Florence, Caroline du Sud
Heure locale : 20h33Venus
Il pleut des cordes. Et rien d'autre à faire que m'ennuyer. Encore et encore.
Je me fais chier à regarder une émission que je ne comprends même pas, que ce soit la langue dans laquelle elle est diffusée ou son principe. Je soupire une énième fois, plongeant mes doigts dans le sachet de chips. Je réalise qu'il est vide. Je me lève mollement pour aller en chercher un autre dans le placard de la cuisine.
Lorsque je défile devant le miroir au fond du couloir, je m'arrête momentanément pour admirer le véritable bordel que je suis. Un t-shirt noir à l'effigie de Lewis Calpadi que m'as offerte Shelagh le jour de notre départ d'Ecosse et un chignon tout à fait hirsute. Toute la journée en résumé, je me suis plue à ressembler à un sac poubelle. Et je ne voudrais vraiment pas que Geagte me voit dans cet état en rentrant. Alors, c'est simple. Je me goinfre d'un paquet de chips, je l'appelle, ensuite je vais me changer.
Au dessus de la glace, la décoration en forme de tête d'élan ne cesse de me dévisager. J'en arrive à conclure que le pauvre animal mort est amoureux de moi. Les élans sont-ils censés aimer les humains? Ont-ils des goûts crasseux? Parce que tout ce que j'incarne à l'instant même, c'est le mot « dégoût ». J'hausse les épaules, seule face à la petite voix dans mon crâne. J'imagine que c'est cette hache, accrochée sur le lambris latéral qui a servit à le dépecer. Peu importe.
Lorsque j'entre dans la cuisine, les reflets des branches d'arbres peignent des fantômes partout. Et si cette maison était hantée? Une idée nauséeuse que je chasse d'une secousse de tête. J'appuie sur l'interrupteur et un luminaire peine à éclairer l'îlot central. Autant dire qu'il faudra donner un coup de réaménagement aux circuits de cette maison.
Un petit pas après l'autre, j'atteins l'évier. Je me mets sur la pointe des pieds pour ouvrir le placard. Et hop! Je saisis un paquet. Je l'éclate en m'adossant au plan de travail. Franchement. Aucune idée de ce qu'ils mettent dans ces chips mais je les adore. C'est vrai quoi. J'en mange tout le temps. Et c'est mille fois mieux que d'être addict à des cigarettes, vous ne trouvez pas?
Une ombre passe rapidement sous mes yeux. Je mâche plus lentement ma collation, tentant de comprendre si je suis schizophrène ou si c'est réel. Une bulle de palpitations explose dans mon ventre quand j'entends une branche craquer. Mes sens s'activent à tour de rôle. Je pose délicatement mon snack sur le plan de travail, ne lâchant pour rien au monde la fenêtre des yeux. Mes membres sont tétanisés quand l'ombre processionne à nouveau devant moi. Elle est géante. Stagnée de l'autre côté de la fenêtre, elle y colle sa figure. L'ombre a des yeux. Des cheveux blonds. Une vilaine barbe. Un sourire affreux.
Un hurlement strident se déploie de ma gorge alors que l'individu brise d'un coup de tête la vitre. Mon cœur court avec mes jambes arracher un couteau au porte-ustensiles. Je me précipite vers le salon où la télévision est bruyante. Mon téléphone ? Où est-il bon sang?
- Merde! je m'injure, me rappelant qu'il est à l'étage.
Je me tourne, le regard rivé sur le cadrage de la cuisine. L'adrénaline déferle furieusement dans mon corps. Je ne peux pas m'empêcher de trembler. Une seconde. Une seconde de répit pour mon cerveau en alerte. J'examine autour de moi. Je ne me rappelle plus de ce que je devais faire.
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La Belle et le Démon
RomantikLa fortune n'existe pas. Seules l'évidence et la logique sont réelles. Si deux droites se croisent, l'unique explication s'avère que tout était prémédité. Et si deux...