Mercredi
30 NovembreJe pars au boulot la boule au ventre et les yeux sûrement encore gonflés. Hier soir, j'ai pris une grande décision. Je finirais ses trois mois d'essai avant de partir. Définitivement.
Je ne peux pas laisser tomber l'équipe comme ça. Il en va de ma conscience professionnelle, alors je vais tout de même aller au bout de mon contrat. De plus, tous mes collègues -excepté Dugas- m'ont offert un accueil chaleureux et sont tous très gentils avec moi.
Et j'aime ce que je fais. La seule ombre au tableau est la pression psychologique de la direction qui me suis jusqu'à mon appartement.
En rentrant hier, je me suis résolue à appeler mes parents pour les prévenir de mon retour imminent d'ici deux mois. Mes explications sont restées vagues pour éviter de les inquiéter. Ils ont dû se contenter du minimum. En bref, « le monde de l'édition n'est pas ce que j'imaginais ».
Je traverse le hall d'entrée et me dirige vers l'escalier. Je tente d'ouvrir la porte mais celle-ci est bloquée. Je fais donc demi tour pour demander à l'hôtesse d'accueil si elle peut l'ouvrir. Après tout, c'est peut-être juste un oubli de sa part.
— Je suis désolée mais on m'a ordonné de ne laisser personne y accéder.
— Comment ça personne? Pourquoi?
— Je n'en sais pas plus que vous. Il ne m'a pas donné d'explication.
Il?
— C'est Monsieur Dugas qui vous a demandé ça?
Elle ouvre la bouche avant de la refermer, sans prononcer un mot.
Son silence en dit long.
Quel connard celui-là!
Ça ne lui a pas suffit de se moquer ouvertement de mon tour de taille? De m'humilier? Il faut maintenant qu'il m'empêche d'accéder à mon poste de travail?
J'ai envie de l'encastrer dans un mur!
Déjà la veille il n'a pas cessé de frapper à ma porte pour soit disant discuter, ce à quoi j'ai répondu en augmentant le volume de ma musique pour ne pas entendre le son de sa voix. Ensuite, ayant comprit que je ne lui ouvrirais pas, il s'est mit à m'appeler sur mon portable. Je n'ai bien sûr jamais dénié décrocher. Je n'avais rien à lui dire. Sa blague de mauvais goût n'a pas été digérée.
J'espère bien vivre ces deux prochains mois en évitant au maximum tout contact avec lui.
Alors il veut jouer à ça? Très bien! Nous allons jouer! Puisqu'il ne me laisse pas accéder aux bureaux, je ne viendrait pas travailler! Au moins je suis sûre de ne pas le croiser.
L'équipe peut bien se passer de moi une journée, après tout, ils ont bien survécu sans responsable marketing pendant plusieurs semaines.
Je sors donc du bâtiment. Je ne vais pas lui faire le plaisir de céder à ses caprices en prenant l'ascenseur!
Je n'ai pas le temps de faire trois pas à l'extérieur, que mon téléphone sonne. Je regarde l'écran et ris jaune en voyant « Mr Dugas » apparaître. Après hésitation et réflexion, je décide finalement de répondre pour le simple plaisir de l'emmerder.
— Qui est à l'appareil?
— Je peux savoir ce que vous faites? me répond-t-il à l'autre bout du fil.
Je prends ma voix la plus innocente possible.
— Je ne vais pas pouvoir venir, j'ai attrapé un gros coup de froid hier, mente-je en feignant une quinte de toux.
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My Red
RomanceÀ vingt-six ans, Joyce décide de déménager à Paris afin de vivre de sa passion pour les livres. Mais lorsqu'elle arrive à la maison d'édition Dugas dans laquelle elle est censée travailler, Joyce reçoit un accueil glacial de la part du chef éditoria...