CHAPITRE 32

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Dès que ma collègue part rejoindre le groupe de danseurs, je me déplace vers le bar pour avoir une meilleure vue sur la piste.

Et quelle vue!

Madame Badertscher ne m'avait pas lâché une seule seconde depuis mon arrivée, si bien que je n'ai pas pu discuter une seule fois avec Joyce. Mais ma patience est à présent récompensée par le spectacle qui se déroule sous mes yeux!

Joyce Muller, la femme qui n'aime pas être au centre de l'attention avait disparue, laissant place à la plus magnifique créature existante sur terre. Face à moi, les lumières colorées me narguent en jouants sur sa peau. Son déhanché me fait me sentir à l'étroit dans mon pantalon. Quant à ses bras, ils forment des mouvements fluides et hypnotisants au dessus de sa tête avant de glisser sur son corps. J'aurais tout donné pour que ce soit mes mains et non les siennes qui dévalent ses courbes.

    J'ai l'impression de bouillir tellement j'ai chaud. Toutes les sensations nouvelles que je sens naîtrent en moi sont renforcées par ses yeux verts perçants qui ne me quittent pas, comme si elle me dédiait cet instant. Cet instant pendant lequel je comprends que je ne résisterai jamais au pouvoir que cette femme possède sur moi. Cet instant pendant lequel je comprends que j'ai besoin d'elle auprès de moi.

    Toutes les personnes présentes dans la salle ont disparues, ne laissant qu'elle.

Il n'y a toujours eu qu'elle!

J'arrive même à faire abstraction de Marc qui se colle un peu trop à elle à mon goût. Je ne veux pas laisser les pensées négatives gâcher ce précieux moment.

Mais le spectacle prend fin brusquement. Joyce tourne la tête vers Madame Badertscher qui se trouve près d'elle. Son visage se durcit aussitôt et elle quitte la piste de danse avec un équilibre incertain pour rejoindre le bar où je me trouve. À peine arrivée, elle commande un énième verre. Lorsque celui-ci lui est servit, je l'attrape avant elle et le bois sous ses yeux.

— Eh! C'était à moi!

— Vous avez assez but comme ça je pense.

Elle me fusille du regard. Déterminée, elle en commande un autre. À peine le barman le pose qu'elle se jette dessus avant moi et le bois d'une traite.

— Je pense qu'il est temps de rentrer.

— Je n'vous r'tiens pas! répond-t-elle sèchement.

Cette soudaine agressivité me surprend.

— Je ne partirai pas sans vous!

— Oh mais n'vous en faites pas! Je vais bien trouver quelqu'un pour m'ramener. Ça fera plus de place dans la voiture pour votre pouffe!

    Quoi?

— Mais qu'est-ce que vous racontez?

Vous, qu'est-ce qu'vous racontez!? Y'a quelques jours vous m'faisiez croire des choses dans ma bibliothèque, et là vous ne m'avez même pas regardé de la soirée, dit-elle en boudant.

— Croyez-moi, je vous ai regardé.

    Je n'ai fais que ça!

— Menteur! C'est elle que vous r'gardiez, siffle-t-elle en pointant du doigt Madame Badertscher.

— Je ne l'avais même pas vue.

— Pfff! souffle-t-elle en me tournant le dos comme une enfant.

    Cette situation me fait sourire malgré moi. Je me penche en avant pour lui chuchoter à l'oreille:

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