VenusJe ne parviens pas à m'arracher cette image de la tête. D'autant plus qu'elle est encore plus vivante que jamais. Un œil. Du sang. Beaucoup de sang.
- Qu..Q...tu...Neres...tu...tu...
- Tu as été une très vilaine fille, m'informe-t-il, d'une voix pondérée en refermant ses doigts autour du bourgeon et un bruit de succion résulte de sa pulvérisation.L'effroi noue mes tripes et mes pieds restent collés au carrelage. Un courant d'air me donne froid dans le dos, mais ce n'est qu'un léger frisson, si insignifiant que je doute que Neres s'en est rendu compte.
- Tu...tu es f...
Je n'ai pas le temps de finir que son index se pointa dans ma direction, accentuant la sévérité et toute la profondeur de son timbre.
- Veille à bien terminer cette phrase, petite agnelle.
- Fou! j'éjecte sans aucun contrôle sur mes émotions ni sur ma traîtresse de langue.Brutalement, il saisit mon poignet et me tire à lui. Je tente de me débattre jusqu'à me rappeler que je ne suis qu'une agnelle face à un loup. Une pauvre petite agnelle.
- Tu trouves que je suis fou, bébé? gronde-t-il furieusement.
- Je...j...
- Petite agnelle!Ces paroles résonnent telles un avertissement. Un « fais gaffe à ce qui sortira de ta bouche ». Mais je m'en fous. Je dois dire ce que je pense. Je dois me libérer de son emprise, aussi toxique et brûlante qu'elle soit.
- Lâche-moi! je grince des dents, le fixant droit dans les yeux.
Son visage est si près du mien que son souffle sporadique se répand sur moi. Je flaire son odeur. Elle est addictive, semblablement à celle du cuir neuf. À la seule différence qu'elle est authentique et appétissante.
- Mets-toi à genoux! m'ordonne-t-il.
- Non! j'ébruite, maintenant l'hostilité statique entre nous.Un ricanement fou que je n'assimile à aucun son que j'ai pu entendre auparavant vibre dans mes tympans. Il me met en état de choc car j'ai l'impression qu'il a été composé dans les Enfers et envoyé sur Terre juste pour lui, à l'image d'une partition de Mozart. Mon cœur remonte dans ma gorge et j'ai du mal à le renvoyer dans ma poitrine. En ce moment précis même, j'ai du mal à exister.
- Tu voudrais que je me répète, petite agnelle?
Toujours immobile, je le fixe sans réponse. Ses yeux sont noirs de fureur. Ils sont assoiffés de luxure. Ils sont affamés de moi. Je me demande bien ce qu'il adviendrait si je ne me soumettais pas. C'est quasi-inimaginable puisque je serais certainement six pieds sous terre ou entrain de subir un supplice que je n'aurai jamais demandé à endurer.
Subitement, sa main ensanglantée s'élève. Je suis trop absorbée par mes pensées pour réagir sur le coup. Elle se pose sur mon épaule. En dépit de toute rationalité, mes genoux fléchissent comme pour vénérer un dieu, Dieu Lui-même probablement ou Neres, évidemment.
Cependant, est-ce vraiment cela que l'on ressent lorsqu'on est devant son Créateur? Sommes-nous censés éprouver une quelconque émotion? Doit-on se prosterner?Le silence plane toujours autour de moi, déconcertée et les yeux ronds, apparentant ceux de Bob l'éponge carré. J'étais totalement perdue.
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La Belle et le Démon
RomanceLa fortune n'existe pas. Seules l'évidence et la logique sont réelles. Si deux droites se croisent, l'unique explication s'avère que tout était prémédité. Et si deux...