― Chapitre 37.

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Le matin où sa nouvelle robe devait être prêtre, les servantes emplirent la baignoire d'eau bouillante et y récurèrent Sansa jusqu'à la rendre rose vif de la tête aux pieds.

La camériste personnelle de Cersei lui polit les ongles et la brossa, boucla tant et si bien que sa chevelure auburn lui cascada finalement le long du dos en torsades souples et vaporeuses.

Elle s'était également munie d'une douzaine des parfums préférés de la reine. Sansa jeta son dévolu sur une fine senteur florale que révélait une pointe de limon vert.

La camériste en prit une touche sur le bout du doigt et lui en déposa derrière chaque oreille, sous le menton puis, les frôlant à peine, sur le bout des seins.

Survint la couturière, accompagnée de Cersei elle-même sous l'œil de qui se déroula intégralement l'habillage.

Si tous les sous-vêtements étaient en soieries légères, la robe proprement dite était en brocart ivoire et argent doublé de satin argent. Ses longues manches à crevés touchaient quasiment le sol dès que vous baissiez les bras. Et c'était un vêtement de femme et non de petite fille, incontestablement.

Le corsage en était fendu, devant, presque jusqu'au ventre, et le grand V qu'il formait voilé par une dentelle de Myr arachnéenne gris tourterelle. Les jupes resserraient la taille en un tel carcan que Sansa dut retenir son souffle, quand on l'y laça. "Vous êtes bien belle, madame," dit la couturière quand c'en fut fini.

"Oui, n'est-ce pas ?" gloussa-t-elle en pivotant dans le tourbillon de ses jupes. Oh, décidément, oui, Serena en serait jalouse.

Elle bouillait d'impatiente que Loras la voie. Il va m'aimer, il m'aimera, il ne pourra s'empêcher de m'aimer.

La reine Cersei la détailla d'un regard critique. "Oui, les dieux t'ont gâté. Tu es adorable. Il y a quelque chose de presque obscène à bousiller tant de grâces et tant d'innocence au profit de cette gargouille."

"Quelle gargouille ?" s'ébahit Sansa. 

Cersei Lannister ignora la question : "Vous êtes plus jolie bouche close, Sansa. Allons, venez, le septon attend. Et les invités aussi."

"Non," lâcha-t-elle. Non. Qu'était-ce que tout ça ? Loras, une gargouille ? 

"Si. Vous êtes pupille de la Couronne. Le roi vous tient lieu de père, puisque aussi bien votre frère est convaincu de félonie. Vous êtes tenue d'épouser mon frère – Tyrion."

En ma qualité d'héritière, songea-t-elle, prise de nausées. Elle s'écarta de la reine à reculons. "Je ne le ferai pas." 

Je dois épouser Loras, je dois être la dame de Hautjardin, de grâce, épargnez-moi.

"Je conçois votre répugnance. Pleurez, au besoin. À votre place, je m'arracherais volontiers les cheveux. Mais il a beau être un immonde lutin nabot, vous l'épouserez." 

Sansa ne pouvait y croire : "Vous ne pouvez m'y forcer."

"Mais bien sûr que nous le pouvons. Libre à vous de venir gentiment, comme il est séant d'une dame, jurer votre foi, libre à vous de piailler, ruer, vous donner en spectacle et faire ricaner les palefreniers, mais vous n'en finirez pas moins mariée et au lit."

Elle ouvrit la porte, ser Meryn Trant attendait derrière, en son blanc arroi de la Garde. "Escortez lady Sansa au septuaire." 

Brave. Elle prit une profonde inspiration. Je suis une Stark, oui, je puis être brave. De ce qui s'ensuivit, son départ de la pièce, elle ne conserva pas le moindre souvenir.

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant