Chapitre 49

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Quand je me réveille, le froid s'est complétement infiltré dans mes vêtements. Je me redresse, la tête me tournant. Mes yeux peinent à s'entrouvrir, comme si mes paupières étaient collées entre elles. 

Je remarque rapidement que je suis trempée. J'essore donc mes habits, puis secoue les bras. Des gouttes d'eau giclent dans la pièce, constellant le sol, fait de parquet. J'enlève rapidement ma veste, tout en marchant jusqu'à une chambre. Là, je fouille dans l'armoire à vêtements, jetant les habits dans mon dos. Quand il ne reste rien, je me retourne, un pantalon de sport à la main:

Les habits gisent, tissus colorés, sur le lit, le sol, le bureau... Aucun meuble n'est épargné. Parmi eux, aucune polaire ou pull chaud, que je recherchais. Alors, je prends les plus chauds, et ceux que j'apprécie. 

A la fin, il ne reste plus beaucoup de vêtements par terre, seulement ceux faits pour de hautes températures. Je sors de la pièce, et pose le tas sur le canapé. Puis, je soulève mon sac de la flaque d'eau qui se répand sur le sol, et le pose sur la table. Je l'ouvre, puis prend la tablette. Celle ci s'allume sans aucun problème. Je suis impressionnée. Je l'ai pourtant immergée, dans de l'eau froide, et plus de dix minutes. Elle doit être utilisée par l'Elite. Ou pas. Peut être même qu'elle a été fabriquée spécialement pour le jeu, véritable bijou de technologie. Les créateurs de cet objet ont du travailler des mois et des mois pour arriver à ce résultat.

Je regarde la liste des candidats: nous sommes encore quatre. Une immense joie me saisit, puis part aussi vite qu'elle est arrivée quand je me remémore qui est parti. Gwendoline. Je revois son sourire, son visage déterminé, j'entends son rire, si clair dans l'obscurité qui m'entoure. 

Mais je m'interdis de pleurer. Je ne peux pas, je ne dois pas. Pour le moment, je vais me doucher, puis mettre des habits chauds et me reposer. Après, j'aviserai.

Ma douche dure peu longtemps. Je ne rêve que d'une chose: me blottir sous une couverture, et m'endormir, reprendre l'énergie qui m'a été volée par l'inondation. Mon corps a lutté contre l'eau, qui m'attirait vers le fond, contre le froid, qui tentait de couper ma circulation sanguine, pour survivre. Car ma vie dépendait de mon niveau de persévérance: et, je le comprends maintenant, si j'avais été moins déterminée, je serais morte. Peut importe comment, mais mon cœur ne battrait plus à l'heure qu'il est, j'aurais cessé de penser, mes nerfs ne m'auraient pas transmis le froid et la douleur. A ces pensée, toute la fatigue me revient d'un coup, comme une claque: je suis éreintée, totalement lessivée. Tout mon être hurle d'épuisement. Je ne suis que vide, et le vide est moi. 

Après avoir enfilé à la va-vite un pull et un jogging, je m'affale dans le canapé, et m'endort immédiatement.

Ce sont le bruit et la lumière de la télévision qui me réveillent. L'appartement est plongé dans le noir, et seule la lune offre un peu de visibilité. Et le grand écran qui me fait face. Je plisse les yeux, et, peu à peu, m'habitue à tant de luminosité. 

Quand je peux enfin distinguer clairement les formes floues que je voyais, je remarque immédiatement que c'est un message de Simon Lotte. Il porte un costume parfaitement repassé, et, derrière lui, des gens regardent ce qui semblent être des hologrammes de bâtiments, en les faisant tourner, puis grandir ou rapetissir. Ils ont l'air concentré, engoncés dans de beaux habits. Une femme se démarque des autres: elle leur crie ce qui ressemble à des ordres, et ils obéissent sans contester. Une vraie fourmilière, ou chacun à son rôle. 

— Ah, réveil de Perle! lance Simon à un grand jeune homme aux longs cheveux bruns. Celui ci acquiesce, et note quelque chose sur une petite tablette. Le directeur des Citygames regarde des petits écrans, situés au dessus de la caméra qui le filme. Sûrement des vidéos qui viennent de nos appartements. Sasha aussi! Ca y est, tout le monde est réveillé? 

Je fais oui de la tête, comme si Simon Lotte était avec moi.

— Bien. Comme vous le savez sans doute, vous n'êtes plus que quatre. Ces jeux touchent donc à leur fin. Je suis déjà nostalgique, cette saison était tellement exaltante! J'ai adoré vous voir vous sortir de situations compliquées! Quelle intelligence vous avez. C'est impressionnant. Pour vous féliciter, j'ai décidé d'arrêter l'inondation: dans quatre heures, l'eau sera complétement évacuée. Au petit matin, donc! Je compte sur vous pour être dix fois plus déterminés qu'avant! Car c'est bien cela qui vous démarquera de vos concurrents: votre détermination. Très importante. Ah, et, je retire aussi tous les autres obstacles qui se sont glissés dans votre aventure. Vos seuls adversaires, ce sont désormais les autres, et pas le froid ou de l'eau remplacée par de l'acide. Pour compliquer un peu les choses, j'ai décidé de resserrer le périmètre: seulement trois cent mètre de long et deux cent mètres de large! Cela permettra des choses... intéressantes, disons. Mais, fait il en regardant sa montre, je me montre trop long. Demain, dès l'ouverture de votre porte, vous trouverez un gps, qui vous mènera dans un appartement du périmètre. Celui ci sera délimité par un filet. Et ça ne sert à rien de chercher à sortir: il est électrique, et ce n'est pas une petite décharge que vous vous prenez quand vous mettez la main dessus, croyez moi. Allez, je vous laisse, un surprise vous attend! 

La télévision s'éteint, me laissant dans le noir complet. Je me demande ce que cette surprise peut être. Un cadeau? On ne me laisse pas le temps de réagir: l'écran se rallume, sur Gwendoline. Je pousse un cri de surprise. Mon amie n'a plus aucune éraflure au visage, et a bonne mine:

— Salut! Tu vas bien? Je l'espère... Moi, je ne suis plus de la partie. Mais toi si! Je suis tellement heureuse pour toi! Pendant l'inondation, quand on s'est perdues de vue, je ne voyais plus devant moi. Je pense que toi aussi... Je suis tombée dans le fleuve, et j'ai à peine eu le temps d'activer ma fusée de détresse. En ce moment, je suis à l'hôtel, dans l'Elite... Oh mon Dieu tu verrais!! C'est trois fois plus luxueux que le chalet! On mange super bien, et j'ai rencontré tous les autres éliminés! Chacun à son avis sur qui va gagner, et on regarde quasiment en permanence l'émission! Bon, maintenant, je dois passer aux choses sérieuses: je sais des choses sur tes concurrents, et j'ai décidé de te les dire.

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