité de son costume.

— Il faut que je fasse bonne impression auprès de ta famille.

    Comme s'il avait besoin de ça.

    En plus, connaissant mes parents, ils porteront sûrement des pulls moches de Noël.

— Comment s'appellent tes parents?

— Franck et Nathalie.

— Franck et Nathalie, répète-t-il plus bas, comme pour ne pas oublier.

    Je lève les yeux pour voir l'expression de son visage.

— Tu stresse?

— Non!

    Je le fixe avec plus d'insistance. Il tente d'éviter mon regard mais finit par avouer:

— Un peu.

    Je ne comprends pas. Il peut faire un discours devant des centaines de personnes, mais est stressé à l'idée de rencontrer mes parents?

— Tu n'as pas à l'être. Reste toi même et tout ira bien.

    Il acquiesce d'un signe de tête, mais je vois bien qu'il n'est pas convaincu. À vrai dire, je ne sais pas trop comment le rassurer, car je suis dans le même état que lui. Ne pas savoir comment mes parents vont réagir me fait paniquer.

— Ça va bien se passer! assuré-je autant pour lui que pour moi.

    Je connais mes parents. Ils vont sans aucun doute l'accueillir chaleureusement. C'est plus leur comportement qui m'inquiète.

— Je préfère quand même te prévenir, ma mère est... disons qu'elle est sans filtre. Elle risque de te poser des questions déplacées.

— Comme quoi?

— Je n'ai pas d'exemple particulier en tête, mais si ça t'arrive sache que tu n'es pas obligé de répondre.

    Il me regarde d'un air amusé.

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