lxiv. Une dose de coke-cul

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Neres

Tease me, baby.
Shelagh et Pilar m'avaient fait chier avec ce son tellement de fois que je ne me rends compte que maintenant de son vrai sens.
Les yeux rouges tel un élanion, je la fixe à l'œuvre, juste là, en face de moi.
L'extrémité saillante de sa cuissarde s'immisce doucement entre mes jambes tandis que son dos rase le cloison en vitre. Mon souffle s'alourdit au moment où elle ouvre ses cuisses. J'ai une vue plaisante sur ma chose. Seule une fine dentelle recouvre sa chatte. Je m'efforce de ne pas penser à moi sautant sur elle et la ruinant. Seulement, je n'y parviens pas. C'est plus fort que moi.

Autour de nous, la débauche a commencé. Elle a pris vie sous diverses couleurs et par différents orifices. Ici, j'observe toujours, attendant de voir ce qui se passera. Je sens son hésitation. Ma Venus détourne son regard du mien un instant et passe au crible les alentours. Même l'artiste se tape une putain. À côté, juste à la gauche de notre vitrine, une jeune femme nous lance des appels de phare. Une ampoule s'allume soudain dans ma tête.
- Va la ramener, ma Venus !

Elle me détaille un instant et se plie à mon commandement. Plus on est fous plus on rit. Ne la quittant pas des yeux jusqu'à ce qu'elle exfiltre notre future troisième plan de sa prison de verre, j'ai le sentiment qu'un retournement de situation est inévitable. Le compartiment se ferme. Un parfum autre que celui de ma Venus emplit la vitrine. La jeune femme lui chuchote des paroles inaudibles à l'oreille. Celle-ci hoche la tête.

Ça chlingue la saloperie.

- Maya! m'annonce la châtaine avant de se ruer sur ma Venus.

Elle l'embrasse sur la bouche. Je répète ELLE EMBRASSE MA PUTAIN DE VENUS SUR LA BOUCHE. De quel droit...

Mon sang bout dans mes veines quand ses mains se baladent sur son corps. Elle lui caresse doucement la cuisse avant d'introduire sa main sous sa robe courte que je me suis donné un fou plaisir à choisir, m'imaginant certainement la lui arracher d'un moment à l'autre.

Garde ton sang froid, Neres!

Elle malmène son cou, la pressant encore et encore contre la vitre. Le gémissement de ma Venus embrouille mes pensées. Je suis le seul à jouer avec ses cordes vocales.
Les mouvements de ladite Maya sont lents et calculés. Elle lèche les clavicules de la rousse et dépose des baisers lourds de provocation sur ses seins. Sa tête pivote dans ma direction. Elle arbore un sourire mesquin en me dévisageant. Foutue abeille!

