NeresIl est huit heures. Le soleil brille et l'océan a toujours cette couleur bleue. Presqu'une belle journée si je ne m'en tiens pas à cette vieille schnock qui est censée me servir le p'tit déj et qui met un siècle à remplir ma tasse à café.
- Vous êtes virée! je dis, sans état d'âme.
- M...monsieur, excusez-moi si j'...
- C'est bon. Dante vous passera votre dernière paye et votre prime de départ. Avec ça, vous vivrez sans travailler jusqu'à la fin de votre vie. Maintenant, dégagez!Elle ne place aucun mot puis dispose. Je souffle de colère en me servant moi-même. Il faut croire que je me suis levé du pied gauche aujourd'hui. Comme tous les autres jours d'ailleurs. Je m'apprête à tirer mon meilleur café lorsqu'elle débarque dans une petite robe rose beaucoup trop fleurie à mon goût. Quoique, je la soulèverais bien sur cette table en lui faisant hurler qu'elle m'appartient. À moi et rien qu'à moi. Je souris narquoisement au vue des idées salaces qui me traversent l'esprit puis je l'aborde.
- Comment tu-te sens? je bois une gorgée de mon café.Je la regarde s'asseoir gracieusement.
- Bien, répond-t-elle.
- Sergueï!Aussitôt dit, aussitôt fait. C'était bien cela que j'adorais chez mes employés. Leur promptitude d'esprit. J'observe l'imbécile aux cheveux clairs s'affairer à ma Venus pendant que je la détaille minutieusement. Ses petits yeux sont pris d'incompréhension lorsque l'homme lui demande s'il lui sert du café ou du thé.
- Sers lui un cappuccino. Et des croissants. Mais rien qui soit amer. Je me suis fait clair? je le dévisage, mes coudes appuyés contre la nappe blanche.Il remue la tête puis s'en va.
- Il ne tardera pas, je rassure la rousse.Je continue à déguster mon café en gardant un œil sur ma Venus. Elle admire l'océan et semble émerveillée par les bateaux qui défilent.
- Ils vont où tous ces bateaux? me demande-t-elle.
- Là où ils ne pourront pas se faire chier, j'imagine.
- Je les trouve magnifiques, avoue-t-elle, un léger sourire au coin.
- Je t'emmènerai faire une petite virée en yatch si tu veux, je propose.Et peut-être que je te foudroierai aussi, si tu veux...
Elle se tourne vers moi et hoche la tête.
- Bien, dans l'ap...Et à ce moment précis, il a fallu que Dante déboule et me gâche ma première véritable conversation avec ma Venus.
- Buongiorno! s'exclame-t-il, tout sourire.Je le toise avec des envies de meurtre. Sa bonne humeur me donne la nausée. Il l'est d'ailleurs depuis son retour de Bogota. Et je n'arrive pas à comprendre pourquoi. Ou aurait-il finalement réussi à se taper une cougar fontaine? Certainement.
- Mademoiselle! saisit-il la main de ma Venus.Il la baisote et la scrute comme s'il allait se la faire devant moi. Quel toupet! Son regard vire sur moi ensuite, avec ce même putain de sourire scotché sur ses lèvres. Il l'a fait exprès. J'en suis persuadé. Bon sang, je vais le trucider.
Machinalement, je me lève et l'attrape par le bras, l'emportant loin de ma Venus.
- Tu joues à quoi, Dante? je crache, mes veines sur le point d'exploser.
- Wouh, calme-toi princesse. Je ne compte pas te la voler ton p'tit ange, rit-il, moqueur.J'empoigne frénétiquement son col et lui déverse en plein visage :
- Et tu ferais mieux. Sinon, je te tranche la bite, crétin!Il déglutit avec effort.
- Allez cousin, je blaguais, essaie-t-il d'atténuer mes pulsions meurtrières.
- J'espère pour toi, je le relâche, dégoûté.
- Les cargaisons d'armes sont descendues ce matin dans les lignes de Maine, New-York, Tennessee et Hawaï. J'ai contacté nos relais. Tout sera pris en compte.
- Bien. Autre chose?
- Je venais te rendre visite mon p'tit cousin chéri et j'espérais prendre un café avec toi mais apparemment, tu es bien occupé.
- Dégage de ma baraque Dante, je profère en lui tournant le dos. On s'revoit dans trois jours pour une partie de Bingo.
- Une partie de Bingo?
- Moins tu en sauras, mieux ce sera. Ah, préviens Dario. Je sors dans vingt minutes précises. Qu'il soit prêt.
- Eh Neres, donne moi un indice au moins.
- Rentre chez toi! je râle en m'éloignant définitivement.
(...)
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La Belle et le Démon
RomanceLa fortune n'existe pas. Seules l'évidence et la logique sont réelles. Si deux droites se croisent, l'unique explication s'avère que tout était prémédité. Et si deux...