― Chapitre 66.

145 15 0
                                    

Le vent sifflait doucement à travers les branches des arbres tandis que Serena chevauchait en silence, son cheval avançant d'un pas régulier, entourée par le bruissement de la forêt et les chants distants des hommes qui l'accompagnaient.

Le souvenir du massacre du village hantait ses pensées, comme une ombre obscure qui la suivait partout où elle allait.

Et pourtant, malgré la douleur et la tristesse qui la submergeaient, Serena refusait de se laisser submerger par le désespoir. Elle redressa sa posture, déterminée à ne pas laisser les larmes couler le long de ses joues.

Le chemin vers le Nord s'étendait devant eux, un chemin parsemé de dangers et d'incertitudes, mais aussi d'une lueur d'espoir.

Serena leva les yeux vers Thoros, cherchant peut-être une lueur d'inspiration ou de réconfort dans son regard. À sa droite, Anguy, l'archer, semblait être un homme de peu de mots mais de gestes sûrs.

Les membres de la Fraternité sans Bannière semblaient être des âmes vagabondes, des aventuriers errants à la recherche d'un but commun. Malgré les horreurs qu'ils avaient vécues et les épreuves qu'ils devaient encore affronter, ils semblaient garder une lueur d'optimisme et de camaraderie.

Alors que le cheval noir de Sandor se rapprochait du flanc gauche de son propre destrier, Serena sentit le regard inquiet de l'homme sur elle.

Cette attention la rendit quelque peu mal à l'aise, car elle n'était pas prête à parler de ce qui s'était passé au village, du drame qui avait dévasté leur ancienne communauté.

Leur ancien village. Rien que d'y penser, le souvenir des événements tragiques faisait trembler le menton de Serena sous le poids des émotions.

Les flammes dévorant les maisons, le son des cris désespérés, l'odeur âcre de la fumée... Tout cela était gravé dans sa mémoire, comme une cicatrice douloureuse sur son âme.

Ils étaient censés être mariés, elle et Sandor, leurs destins entrelacés comme les fils d'une tapisserie tissée par les dieux eux-mêmes.

Elle se remémorait la soirée où tout avait commencé, où Sandor lui avait offert des fleurs, où il lui avait offert cette magnifique robe qui avait brillé de mille feux à la lumière des étoiles. Elle pouvait encore sentir le tissu soyeux entre ses doigts, entendre le son de sa voix tandis qu'il lui avait subtilement demandé sa main.

Leur mariage était censé être le couronnement de leur amour, un serment prononcé devant les dieux et les hommes, une promesse de fidélité éternelle. Mais tout cela avait été balayé par la cruauté des hommes, par la violence aveugle qui avait déferlé sur leur village, réduisant en cendres tout sur son passage, y compris la jolie robe qu'il lui avait offerte.

Elle ne voulait pas parler de tout cela maintenant, ni même jamais, ni même laisser transparaître sa douleur devant les autres. C'était trop frais, trop douloureux.

Serena resserra instinctivement le manteau que Thoros lui avait donné autour de ses épaules, cherchant un réconfort dans le tissu qui lui rappelait la chaleur et la sécurité qu'elle avait laissées derrière elle.

Elle sentait la vulnérabilité la guetter et redoutait de croiser le regard de Sandor à côté d'elle, car elle savait que ses yeux refléteraient toute la détresse et la douleur qu'elle tentait désespérément de dissimuler.

Elle craignait que si elle rencontrait son regard, elle ne puisse plus retenir les larmes qui menaçaient de briser la barrière fragile qu'elle avait érigée autour de son cœur meurtri.

Bientôt, le groupe trouva un endroit propice près d'une rivière qui serpentait à travers la forêt. Là, ils décidèrent de faire halte pour allumer un feu.

Les hommes, affamés après une longue journée de voyage, et les chevaux, épuisés par l'effort, avaient grand besoin de repos avant de reprendre la route à l'aube.

