Chapitre 20

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— Eh oh! Réveille toi! 

J'ouvre les yeux. Matthias me tient par les épaules et me secoue pour me réveiller. Je tente mollement de frapper son bras, mais mon coup finit dans le vide. 

— On est déjà le matin? 

— Non. Le soleil n'est pas levée. Par contre, la porte s'est déverrouillée...

Je me redresse d'un coup, et frappe donc le nez de Matthias avec ma tête. Ce dernier grimace de douleur.

— Fais attention, Perle! 

— Désolée. Il n'est pas neuf heures, pourquoi la porte est ouverte?

— Je pense que c'est la "surprise" dont parlait Simon. En tout cas, j'ai trouvé la Confluence: c'est l'endroit où les fleuves se rejoignent, et il s'y trouve un musée appelé "le musée de la Confluence"! Pour le Soleil, je n'ai pas trouvé... Mais on sait déjà où aller, c'est cool!

— Super. Et on est loin de Confluence?

— Assez. Je dirais une ou deux heures de marche. En comptant ton handicap. 

— Et il est quelle heure?

— 5h45. Je sais, ça fait tôt mais je veux arriver avant les autres candidats. 

Matthias se relève, puis me tend une béquille:

— Tiens, pour que tu puisses marcher avec deux béquilles et pas seulement une!

— Merci! 

Je me lève, puis enfile mon sac à dos.

— Tu ne manges pas? s'étonne Matthias.

— Non. On fera une pause en chemin. 

Nous prenons toutes nos affaires, puis quittons l'appartement. 

Les rues de Lyon sont encore baignées par la lumière de la lune. L'ambiance est étrange. Personne ne parle, on entend seulement le claquement de nos pas et de mes béquilles sur le goudron. Je me sens toute petite, parmi ces grands appartements. Je pense que les rues de Lyon devaient déjà être un peu animées, à cette heure ci. En Histoire, le professeur nous racontait, que, dans les grandes villes, les voitures ne s'arrêtaient jamais. Il y en avait toujours une qui circulait, polluant l'air. Puis, pour limiter les dégâts écologiques, nos ancêtres se sont rassemblés dans une seule ville, et on laissé le reste de ce qui s'appelait avant la France en friche. 

Ma mère me raconte tout le temps que des tribus vivaient en dehors de la ville, chassaient pour survivre. C'est sa théorie à elle, dans ce monde restreint. Quand j'étais plus jeune, elle adorait me raconter des histoires de tribus revenues à l'état naturel: batailles, chasses, exploration, jeux avec les animaux sauvages... Cela me terrifiait, et, en même temps, me fascinait.

— On est à la moitié du chemin! T'as faim?

— Oui, on peut s'arrêter? J'en ai marre de mes béquilles. Elles me tordent les bras! me plaignis je. 

Nous nous installons sur un banc, et Matthias sors quelque chose emballé dans une espèce de papier gris brillant.

— Qu'est ce que c'est?

— Du papier aluminium. C'est pour recouvrir le sandwich que je t'ai fait!

Je lui arrache le papier des mains. La texture est bizarre, et le papier fais un bruit que je n'avais jamais encore entendu.

— Ca vient de l'Ancien Monde. Les gens s'en servaient. Il était dans l'appartement.

Je m'apprête à répondre, mais ma tablette se met à vibrer furieusement. Je la sors du sac: c'est un abandon. D'une fille que je ne connais pas. Matthias lit par dessus mon épaule, et lève soudain les yeux vers le ciel. Son regard s'empli de terreur. Il m'agrippe sans ménagement le bras, et me tire vers le bâtiment le plus proche, tout en tenant le sac à moitié ouvert. 

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