xlii. Geagte

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Neres

- Di Salvo, on fait la course ?

Un rictus étire mes lèvres. Je jurerais presque que je me suis transformée en reine de beauté. Sur un léger hochement de tête, j'approuve avant d'enfoncer mon pied dans l'accélérateur. Mes doigts pressent le volant tandis que de mon autre main, j'empoigne le pommeau de vitesse.

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Camp's Bay Beach, Le Cap
Heure locale : 16h08

Neres

- Di Salvo ne perd jamais, je déclare fièrement en claquant la portière.
- Où t'as appris à courir comme ça? me demande Alan en fermant le hayon de sa caisse.
- Alors, vous venez ? nous lance Chanda.
- On arrive! lui retourne son fiancé.
- Mon grand-père avait une compagnie d'automobiles et il aimait parier sur les courses. Tu peux imaginer le reste. J'ai tout appris de lui.
- Je vois. Permets-moi de m'étonner encore. Je ne savais pas que tu avais un tel talent, le Grand Di Salvo.
- Te fous pas de ma gueule, Walsh, je souris mauvais.
- On va pas braiser au soleil quand même les mecs! criaille Jeudi.
- Ta gueule! pousse Alan.

Merci du fond du cœur Walsh!

En retour, l'intéressée lui montre son majeur en vociférant :
- Si tu te mariais pas à ma sœur dans une semaine, je t'aurais mordu la queue, grosse salope!

Tout comme Walsh, je ne parviens pas à retenir l'énorme gloussement qui se bousculait dans ma gorge. En fin de compte, ces petites vacances ne me seront que d'une grande aide.

~~~

Le jour cède lentement place à la nuit. Entre les discussions hilarantes et les coups de fils insistants de mon père auxquels je n'ai jamais répondu, j'envisage peut-être déménager ici. En même temps, ça ne serait pas si mal. Une petite villa au bord de la mer turquoise. Ça me mettrait vachement plus de bonne humeur. Que je ne le suis déjà habituellement.
À bien y cogiter, c'est une mauvaise idée. Penser au simple fait de me réveiller tous les jours souriant ou heureux me file la gerbe. Je risquerais de me tuer en voyant mon reflet dans la glace.

Pendant que mes pensées sifflotent dans mon esprit, chacun raconte ses anecdotes autour d'un feu de camp.
- Une fois, Jodie et moi, on s'étaient rendues à une fête chez une copine. Comment elle s'appelait déjà?
- Megan!
- Voilà. Et elle avait mis de la molly dans tous les cocktails juste pour que tout le monde s'éclate et n'oublie jamais sa soirée.
- Finalement, c'est bien resté gravé dans nos mémoires, grimace Jeudi.
- Oh oui. Jodie et moi on a terminé en plan à trois avec une lesbienne.
- On la connaissait même pas.

Pour ce qui est une surprise, c'en est une.

- C'était une expérience palpitante, complète Chanda.
- Ah ça tu l'as dit. Nous étions limite devenues des cow girls. J'aurais même parié que le far-west tremblait.

À deux, elles s'esclaffent.

- Je l'imagine, commente Walsh.
- Ceci dit, je crève la dalle.
- Ouais, moi aussi.
- À notre arrivée, j'ai checké un tas de restos pas mal sur Google Earth. En fait, je ne pensais pas que les gatsby de ta sœur seraient comestibles, avoue Alan.
- La prochaine fois, je ne te louperai pas, Alan! plisse des yeux Jeudi.
- Je con...firme. Prend sa menace au sérieux, l'en assure Fevertti.
- On devrait prévenir maman qu'elle va devoir dîner avec tata Grâce ce soir.
- Attends, je l'appelle!

La Belle et le DémonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant