xlviii. Heureux ménage!

15 3 2
                                    


Jour 14
Heure locale : 18h58

Neres

- Je vous remercie cher public d'avoir assisté à cette chorégraphie phénoménale. À présent, faites un tonnerre d'applaudissements pour la splendide Venus qui voudra bien nous faire l'honneur de son discours à l'endroit des jeunes mariés.

Des ovations accompagnent ma Venus jusque sur le podium. Et je me demande depuis quand elle s'est parée d'autant de confiance. Après que l'animateur lui ait tendu le micro, elle le serre entre ses doigts.
- J'ai...j'ai v...vraiment.

Elle est perdue et j'imagine encore sous le choc des événements de la veille. Sans réfléchir, je pars la rejoindre — si cela peut lui être d'une quelconque aide. Plus je me rapproche d'elle, plus son angoisse s'intensifie ( j'ai l'œil, vous savez ). À son niveau, je lui chuchote :
- Raconte pas ce discours de merde que Fevertti a écrit sinon tu risques de te foirer. Dis plutôt ce que toi tu penses.

Je saisis le micro, ne m'attardant pas vraiment à ses réactions et m'adresse aux invités.

Sois maudit Di Salvo!

- Il n'y a pas de Juliette sans Romeo, comme nous le savons tous, je feins un sourire béat. Sinon, Shakespeare n'aurait jamais pu bercer des générations entières avec de tendres mots, bien que fugaces mais très attachants. Sauf si bien évidemment Juliette avait finalement épousé le comte Pāris et décidé de se murer dans sa tour à affectionner... Nuance. Tenter d'affectionner un enfoiré pour qui son cœur ne tangue même pas.

Ces connards rient. Je m'en doutais.

- Je ne vais pas voler plus longtemps la vedette à la charmante jeune demoiselle qui se trouve ici avec moi. Mais rassurez-vous, je serai très vite de retour.

Ces connards m'applaudissent. À croire que le métier d'humoriste me réussirait bien. Je remets le micro à ma Venus. Non seulement elle l'empoigne mais elle agrippe par l'occasion ma main. Son regard me conjure de rester. "Ne t'en vas pas", je l'entends susurrer. Sa voix retentit dans ma boîte crânienne. J'ai l'impression qu'on n'est que tous les deux ici, en ce lieu, peut-être également sur terre. Je me perds dans les doux échos de son timbre vocal, dans la souplesse de ses mots. Mon cœur cogne ardemment sous mon costard tandis que je m'abaisse pour lui intimer :
- Di Salvo accepte. Cependant, il y a une contrepartie.

Je sens son corps secouer près du mien et sa tête balancer de façon inopinée. Quelle joie je me fais de me cramponner à son flanc, l'assurant de ne que se concentrer sur mon toucher.  De ne considérer nul autre à part moi et de se fixer un point imaginaire, droit devant elle si le stress tente à vouloir prendre le contrôle. Elle inspire profondément puis expire.
- Vas-y! je l'encourage tout bas.

Elle acquiesce.
- Je...je me rappelle le jour où je t'ai rencontrée. Je n'avais jamais vu une personne en ton genre auparavant...Quand j'ai posé les yeux sur toi, la première chose que j'ai remarquée était ta beauté. Tu étais tellement fascinante dans ta robe. Après, je me suis attardée sur ta peau. Quelque part, au fond de moi, je me suis dite que tu ressemblais à un de ces bonbons au caramel que ma mère avait l'habitude de me donner.

Son discours ralentit et je la sens nostalgique. Bien sûr que sa mère doit lui manquer. Cette salope.
Je caresse doucement sa côte et mes ardeurs se décuplent lorsque son corps se relâche. Je nous imagine dans la salle de bain, ses cheveux endormis dans mes poings. Je la tire de toutes parts— du cou aux hanches, des bras aux cuisses. Je la foudroie sûrement devant le miroir, lui faisant des messes basses de paroles obscènes, lui montrant à quel point elle peut être belle même sans dessus dessous. Je la fais se mordre les lèvres à vouloir presque les arracher. Je lui donne ses orgasmes les plus inoubliables.
Je lui donnerai ses orgasmes les plus inoubliables.

La Belle et le DémonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant