― Chapitre 78.

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Dans un coin sombre de la chambre, deux hommes se tenaient, leurs silhouettes définies par la lueur vacillante des bougies.

L'un d'eux, au visage sévère, arborait le cale gris caractéristique des Frey, qui couvrait le haut de sa tête et ses oreilles, laissant sa barbe grisonnante et son regard sombre prendre le devant de la scène. Il émanait de lui une aura de dureté, une réminiscence de son père, lord Walder Frey, dont il portait l'héritage avec une fierté étrange.

À ses côtés se tenait un homme plus imposant, sa barbe brune hirsute encadrant un sourire qui découvrait sa dentition peu soignée. Walder Rivers et Lim Limombure, figures familières dans les couloirs tordus du pouvoir, s'approchaient de Serena, allongée sur son lit, son corps frêle secoué par des tremblements involontaires.

Le Frey fit quelques pas, son visage dur comme la pierre, se saisissait du tissu de la robe de la jeune femme d'un geste brutal. Le tissu se déchira dans un craquement sinistre, éclatant comme un éclair dans l'obscurité de la pièce.

Serena, saisie par la peur, se débattait avec désespoir, mais la force brutale de l'homme l'écrasa contre le sol sans pitié. Un coup violent s'abattit sur son visage, provoquant un éclat de douleur et de terreur dans ses yeux.

Pendant ce temps, Lim s'affairait avec une cruauté calculée à retirer sa ceinture, son visage arborant un sourire sadique.

Les cris de Serena remplissaient la pièce, un mélange déchirant de peur, de douleur et de désespoir. Elle suppliait, elle criait à l'aide, mais ses supplications se perdaient dans l'obscurité étouffante de la chambre.

Puis un troisième homme fit son entrée, plus imposant, plus intimidant que les autres. Son regard profond, ses cheveux ébouriffés et ses yeux bleus perçants semblaient transpercer l'obscurité de la pièce.

Serena, prise dans l'horreur de la situation, murmura involontairement le nom qui lui venu à l'esprit : "Domeric ?"

Elle se redressa brusquement dans son lit, son cœur battant la chamade, les larmes coulant librement sur ses joues.

Son corps tout entier tremblait sous le poids de ce qu'elle venait de vivre. Elle tenta de calmer sa respiration erratique, de se convaincre que ce n'était qu'un rêve, une illusion née des ténèbres de son esprit tourmenté.

C'était bien là, dans le silence oppressant de sa chambre, qu'elle se rendit compte que tout n'était que le fruit de son imagination.

Walder Rivers, l'ombre maléfique de son passé, gisait maintenant dans les limbes de la mort, ses méfaits réduits à néant par sa propre justice.

Lim Limombure, l'exécuteur de ses pires cauchemars, avait rencontré le même destin funeste, sa culpabilité scellée par le fil de la potence.

Et Domeric Bolton, lui aussi, depuis bien longtemps. Son âme avait été emportée par le venin perfide distillé par son propre frère.

Ce n'était qu'un cauchemar, se répéta-t-elle, une illusion éphémère qui se dissipait avec la lumière du jour. Ses joues étaient encore humides des larmes qu'elle avait versées. Il faisait encore nuit, dehors.

Elle se leva lentement, sentant la fraîcheur du sol sous ses pieds nus. Ses pas la menèrent vers une petite table où reposait un miroir modeste, son reflet silencieux attendant dans l'obscurité.

Serena s'approcha avec une certaine réticence, sachant ce qui l'attendait mais se sentant néanmoins obligée de le faire.

Sous la lueur pâle du clair de lune, elle releva sa robe de chambre légère, laissant entrevoir la peau fragile de son dos.

Son souffle se figea alors qu'elle observait les marques qui sillonnaient sa chair. Elle parcourut du bout des doigts les sillons de ses cicatrices, ressentant encore la douleur fantôme qui les accompagnait.

Finalement, elle se glissa dans sa robe de chambre, enfila des chaussures et quitta silencieusement ses appartements.

Les couloirs de Peyredragon étaient déserts à cette heure tardive. Son esprit était encore tourmenté par le cauchemar qui l'avait hantée, ses souvenirs résonnant dans sa tête comme des échos lugubres.

