xlvi. Vision-Suicide

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Heure locale : 00h27

Neres

Porte d'entrée verrouillée.
Avalanche de fantasmes scabreux.
Chibre coriace et dommageable.
Libido forcenée.

Cette passionnante succession me met littéralement l'eau à la bouche. Encore que personne n'oserait s'interposer dans la réalisation de mes souhaits. Je doute fort qu'elle ait cette capacité. Enfin, je ne jugerai jamais un livre à sa couverture. Raison pour laquelle ma marge de relativité reste aux aguets.

J'appuie l'interrupteur et une étoffe de lumière s'étouffe puis se propage dans le vestibule. Je ne crie guère gare avant de retenir le bras de ma Venus qui a tout fait pour échapper à mon regard toute la journée. Ce qui d'ailleurs m'a bonnement l'air justifiable. Je l'ai gavée de menaces la veille. Pour ainsi dire, je ne mérite que sa crainte.

- Dis-moi...bon sang pourquoi tu...

Ces paroles fuitent entre mes dents, coulant sur des notes furieuses et sourdes. Par la même occasion, ma respiration s'irrégularise, ne m'attribuant point d'autre choix que de remplir le logement de son bruit infernal. Mon aplomb dut en fléchir davantage lorsque ses pupilles se rétractent au baiser des miennes. J'entends son cœur castagner à des kilomètres. Elle ne doit pas me contrarier. Elle n'a pas ce droit.
- T...tu...me fais mal, murmure-t-elle.
- ET TOI? QUE CROIS-TU ME FAIRE MA VENUS?

Je souffle très fort dans le creux de son oreille, mon nez côtoyant lentement son hélix. Ma prise se desserre au niveau de son bras. Je déplace lourdement mes doigts le long de sa peau jusqu'à atteindre son poignet. Toujours en confrontation, je dirige sa main vers mon entrejambe. La réticence dans son regard et sa déviation vers le bas de mon corps me procurent une sensation d'électrisation. Je pose sa paume sur mon pantalon bossu et un cliché heurte ma sensibilité— elle, chevauchant ma bite; moi, jouissant pleinement de son cul d'enfer qui remue au dessus de mon pubis.
- Tu me fais ça, ma Belle, j'hargne, coupé de tout geste.

Brusquement, je sens son toucher s'estomper et son corps reculer. Mortifiée, elle tente de s'évader, de se soustraire à ma présence, à mon influence. Mais c'est impossible, ma petite agnelle. Je me suis engagé à parsemer ton esprit de tourments. Et Di Salvo tient toujours ses promesses.

Je la rattrape par le cou, la plaquant raide contre le mur qui n'a pas cessé d'être un témoin muet de la scène. Sa chaleur est si douce. Son odeur si agréable. Et sa bouche, sûrement bonne à accomplir de grands exploits. Tandis que ses dents grincent à m'en donner presque l'envie de les faire taire, je plonge dans ses prunelles apeurées. Elle est parfaite, ma Venus.

- Je te respecte. ( Pause ) J'ai un putain de respect pour toi, ma Venus. Et je l'affirme en toute connaissance de cause car s'il avait été question d'une autre qui n'était pas toi, je ne te dis pas que j'aurais autant parlé. Je ne suis pas doué dans les discours, ma Venus. Sache que ma galanterie ne tient qu'à un fil, aussi fin qu'il soit. Ne m'oblige pas à devenir un transgresseur. Parce que je n'hésiterai pas à renoncer à mes principes... J'espère que tu l'as compris?

Elle est sans mot, sans geste, sans souffle.
- Je me suis fait comprendre ? je répète cette fois-ci, non sans un sous-ton de menace mais usant également d'une voix pondérée.

Sa tête vacille dans un hochement approbateur.
- Monte dans ta chambre!

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La Belle et le DémonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant