Chapitre 24

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Je manque de me liquéfier. C'est à peine si je sens mes os, ma chair et mes nerfs fondre sous le choc. En cet instant, je veux juste disparaître à tout jamais, me fondre dans le studio, me transformer en vaisselle cassée.

Mais je dois me battre. Pour ma mère, elle qui m'a appris à persévérer coûte que coûte. 

— Jade, donne moi le premier indice. Allez, Perle, tu peux le faire, marmonnai je pour moi même en frottant mes mains l'une contre l'autre.

Le premier indice est: Cherche du côté où se lève le Soleil, vers le port bleu.

— C'est une blague? Je dois vraiment chercher un port, là? grognai je, exaspérée et fatiguée d'avance. 

Malgré mon manque de motivation, je me mets à errer dans la pièce encombrée, cherchant un port bleu ou un soleil. Je donne des coups de pieds aux assiettes — ce qui ne m'apporte aucune satisfaction, car cela ne fait que rajouter du bazar à ce capharnaüm — et aux vases étalés par terre.

Je fouille même dans le canapé éventré, d'où sortent de vieux billets; on y voit des monuments que je reconnais, accompagnés de la valeur du billet. J'en sors une liasse: quand je les tiens dans ma main, ils écartent cette dernière. Je retiens un sifflement admiratif. Les derniers propriétaires de cet appartement de malheur possédaient une petite fortune. Quand je mets les billets à la lumière du jour, une lueur les transperce, et fait ressortir leur couleur. Je les observe attentivement.

— Ainsi, c'est toi qui a détruit mon monde? Un simple billet?

A la vue de l'argent, un souvenir remonte à la surface:

— Ma fille, je t'ai déjà raconté comment nous nous sommes retrouvés ici, parqués comme des bêtes? 

Le visage rassurant de ma mère est au dessus de moi. Elle semble plus jeune, plus heureuse.

— Non maman. Raconte moi! ordonnai je d'une voix enjouée.

— C'est une longue histoire... Mais je pense que tu es prête! Alors... Il y a un peu moins de 100 ans, quand tes arrières grands parents étaient en vie, une crise a touché l'Europe. Retiens bien ça, on ne te l'apprendra jamais à l'école! Je continue. Cette crise, c'était l'argent qui la causait: il n'y en avait plus assez pour tout le monde, et les gens plutôt pauvres se sont donc révoltés. C'était le glas de l'ancien monde qui sonnait. Le gouvernement — ceux qui dirigeaient — était submergé de plaintes, à tel point qu'ils ont décidé de regrouper tout le monde dans une nouvelle ville toute fraîche. Là, tes arrières grands parents étaient déjà morts.

— C'est qui mes arrières grands parents? C'était quoi leur métier?

— Ton arrière grand père était acteur (il jouait dans des films), et ton arrière grand mère astronaute(elle allait dans l'espace). A ce moment, ils reposaient donc en paix six pieds sous terre. Ta grand mère, par contre, était bien en vie. Elle avait vingt ans quand elle a du rentrer dans cette ville pour ne plus en ressortir. Au début, tout allait bien, les gens étaient heureux, l'argent avait été banni de la société humaine. Mais, un jour, un méchant homme a pris le pouvoir. Il a remis l'argent en place, et crée des castes: Elite, Quartiers et Bas Fonds. Malgré sa position sociale élevée grâce à ses parents, ta grand mère a du aller dans les Bas Fonds. Puis, personne n'a rien dit, car les gens n'osaient plus se révolter. Je suis née ici, le méchant est mort, puis son fils a pris sa place, plus gentil. Ainsi va la vie. Au final, cette situation convient à tout le monde: on laisse les pauvres tranquilles, et les riches vivent bien. C'est l'étrangeté de l'être Humain. Un projet qui visait à rassembler les gens pour mieux les unir s'est transformé en une véritable prison, ce qui convient à tout le monde. C'est bizarre, je te le conçois. Mais quand on n'a rien connu d'autre...

— Et pourquoi on ne pourrait pas sortir? 

— Ce serait trop compliqué, tout est à refaire, tu comprends? Et puis, le Gouverneur veut améliorer les conditions de vie des pauvres. Il a déjà fait beaucoup de choses pour nous! Il veut remettre en place l'ancien système: le troc, et laisser les gens vivre comme ils veulent. On n'a plus de contacts avec les autres pays, tu sais? 