Je suis convaincu d'être dans un cauchemar.
Brusquement, la châtaine s'arrête. Elle dévore du regard ma Venus puis lui lèche l'hélix. Sans placer aucun mot, elle quitte la cabine. Quant à ma Venus, d'un pas feutré, elle revient à moi, une jambe d'un côté, la deuxième de l'autre. Elle initie un baiser suave. Mon envie de la sauter s'estompe tout à coup. Désormais, je ne veux que la sentir sur ma langue, là où nos âmes se rencontrent. L'harmonie de nos souffles, la chorégraphie synchronique de nos cœurs ainsi que la calligraphie de nos corps me paraissent soudain comme de l'art. Un art où chaque baiser est une poésie muette, celle de deux amants.

~~~

Quelques jours plus tard...
Queens, New-York, USA
Heure locale : 16h37

Neres

- So, were really those motherfuckers. ( Alors, comme ça c'étaient vraiment ces vermines. )

Je reste silencieux en retournant le verre de liqueur sur le bureau de El Torro. Il frotte pragmatiquement sa barbe d'un gris nuancé avant de faire signe à l'un de ses sbires.
- ¡Envíame mi dosis! ( Faites-moi parvenir ma dose! )

Lorsque sa sous-merde dispose, il poursuit :
- You, Di Salvo men, y'all keeping loyalty through years. You are honest in business and I know it. I really appreciate that. ( Vous, les hommes Di Salvo, vous restez loyal malgré le temps qui passe. Vous êtes honnêtes en affaires et je le sais. J'apprécie véritablement cela. )

Une jeune Latina déboule subitement. Elle est à moitié nue. Un petit plateau flotte entre ses mains. Un des hommes de main du taureau ne tarde pas à venir s'en emparer. La bimbo s'allonge à plat ventre sur le bureau alors que mon hôte renverse une ration de poudre blanche sur son cul. Il y fouine son nez et aspire les particules de drogue jusqu'à la toute dernière. Sa tête se penche inexorablement vers l'arrière et il sniffe sa came tel un junky en trans.
Il attribue une fessée à la brunette, lui augurant de se retirer. Ce qu'elle fait. Tout redevient comme avant. Enfin, presque.
- Sorry, lad! Was definitely cravin for some ass coke. ( Désolé, vieux! J'avais terriblement envie d'une coke-cul. )
- Shoulda be something hot I'm gonna test one of these days, je rétorque, plus ou moins ironiquement. ( Ça doit être assez bandant pour que je le teste un de ces quatre. )
- You should, rit-il. I heard of some shit like you dealin lives. Mercato, ain't this? ( Tu devrais. J'ai entendu des rumeurs selon lesquelles tu dealerait des vies. Mercato, c'est bien ça? )

Il agrafe un cigare dans un tiroir de la table. Je l'observe le tailler puis l'allumer. L'odeur du cannabis imprègne aussitôt mes narines.
- Sure. ( Bien sûr. )
- I'm pretty sure you enjoying it as if it was a scrabble game. ( Je suis persuadé que tu en profites comme si c'était un jeu de scrabble. )

Il tire une latte de son cigare, me reluquant, un sourire aux lèvres.
- Perhaps. All I know is that stuff sucks as hell, j'explique brièvement. ( Peut-être. Tout ce dont je suis convaincu est que cette affaire craint.)
- No way! No play shy guy with me. I know what u worth. And u worth than worse, young Di Salvo. I heard of you. You are a monster. ( Certainement pas! Ne joue pas au mec timide avec moi. J'ai conscience de ce que tu vaux. Tu es un monstre. )
- A monster? je ricane. ( Un monstre? ) I'm way flattered. ( Je suis flatté. )
- My advise... Paid attention to every single detail. Enemies are everywhere. And the most closer to you they are, the most awful it hurts. I mean, it won't really hurt. But it does this little thing. U got the bitter taste of betrayal in your throat and it hunt you your whole life along. Never trust anyone if u remember one day, Sartre said that Hell is other people. ( Mon conseil... Fais gaffe à chaque petit détail. Les ennemis sont partout. Et le plus proches ils sont de toi, le plus dur ça blesse. Je veux dire, ça ne blessera pas vraiment. Seulement, ça crée ce petit malaise. Ce goût de trahison dans ta gorge qui te poursuit toute ta vie durant. Ne donne jamais ta confiance à quelqu'un si un jour tu te souviens que Sartre a dit que l'enfer, c'est les autres. )

Un déclic s'opère dans ma tête. Y aurait-il quelque chose dont le taureau ne me parle pas ?
- I think u got something to admit, El Torro. ( Je crois que vous avez une confession à me faire, El Torro. )
- The Black Market, chico! ( Le marché noir, chico!)

Son ton s'empreint d'un sérieux qui hérisse ma peau.
- Like I said, u worth it. And none only according to your principles. Ur life currently worth it. ( Comme je l'avais dit, tu vaux. Et pas seulement en termes de principes. Ta vie a actuellement une valeur. )
- How much? ( Combien? )
- More than a half billion bucks. ( Plus d'un demi-milliard de dollars. )

La Belle et le DémonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant