La Belle et le Démon

i. Libre comme un oiseau

Dix-sept années plus tard...

Italie, San Gimignano
Église de Santa Maria Assunta
Heure locale : 11h33

- Que toute personne qui s'oppose à cette union se manifeste ou se taise à jamais, rompt le prêtre la quiétude qui plane au sein de l'immense cathédrale.

L'assemblée se lance des regards furtifs, espérant probablement que nul ne se manifeste pour que la cérémonie qui dure depuis plus d'une heure prenne fin.
- Si personne n'est contre ce mariage alors... En vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare mari et femme.

Sans même attendre la permission du père célébrant, les nouveaux mariés se confondent dans un baiser passionné. Les ovations de leurs amis, de leurs familles emplissent l'église entière avant que des cloches ne se mettent à retentir. Sous les félicitations et cris de joie, le couple phare sort de l'Eglise, heureux de vivre leurs premiers instants de la vie maritale.
- Félicitations frérot!
- Vive les mariés!
- Wouh!!

L'extase des hôtes est palpable. Celle des mariés encore plus. Alors que les deux tourtereaux se dirigent vers l'automobile brune qui les attend au bout du parvis rocailleux, ils sont interceptés par deux couples.
- Nous sommes si fiers de vous! Surtout toi mon chéri, commence la femme la plus âgée, aux cheveux noirs et gris.

Elle pince la joue de son fils, Fabrizio.
Renato, son père pose sa main sur son épaule et le félicite vigoureusement.
- Tu l'as fait, champion!
- Merci papa! s'exclame le jeune marié.
- Ma puce, prend Dina sa fille dans les bras.
- Mamma! souffle la jeune femme aux cheveux blonds vénitiens contre la peau de sa mère.
- J'aurais jamais cru dire ça un jour mais ma petite fille a bien grandi, confesse Mr Castelli en enlaçant la jeune mariée.
- Je vous promets de rendre votre fille heureuse, monsieur Castelli. Parole d'un Falcone, jure Fabrizio.
- J'espère mon garçon, lui tapote le dos son beau-père. Sinon, t'auras affaire à moi.

Ils s'envolent tous en éclats de rires pendant que Francesca, la mère du jeune marié ravive la discussion.
- Tu es à tomber par terre, Flora. J'espère que tu rendras mon fils heureux autant qu'il prévoit te rendre.

Flora lui sourit et acquiesce doucement.
- Comptez sur moi, Mme Falcone.

Deux filles, toutes rousses viennent rejoindre la bribe de personnes. Elles partagent une étreinte chaleureuse avec leur sœur.
- T'as carrément assuré, Flora. Toi aussi, Fab'.
- Ouais grave. J'espère que vous finirez pas comme papa et maman au bout de six mois de mariage. Presqu'aussi grincheux que le couple D'amico.

Les trois sœurs s'esclaffent. Jugeant la remarque de sa troisième née, Minerva déplacée, Dina la pince.
- Aïe m'man! grommelle l'adolescente.
- J'aimerais pas être à ta place, se moque la benjamine, Cérès.
- Si vous continuez sur cette voie mes chéries, vous serez privées de sortie durant tout l'été, menace Dina.
- Quoi? affiche une mine scandalisée Minerva.
- Allons maman, t'exagères, défend Flora.
- On se calme les filles, s'impose Mr Castelli.
- Je suis complètement d'accord avec mon beau-papa, ajoute Fabrizio.
- Arrête avec tes manières Fab'. On sait tous qu'au début tu l'appelais le gros lard parce qu'il voulait jamais que tu ramènes notre sœur après dix-huit heures. Et c'est vachement plus cool que cette appellation juridique à deux balles que tu lui coltines. Y en a marre de l'hypocrisie, lève les yeux au ciel Minerva.
- Quoi? diffuse Georgio, interloqué.
- Oh mon Dieu, feint Mme Falcone un évanouissement.