— Est ce que je pourrai sortir d'ici un jour?

— Je ne le pense pas, ma puce. Notre situation pourrait être pire, tu le sais ça?

Ma mère m'a prise dans mes bras, puis je me suis endormie, bercée par sa voix.

J'avais complètement oublié ce souvenir. Ainsi, ma grand mère a vu l'Extérieur? J'aurais aimé la questionner, en savoir plus sur mes arrières grands parents, qui sont si mystérieux. Je ne sais pas pourquoi, mais j'aimerai leur parler, eux qui ont vécu toute leur vie à l'Extérieur. Ma mère m'a dit qu'ils étaient connus, que les gens les adoraient. Je suis fière de descendre d'eux. Je me demande à quoi ressemblait la vie, avant. Je ne désespère  pas de voir ces grandes étendues d'herbes, de foret, de verdure en somme. Je veux voyager. A présent, c'est une certitude. L'Extérieur m'appelle, m'attire. 

Mademoiselle, avez vous besoin d'aide? Vous ne faites rien depuis un petit moment!

— Merci, Jade, mais ça va aller! Je vais sortir, de cet appartement maudit, gagner ces jeux et voyager.

A présent, je n'ai qu'un seule objectif: partir de la ville où j'ai grandi, pour voir le monde. 

Je me remets donc à chercher avec ardeur, retournant les chaises cassées, les bibelots, les coussins éventrés. 

En arrivant près du coin cuisine — qui est encore plus sale que le reste du studio —, j'aperçois une carte postale où figure un bateau. Dans un regain d'espoir, je me jette vers cette dernière, et l'agrippe comme si ma vie en dépendait.

Dessus, j'y vois un bateau, avec, en arrière plan, un port bleu. Fiévreuse, je retourne la carte. Plusieurs mots y sont griffonnés avec hâte, comme si l'auteur voulait se dépêcher.

Pour toi, ma fille, avec tout mon amour. Je t'aime. Cherche la montre du lapin que tu aimais tant. Je sais que tu peux le faire.

Les larmes aux yeux, je mets la carte dans mon sac à dos, que je dépose ensuite sur un coin un peu moins sale que le reste. Je reconnais l'écriture penchée de ma mère. Ainsi, ils font participer la famille?

Je fouille dans ma mémoire. L'objectif? Trouver un quelconque lapin qui possède une montre. Absurde. Je reste plusieurs instants sans rien faire, à juste réfléchir.

Enfin, la réponse m'apparaît, claire, évidente. Une conte! C'est seulement dans un conte qu'on voit des lapins avec des montres! Le problème, c'est que ma mère m'en a raconté tellement... comment savoir si je touche au but?  

Sans trop savoir ce que je cherche — une montre, bien entendu, mais laquelle?— je sors des dizaines et des dizaines de montres du tas de détritus de l'appartement. Quand je suis sûre de toutes les avoir, je les place côte à côte et les regarde. Aucune ne réveille un souvenir particulier, à mon grand désarroi. 

Dans quel conte une montre est elle présente? Ou chercher?

Soudain, un éclair me frappe. Alice au pays des merveilles. Un lapin possède une montre dedans. Mais la quelle?

Je tente de me souvenir des détails que ma mère me donnait quand elle me racontait cette histoire. 

Je sais! C'est une montre à gousset. Je déniche cette dernière, et presse un bouton présent sur le côté.

Coucou!! Je tiens à m'excuser, ce chapitre est sorti en retard😭😭

J'espère qu'il vous a plus quand même!! (perso j'ai l'impression d'avoir fait vraiment n'importe quoi sur ce coup😭)

Je voulais aussi vous remercier sur le nombre de vues!! Si on m'avait dit que mon premier livre atteindrait et dépasserai les 500 vues, j'aurai ri au visage de la personne! Mais on y est, et ça c'est grâce à vous, donc merci beaucoup, vous imaginez pas à quel point ça me fait plaisir d'avoir des lecteurs aussi investis!!

PS: Hésitez pas à mettre des commentaires ça me fait marrer à chaque fois XD

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