15 décembre
Chicago, Illinois, USA
Heure locale : 13h10Neres
Cinquième commandement
" Tous ceux qui méprisent/médisent (de) la famille Di Salvo seront disséqués.Rien que cette catégorie comporte beaucoup trop de rats. Il me serait d'une grande perte de temps de m'occuper personnellement d'eux. Raison pour laquelle je les confierai à une personne de confiance.
Quand je descends de ma voiture, je longe l'allée recouverte d'une fine couche de neige. Des traces de pneus prouvent qu'elle est soit là soit sortie. Mais, je suis optimiste. Mon petit doigt me dit qu'elle est à l'intérieur, probablement entrain de s'amuser avec ses joujoux. Une brise mordante me paralyse le cou. J'émets un juron en grimpant sur le porche de la maison de briques brunes. Le bois grince sous mes bottes. J'appuie la sonnerie et m'occupe à m'allumer une clope en attendant qu'elle vienne m'ouvrir— si tel est qu'elle est là. En moins de quelques secondes, la porte s'éventre. Une asiatique apparaît dans l'embrasure. Mae.
- Oh fais chier! C'est toi, dit-elle, toute sauf heureuse de me voir.
- Tout le déplaisir est pour moi, Chen!
- Allez, entre! me cède-t-elle le passage.Je franchis le pas de la porte, me propulsant dans tout un univers hors du commun.
- Sache que j'ai du boulot. Alors, je ne suis quasiment pas certaine de te proposer une tasse de café ou une connerie dans l'genre, m'annonce-t-elle en enfilant des gants en latex.Un chat, noir et maigrichon vient se frotter à moi. Je me retiens de le dégager d'un coup de pied. Comme je déteste les animaux!
- Oww! Neres t'aime bien visiblement, reprend-t-elle.
- Pourquoi j'ai l'impression d'avoir entendu mon putain d'prénom?
- Beaucoup de gens s'appellent Neres. Beaucoup d'animaux également, me nargue-t-elle d'un sourire malicieux, en revêtant une blouse blanche.
- Il n'en a qu'un seul et c'est moi, je déguerpis son chat tel un ballon de foot.L'animal se cogne au mur donnant accès au couloir et miaule à en perdre ses poils. Raté.
- Je te rappelle qu'il a neuf vies.
- Plus pour longtemps, je rétorque.
- Suis-moi!Mon regard méfiant et coléreux s'abat sur Chen. Elle me guide jusqu'à son antre qui j'imagine est son nouveau laboratoire (Nuance : aire de jeux.)
Trois cadavres, une vieille femme, une jeune fille et un homme d'à peine trente ans sont allongés, nus sur des brancards. Ils sont pâles et dénués de vie. Aussi glauque que l'endroit puisse paraître, il n'y a pas mieux pour mettre la Chinoise dans son élément. C'est une putain de psychopathe.
- Qu'est-ce que tu remarques ? m'interroge-t-elle en croisant les bras, m'adressent une brève œillade puis se focalisant sur la bribe de dépouilles.J'analyse rapidement, faisant preuve d'une sagacité incommensurable. Il m'a fallu une toute petite seconde pour remarquer les entailles sur leurs nombrils ainsi que les ecchymoses parsemant leurs membres. Il s'agit là de la signature d'un pur et véritable sadique.
- Des piercings aux nombrils, j'énonce machinalement.
- Sois plus sérieux.
- Une personne qui tue pour son plaisir.
- On peut dire ça, s'avance-t-elle vers un meuble comportant divers équipements. (S'empare d'une pince en bois au bout de laquelle est suspendu un tube à essai contenant un liquide blanc. Elle le rapproche d'un Bec Bunsen.) Un individu s'amuse à semer la panique dans tout l'arrondissement depuis quelques semaines. D'abord, ce sont des enlèvements soudains. Ensuite, il passe au niveau supérieur. Si toutes ses victimes ont été marquées de la sorte sur leur nombril, il n'y a que deux explications possibles. Soit, il appartient à un secte soit il apprend à dessiner.
- La seconde option semble plus logique, je lâche, tirant une latte de ma cigarette.
- Mais notre serial killer semble moins futé que prévu. Un bistouri a été retrouvé sur sa dernière scène de crime.
- Plutôt étonnant.Une odeur intoxique l'atmosphère froide et désormais, irrespirable.
- Les risques du métier Di Salvo! (Retire le tube à essai du feu) Dis au fait, qu'est-ce que tu fiches chez moi?
- Je suis venu rendre visite à une vieille amie, je mens, sachant pertinemment qu'elle ne croira aucun de mes propos.
- Ouais c'est ça! Et moi je pose ma candidature aux prochaines élections présidentielles.Mae se balance à l'autre bureau, diamétralement opposé à celui où elle se tenait moins d'une minute plus tôt.
Elle pendille la lame au dessus de l'échantillon en vapeur.
- J'aurais peut-être une dizaine de produits à t'envoyer. Vu que tu aimes découper des corps et jouer aux détectives.
- T'oublies que c'est mon métier. Et ils viennent quand? Morts ou vivants?
- En vie. Ne t'en fais pas. Je te ferai parvenir du renfort.
- Je peux les tuer?
- C'est déjà le but, Chen. Je veux que tu les dissèques, un à un. Je veux qu'ils souffrent atrocement jusqu'à crever.
- J'aime quand tu utilises les bons termes.
- J'aime te faire plaisir, poupée.
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La Belle et le Démon
RomansaLa fortune n'existe pas. Seules l'évidence et la logique sont réelles. Si deux droites se croisent, l'unique explication s'avère que tout était prémédité. Et si deux...