Chapitre 22

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Nous effectuons d'autres séries de tests, si bien que je suis épuisée. Jean semble le remarquer, car il m'enjoint à retrouver ma chambre, ce qui, étrangement, me réjouit.

Je m'effondre sur mon lit, éreintée. Le matelas est mous et les couvertures chaudes, si bien que je me recroqueville et m'endors, bienheureuse malgré cette journée.

Je suis dans un bassin d'eau chaude. Cette dernière est translucide, et je remarque que, sous mes pieds, se trouve le terrifiant vide. 

Paniquée, je tente de retrouver le bord, mais celui ci s'éloigne à mesure que je me rapproche. L'eau est de plus en plus chaude, me brûle la peau. 

Je suis fatiguée, mes mouvements sont de plus en plus mous, la chaleur m'endors, et, maintenant, l'eau m'aspire.

Je me réveille, les bras battants les draps, les jambes remuant, m'empêtrant encore plus dans les couvertures. Il me semble que la température a augmenté. Cela doit expliquer mon rêve. 

Je me redresse, le cœur battant à tout rompre, encore sous le choc de mon cauchemar. Peu à peu, mon rythme cardiaque se ralentit et je peux enfin regarder correctement autour de moi, chose qui n'était pas possible il y a quelques instants.

Je constate avec soulagement que je suis toujours dans ma chambre d'hôpital. mais quelque chose cloche. Je le sens au fond de moi, comme on sent notre cœur battre. Mon instinct me hurle de me cacher, et ce le plus vite possible. Je l'écoute alors, et me glisse sous le lit.

Les barreaux métalliques du lit me fond face. Malgré ce qu'on pourrait croire, la moquette est dure et mon dos ainsi que mon coccyx sont très rapidement endoloris. 

Je me force à respirer lentement, me préparant à l'inéluctable. Tout mes sens sont en alerte, guettant le moindre pas, la moindre voix. 

Je reste dans cette position ce qui peut être aussi bien une heure que mille ans. Des larmes silencieuses roulent sur mes joues, tâchant la moquette recouverte de poussière.

Soudain, mon système auditif perçoit des bruits de pas prudents, comme si la personne ne souhaitait pas être entendue. Je bande mes muscles, prête à fuir.

Les pas se rapprochent lentement, inexorablement. A présent, je le sais, je le sens, je vais mourir. Ma mère va rester dans la pauvreté, et on me pleurera, moi la fille stupide qui s'était cachée sous un lit, espérant survivre à un meurtrier impitoyable.

Je ferme les yeux quand j'entends la poignée de la porte s'abaisser. Je peux à présent sentir la tension du tueur, son excitation à idée de voir la chair humaine se déchirer, le sang couler. J'espère que cela sera rapide.

La personne fait le tour de la pièce, avant de s'arrêter juste devant le lit. Je vois ses bottes, noires et imposantes. J'entends un grincement, comme si le tueur posait quelque chose sur le lit. Je vois ses genoux se plier, puis sa tête apparaître. Je ne crie pas, ne fais aucun bruit. La peur me fige, cruelle.

Je croise les yeux bleus glaciers de mon meurtrier. Ils me transpercent, voient au plus profond de mon âme.

Sa bouche s'étire en long sourire, et je peux regarder avec horreur ses dents parfaitement blanches. Elles sont aiguisées, comme la lame d'un couteau. 

C'est avec horreur que je reconnais Jean, mon médecin. C'est à ce moment là que je retrouve l'usage de mon corps, malheureusement trop tard, puisque Jean m'agrippe le bras et me tire sans ménagement hors du lit. Je me ébats, rue, mords, crie, griffe, mais rien n'y fait. Jean a une poigne de fer, malgré sa taille fine.

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