Chapitre 3

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Maya s'est présentée? Impossible. Elle avait la frousse! Mais, d'un autre côté, il n'y a pas 35 Maya de niveau 66...

Je l'appelle. J'ai bien le droit à des réponses, non? Quoi qu'il en soit, je suis bien contente de savoir que je ne vais pas être seule pendant les 5 jours d'explications et de préparations qui nous attendent...

Biiiip. Biiiiip. Biiiiip. 

La sonnerie retentit plusieurs fois avant que Maya ne décroche: 

— Allo? me dit- elle, d'une voix triste

— Tu es prise pour les Citygames? Je croyait que tu voulais pas les faire?

— Attend, je m'isole pour te répondre (un bruit de claquement de porte résonne à l'autre bout de la ligne). Quand je t'ai dit que je voulais pas les faire, c'était parce que je pensais que si je te disais la vérité tu allais tout raconter à mes parents...

— Mais tu as compris que je voulais les faire, finalement! Pourquoi tu ne me l'a pas dit? Je me sens trahie, Maya!

Maya se met à pleurer:

— Je suis vraiment désolée, mais... Tu connais mes parents. Je ne voulais pas qu'ils le sachent... 

Ah oui. J'avais oublié. Les parents de Maya la détestent, car ils auraient préféré avoir un garçon. Ils ont d'ailleurs 6 filles, avec Maya. De niveau 66, ils sont très pauvres. Maya en et la preuve, elle a la peau sur les os.

— Tu veux t'enfuir, pas vrai? Pour toi, les Citygames sont un moyen de t'éloigner d'eux et de te faire aimer si tu gagnes?

— C'est ça, dis Maya en sanglotant. Je n'en peux plus, tu sais. Chaque jour, je me lève et je me dis que j'ai envie de mourir. Mais au fond, je veux essayer, quitte à laisser ma peau aux Citygames... Mais je n'ais aucune chances de gagner, il y a des niveaux 1 et 3! Ils ont plus de chances, car ils sont beaucoup mieux nourris que nous!

— Oh, ma pauvre Maya. Mais sur ce dernier point, tu as tort: les premiers niveaux sont mieux nourris, mais moins alertes que nous. La situation dans cette ville sera plus semblable à la notre qu'à la leur! Personne ne sait si la nourriture sera abondante! Tu l'as vu lors des années précédentes, ce sont souvent les niveaux les plus proches de 175 qui gagnent!

— C'est vrai? Oh, je ne regardait pas les Citygames, je ne sais pas ce qui va se passer!

— Alors déjà tu dois savoir que peu de participants meurent. En 56 Citygames, seules 4 personnes sont mortes suites à de mauvaises blessures mal soignées. Sinon, le reste abandonne! Franchement ça va!

— ... Si tu veux.

— Tu veux dormir chez moi ce soir? Comme ça tu ne revois plus ta famille avant ton départ!

— Oh, oui, j'adorerais! Merci beaucoup, j'arrive tout de suite!

Et je raccroche.

— Maman! Maya dort ici ce soir parce que sa famille a très mal digéré sa participation aux citygames

— Si tu veux, me réponds froidement ma mère.

Je soupire. Il va bien falloir qu'elle se fasse à l'idée que je vais partir, de toute façon. Quand Maya arrive, nous relisons les consignez pour notre départ: 

Si vous avez la chance d'être pris pour les Citygames, voici les indications à suivre pour vous rendre au lieu de l'entraînement: 

Pour les affaires:

- Prenez une valise avec quelques habits et vos effets personnels

- Les téléphones sont interdits

- Prenez un sac vide, il vous servira dans la ville

- Les armes sont STRICTEMENT INTERDITES sous peine de 6 mois de prison

Pour le rendez- vous:

- Comme chaque année, rendez vous à la place du Port 

- Le rendez- vous est à 17:00

- Veuillez apporter vos papiers d'identité, pour un contrôle

Et voilà! Toutes vos autres questions seront à poser à votre Instructeur!

Maya replie la feuille, l'air impressionné:

— Wouah. Ca fait beaucoup à digérer, ça. Par contre je n'ai pas pensé à prendre un sac à dos.

— Je peux t'en prêter un, si tu veux!

— Ce serait bien, merci!

— Allez, on fait notre douche et après on regarde un film?

— Ouais!!!

Nous passons la soirée à regarder des films sur le vieux poste de télévision. Ma mère nous donne même du chocolat, chose très rare à cause du prix. Peut- être qu'elle me pardonne finalement. Nous nous couchons à 22:30, heureuses de cette dernière soirée chez nous avant notre départ. 

La journée du lendemain passe elle aussi trop vite. A 16:30, Maya et moi commençons à nous préparer. Ma mère me prend alors à part:

— Ecoute, ma chérie. Je sais que j'ai été distante, ces derniers jours. Et j'en suis désolée. Je ne me rendais pas compte de la chance que j'ai de t'avoir comme fille. Tu es tellement courageuse, tellement intelligente... Je m'en voudrais si je te laissais partir sans rien te dire. Alors je voulais te dire que je t'aime. Et que je suis fière, tellement fière de toi!

Les larmes me montent aux yeux. Je prends ma mère dans mes bras, et la serre très fort contre moi en pleurant. Ma mère se détache doucement de moi en disant:

— Au revoir, ma puce. Bonne chance.

— Au revoir, maman. Je t'aime. 

Et je pars rejoindre Maya qui ne dit rien, en comprenant l'importance de ce moment pour moi.

Nous nous dirigeons vers la place du Port. Quand nous arrivons, près de la moitié des participants sont déjà là. Je regarde ma montre: 16:50. L'avion ne va pas tarder. Des groupes de cameramans sont déjà sur place pour nous filmer. 

Angoissée, je presse la main de Maya pour me rassurer. Elle me regarde avec gentillesse, puis lève la tête vers un point au ciel. En constatant que tout le monde fait de même, je lève moi aussi la tête et découvre l'Avion, un vieux jet privé des années 2000. Maintenant, les habitants de l'Elite voyagent dans de grosses bulles transparentes.

L'avion finit par se poser, et il rempli presque tout la place du Port. Des agents se mettent aux portes, et les premiers candidats s'avancent. Je prépare ma carte d'identité, et je vois que Maya fait de même. Au moment d'arriver devant les agents, j'angoisse. Et si ma carte n'était plus valable et qu'on me refusait? Ma main qui tient la carte tremble, et l'agent le voit puisque il me sourit en disant: 

— Tu peux y aller! Bon courage, ça va bien se passer tu vas voir!

Je lui réponds en hochant la tête et entre dans l'Avion. Wouah, c'est spacieux: nous avons chacun notre place attribuée avec notre nom. Nos sièges peuvent s'abaisser, et un écran est à notre disposition.

Je trouve enfin ma place, à côté de Déva. Cette dernière est déjà assise, un casque sur les oreilles. 

— Salut! me dit- elle en souriant

— Salut!

— Toi, c'est Perle, n'est- ce pas? 

— Oui! Enchantée de faire ta connaissance! 

— Mais de même! Et elle se met à rire à gorge déployée. Toutes les têtes se tournent immédiatement vers nous.

— Pardon, dit Déva au bord des larmes. et elle se renferme sur elle- même.

" Etrange," me dis- je.

Je pose la tête contre mon siège, et m'endort, essayant de me reposer malgré l'excitation que j'éprouve.

CitygamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant