Autour de moi, il n'y a rien. Seulement des bâtiments, et les animaux.
Je reprends ma route. La montée est longue, et j'ai du mal à avancer. Un mur et des maisons m'entourent, mais pas de bancs. Plusieurs fois, je m'assois au bord du trottoir pour reprendre mon souffle. Arrivée au bout de la montée du chemin neuf, je continue sur la rue des Farges, et me rends compte que je me suis trompée de chemin: il fallait que je prenne la montée saint Barthélémy pour aller à la cathédrale! Avoir pris la montée du chemin neuf me fait faire un détour considérable. J'ai les larmes qui me montent aux yeux. Quelle idiote! Si je n'étais pas perdue dans mes pensées, j'aurais mieux regardé la carte!
En inspectant mieux la carte, je constate qu'elle indique un théâtre romain sur mon trajet. Je peux m'y rendre, il y aura des bancs! Et ça doit être intéressant de visiter quelque chose qui date de... l'Antiquité, je crois?
Rassénérée, je me remet en marche, le sourire aux lèvres. Tant pis si je fais un détour, ça fait passer le temps! De toute façon, nous sommes le matin, j'ai encore du temps avant de devoir trouver un appartement où dormir!
Arrivée au bout de la rue des Farges, je tourne à droite. Je passe devant un ancien collège. Si j'avais vécu dans le monde ancien, je serais passée par cette étape. Je serais sortie avec mes amies acheter une glace après les cours. J'aurais râlé contre le professeur de maths, eu des amoureux. J'aurais peut- être habité dans une maison, eu une petite sœur!
Je reste figée quelques instants devant ce bâtiments. Il est gris, et il y a quelques fenêtres. Une porte vitrée sert d'entrée. Je me demande si elle est ouverte. Est-ce que j'oserais entrer? Ma petite voix me dit que oui. Je n'ai rien à perdre, de toute façon.
Je m'approche lentement, pas à pas. Je guette mon environnement. Un danger va-t-il surgir de nulle part?
J'appuie enfin sur la poignée. Elle grince, et je l'ouvre précautionneusement.
Je pénètre dans un hall. On dirait un sanctuaire, le temps est comme figé. Je retiens ma respiration, comme par respect pour les gens qui sont passés par là avant moi. Je monte un escalier, et entre dans des salles de classe. C'est incroyable, il y a un tableau, et des manuels sont entreposés au fond de la classe. Je m'imagine un instant à leur place. Serais je heureuse? Peut être.
Après avoir visité l'intérieur, j'entre dans la cour. Il y a beaucoup de verdure, contrairement à chez moi. Des bancs sont installés autour des arbres. Je m'assois sur l'un deux. Je suis bien, ici. Je ferme même les yeux, baissant ma garde.
— Perle! Qu'est-ce que tu fais ici?
Je me redresse en sursaut, en position de combat. Je sort un couteau de ma poche arrière, qua j'avais caché là au cas où.
Mon interlocuteur se tient juste devant le soleil, si bien que je ne distingue pas son visage. Je vois juste ses bras levés.
— Perle, c'est moi, Matthias! Je ne veux pas te faire de mal, baisse ton couteau!
Soulagée, je baisse mon couteau. Mon point reste cependant en face de mon visage: on ne sous estime jamais son adversaire.
— Matthias, tu m'as fait peur! Ne refais jamais ça, on est en compétition, je te rappelle!
— Désolé, désolé. Je visitais juste le collège, c'est super intéressant! J'ai trouvé un endroit où il y a pleins de livres de l'ancien monde!
— Super. Tu vas à Fourvière, toi aussi?
— Oh, oui. Tu t'es réveillée où?
— Dans les appartements en face de la Saône, et toi?
— A droite de la cathédrale, dans les appartements. J'étais au dernier étage, il y avais une superbe vue!
— Cool. Je dois y aller, maintenant.
— Attends! Je peux rester avec toi?
— Si tu veux... Je te préviens, je n'avance pas vite!
— Oh, moi non plus! J'ai mis une heure à monter!
Sans répondre, je sors du collège. Matthias me suis. Je me sens moins seule, maintenant, mais j'ais le sentiment que sa présence ne vas m'apporter que des ennuis.
Après ce qui me semble être une éternité, nous passons devant le théâtre romain. Cette fois-ci, tout est en pierre. Certaines comportent des fissures. Le tout forme un demi cercle: les bancs en pierre s'élèvent de plus en plus haut, et sont placés de sorte à ce que tous les spectateurs voient la scène placée en face. Cette dernière est un peu plus moderne: elle est composée de lattes de bois. Au dessus de bancs, il y a des ruines de ce qui semble être des habitations.
— Je crois que cet endroit servait juste à se reposer ou manger, commente Matthias.
— Possible. En tout cas, moi je vais m'assoir, dis-je tout en allant près des bancs, sans consulter Matthias. Ce dernier me rejoint, en nous nous asseyons en silence.
— On y va? demande Matthias au bout de dix minutes. Il y a un autre théâtre un peu plus en haut.
— Pas envie d'y aller, je soupire. On devrait manger, non?
Matthias lève la tête: le soleil est haut dans le ciel.
— Tu as raison, je commence à avoir faim, et il doit être près de midi!
Je sors les fruits de mon sacs et les pose à côté de moi.
— Tu as juste des fruits? C'est triste. Moi, je me suis fais un sandwich, déclare Matthias, tout en sortant une baguette de pain qui semble être fourrée.
— C'est quoi? je demande, perplexe.
— C'est du pain, avec à l'intérieur de la salade, du fromage, du jambon et des tomates. Mon père m'en faisait, c'est un plat que les gens mangeaient quand ils voyageaient, où quand il n'avaient pas beaucoup de temps pour manger.
— Mais c'est des ingrédients super rares! Comment ton père a pu s'en procurer?
Matthias hausse les épaules:
— Des contacts. Tu en veux un bout?
Il me tend la moitié de son sandwich. J'hésite: d'un côté, ça à l'air super bon, et de l'autre, je me méfie: cela pour très bien être un piège.
— Je t'assure que je n'ai rien mis de bizarre dedans! Allez, prends! m'enjoint Matthias.
Je craque, et prends le sandwich. Pour ne pas paraître impolie, je lui tends une pomme.
Ma première bouchée de ce sandwich est une explosion de saveurs. Je n'avais jamais rien goûté d'aussi bon. Les aliments que je mange en temps normal sont fades, sans goût.
— Alors? demande Matthias, le sourire aux lèvres.
— C'est trop bon! Tu l'a trouvée où, la nourriture?
— Dans mon appartement. J'ai fouillé un peu partout. Il y avait même du chocolat!
— Du chocolat? Tu rigoles?
— Non, je suis parfaitement sérieux, rit Matthias.
— Tu en as pris au moins?
— Oui, tu me prends pour qui?
— Alors, on s'amuse les amoureux?
Je me fige, terrifiée.
VOUS LISEZ
Citygames
Science FictionImaginez vivre dans une société où tout est organisé hiérarchiquement. Imaginez vivre tout en bas de l'échelle de cette société. Imaginez que le gouvernement vous propose tout les ans un jeu pour vous sortir de la pauvreté si vous gagnez. Que ferez...