Chapitre 31

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Une sorte de routine s'est installée entre Cassiopée et moi, sans qu'aucune de nous deux ne l'ai décidé. Après le rétablissement soudain de la jeune fille, nous sommes sorties toutes les deux dehors chaque matin, avant le passage du nuage. 

Puis, l'après- midi, nous nous promenons dans les rues de Lyon, allant toujours plus loin. Nous n'avons encore croisé personne. Je ne lui ai pas parlé de Matthias: elle n'a toujours pas gagné ma confiance. Car, si Cassiopée est amicale, je sens une couche de méfiance sous cette amabilité. Nous ne parlons pas beaucoup. A quoi bon? Nous sommes toutes les deux pauvres, voulons gagner, et nous restons avec l'autre par défaut, pour avoir de la compagnie. 

Un soir, un peu avant 19h00, je sors — toujours avec mon sac et mes affaires, de peur que Cassiopée ne fouille —, afin de déambuler seule dans Lyon. Le soleil commence à se couches, et l'air se rafraîchis, morsure vive sur la peau. 

Je marche trente minutes, regardant attentivement autour de moi. Il me semble que des milliers d'yeux suivent ma silhouette,  transperçant mon corps à la manière d'aiguilles. 

Je rentre chez moi, juste avant l'heure fatidique. Mais, quand j'abaisse la poignée et pousse la porte, celle ci ne s'ouvre pas. Sentant la panique monter, je secoue frénétiquement la poignée, et crie le nom de Cassiopée. Celle ci ne répond pas, sans doute trop occupée à dormir. Je décide alors de frapper de toutes mes forces. Rien n'y fait. Mes poings sont juste rouges, et je sens une vivre douleur sur mes phalanges. 

Dans un excès de rage, je frappe de toute mes forces la porte du pied, puis cours dans un autre appartement. 

Mais rien n'y fait. Tout est fermé. Il est 19h00. Complètement désemparée, je me laisse tomber par terre et les larmes coulent toues seules, torrent déchaîné. Bientôt, le sol est trempé, et mes habits aussi. Je sais que je vais perdre, et tout ça à cause de Cassiopée. Je sais que je suis arrivée avant 19h00, j'ai vérifié l'heure juste avant de m'acharner sur la porte. Aveuglée par ma rage, je prends la décision de me venger de Cassiopée une fois que tout cela sera fini. Pour l'instant, je dois me trouver une cachette sûre. 

J'erre dans l'appartement, cherchant un renfoncement, un placard ouvert, n'importe quoi pour me cacher. 

Puis l'évidence m'apparaît, tellement énorme que je me demande comment j'ai fait pour ne pas l'avoir vue plus tôt. En bas de l'immeuble, tout en bas, au dernier niveau, se trouve une immense cave, où je n'ai jamais osé m'aventurer, par peur de ce qui pourrait s'y cacher. Mais maintenant, je n'ai pas le choix. Il me faut une cachette efficace, où l'on ne pourrait pas me trouver. 

Prudemment, lentement, je descends les escaliers en métal. Je sens mes membres se raidir au fur et à mesure de ma descente, et mon cœur bat de plus en plus fort, tambourinant dans ma poitrine comme pour sortir. 

Quand j'arrive sur la dernière marche, je me fige. Devant moi, il n'y a que de l'obscurité, partout. Je balaye la pièce du regard, attendant que mes yeux s'habituent à la faible luminosité, qui vient seulement des escaliers. 

Quelques instants plus tard, je peux enfin deviner une vaste pièce, vide, avec des néons éteints au plafond. Les murs sont en pierre, et le sol aussi. Je grelotte, on dirait que la température a chuté de plusieurs degrés. L'endroit est angoissant, étrange, dérangeant. Ca ressemble un peu à un parking souterrain, qu'on peut trouver sous les immeubles des Bas-Fonds (et qui sont utilisés comme refuge en cas de tempête). Il me semble voir des portes au fond, alors je décide de tenter le coup.

Le cœur battant, les yeux écarquillés par la peur, je m'avance lentement, figée. Ma respiration se fait saccadée, brusque. Tout mes sens sont éveillés, préparés à voir surgir une bête féroce des coins sombres. L'atmosphère me pèse, m'essore, m'oppresse, joue avec mes sentiments comme on manipulerait une poupée de chiffon. Mon pas est raide, maitrisé. 

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