Elle se laissa guider par l'obscurité des couloirs, ses pensées enchevêtrées dans un tourbillon d'émotions. Une seule pensée dominait son esprit : Sandor. Si seulement il était là, avec sa présence rassurante, sa force tranquille. Il aurait su la réconforter, apaiser ses tourments d'un simple regard.

Mais il était loin. Les devoirs, les responsabilités les avaient séparés, les plongeant dans des mondes différents. Et pourtant, malgré la distance, l'absence, Serena sentait toujours la flamme de leur amour brûler en elle, vibrante et ardente.

Au détour d'un couloir, elle aperçut une silhouette familière, recroquevillée sur les marches de la salle du trône. Ce n'était pas sur le trône lui-même que reposait la personne, mais sur les marches en contrebas.

Ses cheveux, habituellement attachés en une élégante coiffure, flottaient librement autour d'elle, formant une cascade d'or et de bronze dans l'obscurité.

Serena s'approcha lentement, ses pas résonnant à peine dans le silence de la nuit. Elle reconnut les traits fatigués de Daenerys, la lueur lointaine dans ses yeux d'azur. La reine semblait absorbée dans ses pensées.

Sans un mot, elle prit place à ses côtés sur les marches de pierre, laissant un espace respectueux entre elles. La reine tourna son regard vers elle.

"Un cauchemar ?" demanda Daenerys d'une voix douce. Un sourire léger se dessina sur les lèvres de la jeune femme.

"Oui, en effet," répondit Serena, un frisson parcourant son échine alors qu'elle se remémorait les images troublantes qui avaient hanté son sommeil. "Et vous ?"

Daenerys inclina la tête, ses cheveux argentés glissant sur ses épaules comme une cascade d'argent. "Également," admit-elle sobrement, sa voix trahissant une légère tension. "Je me suis souvent réveillée avec ces mots dans mes oreilles. La voix de mon frère, Viserys... Tu ne veux pas réveiller le dragon, n'est-ce pas ? "

Ces mots simples, mais chargés de menace et de malveillance, résonnaient encore dans l'esprit de Daenerys, la plongeant dans un abîme de terreur et d'incertitude.

"Depuis ma plus tendre enfance, j'ai vécu dans la crainte de mon frère hystérique. J'étais une marionnette entre ses mains, sans volonté propre. Tout ce que je faisais, tout ce que je voulais, c'était ce qu'il désirait. Je rêvais du jour où nous retournerions à Westeros, où nous reprendrions ce qui nous appartenait," poursuivit-elle, un mélange d'amertume et de résolution dans sa voix. "Mais ce rêve n'était pas le mien. C'était celui de Viserys, un mirage que je poursuivais sans vraiment savoir pourquoi."

Elle laissa un silence pesant planer entre elles, le poids de ses paroles emplissant la salle du trône. "Je suis née à Peyredragon mais je n'ai aucun souvenir de mon enfance, de cet endroit que mon frère appelait la maison. Je suis une étrangère dans mon propre passé, une captive de mes propres souvenirs."

Serena l'observa un instant, cherchant les mots qui pourraient la réconforter. Mais ce n'était pas ce que la reine semblait vouloir d'elle : "Et vous, de quoi avez-vous rêvé ?"

"Ces trois hommes. L'un a été un véritable bourreau. Ils m'ont fait du mal, m'ont brisé de différentes manières, et leurs visages hantent encore mes nuits." Daenerys posa une main compatissante sur celle de la Stark, l'encourageant à continuer. "Pendant si longtemps, j'ai été la victime des hommes." Elle déglutit, rassemblant son courage pour partager les fragments de son histoire avec la reine. "Mais c'est fini. Je refuse de laisser ces hommes avoir le dernier mot sur ma vie, sur mon destin."

"Après tout ce que vous avez vécu, arrivez-vous encore à faire confiance aux hommes ?" 

Serena hésita un instant.

"Oui, il y a quelqu'un en qui j'ai vraiment confiance. Un homme qui m'attend à Winterfell."

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant