lxiii. Vitrine

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Chicago, USA
Heure locale : 21h22

Venus

Une faible chaleur se déplace le long de mes orteils. Je sens...des mains. Ses mains. Elles sont uniques. Toutefois, je ne veux pas ouvrir les yeux. Ça pourrait être un rêve et je n'ai aucunement envie d'en louper la fin.
Mes poils divulguent à travers tout mon corps une décharge électrique quand ses lèvres surplombent mes jambes. Ses mains glissent doucement sur ma peau, remontant ma robe de lin, blanche et légère. Ses baisers abandonnent derrière eux une traînée de braise qui me brûle et fait grimper ma température.

Je sens au niveau de mon pubis, non ma côte...Il l'embrasse chaudement. Son doigt s'immisce sous l'élastique de mon tangas et l'étire sporadiquement, noyant mon cerveau ainsi que ma libido dans une volupté sans pareille. C'est comme si des milliards de fourmis circulent dans mes veines puis s'agglutinent majoritairement dans le bas de mon ventre. J'ai la trace de sa langue au dessus de mon vagin. Elle s'accompagne d'étreintes avides qui ascendent à petits pas en froissant par la même occasion mon vêtement. Mon corps juge bon de se tordre en toute finesse. Je savoure le goût de son toucher, de la moindre de ses caresses qui se muent en baisers dévorants et tout feu tout flamme. Sa bouche a le don de couvrir ma poitrine de son odeur, de son appétit non moins vorace que celui d'un lion.

Je ronge ma lèvre inférieure lorsque ses cheveux effleurent ma peau. Son nez rase le bout de mon téton, probablement durci par le froid ambiant. Sa respiration lourde encourage mes désirs à s'éveiller. J'ai besoin de lui.

Un baiser fou se colle à mon cou. Il aspire ma jugulaire tendrement, péniblement, langoureusement.
Je soupire d'aise dans mon demi-sommeil. La voix de Chanda me vient soudainement à l'esprit.

« Lâche-toi, bébé! »
« La vie est trop courte. Profite. Si ton corps veut quelque chose, tu le lui donnes si t'en a les moyens. »
« Faire du sexe, c'est juste accepter d'être un animal pendant quelques temps. Sois sa chienne. Et tu verras qu'il te mangera dans la main. »
« Est-ce que tu l'aimes? »

Est-ce que je l'aime? Drôle de question. Qu'est-ce aimer? Qu'est-ce l'aimer? Si je ne comprends pas encore le sens d'aimer, ce ne sera certainement pas l'aimer qui me sera plus facile.

Il m'aime.
Je sais. Mais, est-ce que je l'aime de la même manière qu'il me voue sa passion tourmentée? Je n'en ai pas la moindre idée. Depuis l'escapade à Kiruna, nous n'avons jamais vraiment pris le temps d'établir une réelle conversation. Le moins de mots que nous plaçons, le plus nous finissons nus. Nous entretenons une relation à vrai dire, bizarre. Je ne sais pas si c'est comme cela que marche l'amour, si le sien s'exprime par le contact physique et le mien par le silence. Mais, je suis persuadée qu'il y a plus que ça. Plus que la tension qui nous suffoque toutes les secondes passées ensemble. En fin de compte, un mode d'emploi émotionnel me serait d'une grande aide.

Ses lèvres s'écrasent hargneusement contre les miennes. Je réponds à son baiser alors que mes doigts s'enlisent sur sa nuque. Nos langues valsent sous la pluie de nos salives qui s'échangent.
- Va t'habiller, ma Venus. Nous sortons, peine-t-il à marmonner pendant que ses dents égratignent ma joue puis sa langue la lèche.

J'ouvre délicatement mes yeux, parvenant approximativement à distinguer le visage de Geagte. Je m'étais assoupie sur le canapé en attendant son retour. Et vu qu'il est là, autant en profiter pour lui arracher un millier de baisers, quitte à ce que chacun d'eux me confirme ce que j'éprouve réellement.

La Belle et le DémonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant