Chapitre 11

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Je souris, hors d'haleine. Jamais Anna ne me cherchera là, ou en tout cas elle va mettre beaucoup de temps à repasser tous les appartements au peigne fin pour me trouver. 

Au bout de cinq minutes, je commence à m'ennuyer. Je lève la tête pour faire craquer mon cou, et j'aperçois une trappe. Ni une ni deux, je prends une chaise, monte dessus et enlève la trappe. L'appartement étant bas de plafond, je peux voir à travers la trappe sans devoir sauter. 

J'éternue. L'endroit est poussiéreux, et je fouille du regard la pièce le temps que mes yeux s'habituent à l'obscurité. Quand ces derniers sont enfin acclimatés, je remarque un grenier très bas, si bas que je ne pourrais pas m'assoir. Il semble couvrir tout l'appartement. Sans réfléchir aux tonnes d'araignées qui doivent se trouver ici, je me hisse difficilement dans le grenier. Arrivée en haut, je me penche pour pousser la chaise le plus près possible du bureau. Je referme ensuite la trappe, et rampe le plus loin possible de cette dernière. J'aperçois une lumière, plus loin. Je me dirige vers cette lumière, et remarque que c'est en fait un fenêtre qui donne sur la rue et le parc. Je décide de rester là pour guetter l'arrivée d'Anna, puis, dès qu'elle arrivera, je m'installerais dans un recoin sombre où elle ne me verra pas. Au out de quelques instants, je pose ma tête sur mes bras et me met à somnoler.

Je me réveille d'un coup, tous les sens en alerte. J'entends les pas d'Anna dans la rue. Je me penche vers le trou dans le mur le plus discrètement possible, et vois Anna qui semble se diriger vers le parc.

— Je sais que tu te caches, Perle. Tu es maligne, c'est bien. Je parie que tu as changé de cachette. C'est une très bonne compétence, qu'il faudra que tu utilises pour les Citygames. Ca fait exactement... Elle regarde sa montre, puis reprend:

— 1h10 que tu es cachée!. 

1h10! J'ai du dormir beaucoup plus longtemps que je ne le pensais. 

— J'ai repassé tous les appartements au peigne fin. Je sais qu'il y a des greniers dans ces appartements, et que tu te caches sûrement dans l'un d'eux. Peut être que tu me regardes en ce moment même, cachée derrière une interstice. Et ça ne sert à rien de changer de cachette, puisque je t'entendrais. Savais- tu que les appartements Haussmanniens de cette salle ont été conçus pour que chaque pas contre le parquet ou que chaque chose que tu touches fasse beaucoup plus de bruit que normalement? Et oui, ma chère. Je t'ai entendue quitter ton appartement comme une furie, comme tu m'entends sans doute marcher sur ces pavés, même de très loin? 

Mince. J'ai donc vraiment quitté mon appartement comme une bourrine? Non. Anna bluffe. Elle n'entend pas où je suis, sinon, je l'aurais entendue marcher dans l'autre appartement. Convaincue que ma théorie est la bonne, je change de place et rampe jusqu'à un recoin où je ne vois pas du tout la lumière du jour. Je me recroqueville en position fœtale, et attend.

Le silence est assourdissant. A chaque bruit que j'entend, je sursaute, dans l'angoisse de voir la trappe s'ouvrir ou d'entendre la voix d'Anna. Car je suis convaincue qu'elle parle toujours. Je sais maintenant avec certitude qu'Anna bluffait, car je n'ai pas pris la peine de me déplacer délicatement. Anna m'aurait donc entendue, et je me serais déjà fait prendre. 

Soudain, je me fige. Mes oreilles perçoivent des bruit de pas sourd, comme si quelqu'un mettait volontairement toute sa force à monter des escaliers. 

Les bruits de pas disparaissent. Anna doit sûrement être derrière la trappe ou dans une pièce. Je suis aux aguets. Même ma respiration me donne l'impression de parler à voix haute. Soudain, j'entrevois de la lumière, et quelqu'un obstruer cette lumière. Cette fois, les bruits de pas sont bien réels. Je ne bouge plus, consciente qu'Anna est là. Même si ce n'est qu'un exercice, l'angoisse est elle bien réelle, et je dois empêcher mon instinct de survie de prendre le dessus. 

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