Beric invita Serena à s'asseoir sur un tronc d'arbre renversé près du feu, à côté de Thoros qui sirotait déjà de l'alcool dans sa gourde en peau de bête, en compagnie de deux autres hommes visiblement déjà ivres.

Le regard furtif de Thoros se posa sur Serena, puis, d'un rire étouffé, il lui tendit sa gourde d'un geste généreux. Elle déclina l'offre d'un léger mouvement de tête accompagné d'un sourire poli.

Sandor observa avec méfiance les deux hommes, scrutant chacun de leurs mouvements alors qu'ils s'approchaient de Serena.

Il se leva finalement, laissant le cheval brouter l'herbe fraîche à proximité, et alla s'installer sur un tronc d'arbre à côté du feu nouvellement allumé. Les flammes dansantes projetaient des ombres dansantes sur son visage durci.

Le bois crépitait doucement, emplissant l'air de son parfum boisé, tandis que le groupe se préparait à faire cuire le gibier fraîchement chassé.

Il gardait ses pensées pour lui-même, son regard scrutant tour à tour les visages des autres membres de la compagnie. Sandor se sentait en marge de leur camaraderie.

Ignorant les regards curieux qui suivaient chacun de ses mouvements, Serena s'installa près de lui, cherchant le réconfort de sa présence solide. Son cœur lourd de tristesse, elle laissa échapper un soupir étouffé alors qu'elle appuyait sa joue contre son épaule.

Une larme solitaire sillonna silencieusement sa joue, traçant un chemin salé jusqu'à son menton, où elle se perdit dans l'obscurité de la nuit.

Les frissons d'écœurement parcouraient son corps, une sensation familière qui la hantait depuis des heures. À chaque tournant de sa vie, le mal semblait la guetter, jetant son ombre sur tout ce qu'elle touchait.

Peu importe où elle allait, Winterfell, Port-Réal, les Jumeaux, le Conflans, le destin semblait vouloir lui rappeler la cruauté et l'injustice de ce monde, laissant les innocents fauchés sans merci.

Une lourde culpabilité pesait sur ses épaules, un fardeau insupportable qui la torturait jour et nuit. Elle se demandait souvent si elle aurait pu faire quelque chose de différent, si ses actions auraient pu changer le cours des événements.

Mais dans les ténèbres de la nuit, aucune réponse ne lui parvenait, seulement le silence implacable de l'univers. À l'instant, elle ne possédait que la présence réconfortante de son fiancé, là où elle pût enfin s'endormir.

Le sol rugueux de la clairière sembla se dérober sous ses pieds alors que Serena fut brutalement projetée au sol, ses membres ligotés l'empêchant de se défendre.

Lim s'approcha d'elle, son visage déformé par la malice et la cruauté.

"Le spectacle t'a plu ma jolie ?" demanda-t-il, sa face déformée par une expression de sadisme pur. "Tu te feras des amis à Port-Réal, c'est promis. La Montagne est un très bon compagnon," ajouta-t-il avec un rire sardonique. "Je vais te donner un avant-goût," annonça-t-il tandis qu'il entreprenait de retirer sa ceinture, faisant naître en elle un sentiment d'effroi.

Soudain, elle le sentit la souiller.

Serena se redressa brusquement, s'asseyant, sa respiration profonde et bruyante, ses yeux grands ouverts, son cœur battant la chamade dans sa poitrine.

De la sueur perlait le long de sa nuque et dans le creux de son dos. Malgré la fraîcheur de la nuit, son corps semblait être en proie à une fièvre intense.

Elle avala difficilement plusieurs fois, puis porta une main tremblante à sa gorge, fermant les yeux avec force.

Les images horribles résonnaient à l'intérieur de ses paupières, lui arrachant un gémissement étouffé par la terreur qui l'envahissait. Ce genre de rêve venait fréquemment la tourmenter.

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant