Lundi
14 novembreJe franchis les marches d'un pas lent. Je suis consciente d'y être allée un peu fort hier. Non pas que je regrette! Loin de là! Il méritait que quelqu'un le remette à sa place. Mais je crains pour mon poste. J'y tiens! Tout mon avenir peut se jouer ici. J'ai travaillé dur pour en arriver là. Et j'aime ce que je fais. De plus, il suffit que mon manuscrit soit accepté et qu'il plaise aux lecteurs pour vivre pleinement de ma passion.
Bon...pour ça, il faut que je trouve le courage de le déposer. Il faut aussi qu'il soit accepté par l'éditeur en chef qui, au passage est mon patron, ce qui fait que mon pourcentage de chance de réussite actuel est inférieur à zéro pour cent.
Si seulement j'avais fermé ma gueule hier, il aurait peut-être atteint un, voir deux pour cent avec un peu de chance.
Je n'ai pas le choix si je veux réussir, je dois aller m'excuser. Sauf que je n'en ai aucune envie! Ça reviendrait à affirmer que je ne pensais pas ce que j'ai dis alors que ce n'est pas le cas. Lui aussi doit assumer ses actes! Après tout, c'est lui qui a commencé à m'insulter. Merde à la fin!
Je passe ma tête dans l'embrasure de la porte et vérifie qu'il n'y a pas Satan dans les environs.
Tout est OK! Je me faufile donc entre les bureaux et m'installe discrètement à mon poste, mine de rien. Je vais attendre de voir comment Dugas réagit. Si je vois qu'il est vraiment énervé contre moi, j'interviendrai en m'excusant. Si non, j'essayerai de passer entre les mailles du filet. Avec un peu de chance, c'est lui qui s'excusera, même si j'ai du mal à le concevoir.
Je compte beaucoup sur la chance en ce moment...
— Tu sais si Monsieur Dugas est arrivé? demandé-je à Céline.
— Je crois qu'il fait un compte rendu des ventes du mois dernier avec Madame Badertscher dans la salle de réunion. Pourquoi?
La fameuse Madame Badertscher. Celle avec qui Dugas couche d'après Céline.
Je me demande si c'est vrai?
— Juste pour savoir si j'ai encore un peu de temps devant moi avant de devoir m'enfuir.
— Il va finir par être à court de reproche à ce rythme là, ricane-t-elle, sarcastique.
— Ça m'étonnerait.
Puisque je les lui offre sur un plateau...
— D'ailleurs en parlant de vente! Est-ce que tu aurais un dossier répertoriant les plus gros succès de l'année?
— Bien sûr. Tu veux que je te l'envoie?
— Je veux bien, s'il te plaît!
— Toi comme t'es là, tu as une idée derrière la tête, non?
— Je ne divulguerai rien! affirmé-je en mimant une clé que je tourne entre mes lèvres avant de la jeter.
Face à moi, Céline croise les bras en boudant.
— T'es pas cool!
— Promis tu sera la première au courant.
— J'espère bien.
J'allume mon ordinateur et sors un bloc notes. En tant que responsable marketing, je m'occupe en grande partie de la commercialisation et la promotion des livres.
Le temps que le dossier que m'a envoyé Céline par mail charge, Je note quelques idées qui trottent dans ma tête depuis plusieurs jours.
— Tu as reçu mon mail?
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My Red
RomanceÀ vingt-six ans, Joyce décide de déménager à Paris afin de vivre de sa passion pour les livres. Mais lorsqu'elle arrive à la maison d'édition Dugas dans laquelle elle est censée travailler, Joyce reçoit un accueil glacial de la part du chef éditoria...