― Chapitre 109.

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Ce matin-là, Serena sortie de ses appartements, emmitouflée dans un manteau épais pour affronter le froid mordant de l'aube hivernale. La neige craquait sous ses bottes alors qu'elle s'avançait dans la cour de Winterfell.

Mais à son arrivée, une scène inattendue la figea sur place. Sandor était là, affairé autour d'un cheval, préparant visiblement son départ.

Le cœur de Serena se serra douloureusement à la vue de cette image, une vague de panique l'envahit. Ils ne se sont pas adressé la parole depuis leur dernière dispute, et maintenant, elle se retrouve face à la perspective de son départ imminent.

« Sandor, attends ! » cria-t-elle, sa voix tremblante d'émotion. Sentant le désespoir l'envahir, Serena se précipita vers lui, ignorant la distance froide qui s'est érigée entre eux.

Il se tourna vers elle, une expression indéchiffrable sur son visage buriné. « Qu'est-ce que tu veux ? » demanda-t-il d'une voix rauque, semblant à la fois surpris et méfiant de sa présence soudaine.

Elle hésita un instant, déchirée entre sa fierté et son désir de retenir celui qu'elle ne peut imaginer partir. « S'il te plaît, ne pars pas » murmure-t-elle, sa voix étouffée par l'émotion. « J'ai besoin de toi... Reste avec moi. »

Sandor la fixa intensément, son regard scrutant les profondeurs de son âme. Il resta silencieux pendant un moment, semblant peser ses propres pensées et sentiments.

Puis, lentement, il secoua la tête, une lueur de douleur passant dans ses yeux. « Je dois y aller. » Les larmes menaçaient de déborder des yeux de Serena alors qu'elle le regardait, impuissante.

« Pourquoi ? » demanda-t-elle, incapable de cacher le désespoir dans sa voix. Il se contenta de hausser les épaules, continuant son travail sans un mot de plus.

Elle comprit soudain ce qu'il prévoyait de faire. « Tu veux tuer ton frère, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle, son cœur se serrant encore plus.

Il s'arrêta, ses yeux rencontrant les siens avec une dureté qui la fit frissonner. « Et si c'est le cas ? » répondit-il, sa voix un murmure menaçant dans l'air glacé.

Elle sentit un frisson glacé la parcourir. Elle comprenait ce qu'il voulait faire, ce qu'il avait besoin de faire. Mais elle ne pouvait pas supporter l'idée de risquer de le perdre.

« Est-ce que ta vengeance est plus importante que moi ? » demanda-t-elle, ses yeux le fixant avec désespoir. Il resta silencieux, ne répondant pas à sa question. Elle savait alors qu'elle avait sa réponse.

« Fais ce que tu veux... Mais sache que je ne pourrai jamais te pardonner si tu pars » dit-elle enfin. Il la regarda un instant, son regard triste mais déterminé.

« Je n'ai pas l'intention de revenir » déclara-t-il finalement. Elle sentit son cœur se briser à ces mots. Elle voulait le retenir, le supplier de rester, mais elle savait que cela ne servirait à rien. Il avait pris sa décision, et rien ne pourrait le faire changer d'avis.

Elle le regarda monter sur son cheval et s'éloigner, son dos disparaissant dans la neige. Et alors qu'il disparut finalement de sa vue, emporté par les brumes de l'aube, elle resta là, seule dans la cour silencieuse de Winterfell, se demandant si elle le reverrait un jour.

Le regard brûlant de larmes, elle se laissa tomber à genoux dans la neige, le souffle court. Elle baissa la tête, laissant les sanglots lui échapper, mêlés au froid mordant de l'hiver qui s'insinuait dans ses os.

Serena ne se releva que pour franchir les portes massives de Winterfell. Tandis qu'elle s'éloignait du château, la neige fraîche sous ses pieds crissait doucement à chacun de ses pas, comme pour accompagner le poids de sa peine.

Elle marchait sans but précis, les larmes coulant toujours sur ses joues gelées. Alors qu'elle marchait, elle passa devant le corps inerte de Viserion, étendu dans la neige, mais ne s'arrêta pas là. Elle reprit sa marche, s'éloignant toujours plus de Winterfell. Elle ne savait pas où elle allait, ni ce qu'elle cherchait, mais elle savait qu'elle ne pouvait plus rester là.

Le froid la piquait, s'infiltrant dans ses vêtements et la faisant frissonner, mais elle ne s'arrêta pas. Elle avait besoin de cette solitude, de cet isolement, pour faire le point sur sa vie et sur les choix qui l'avaient menée là où elle en était.

À mesure qu'elle avançait, le paysage changeait lentement autour d'elle. Les arbres dénudés laissaient place à une étendue ouverte, où le vent soufflait librement sur un petit lac.

Le lac s'étendait devant elle, une vaste étendue d'eau calme, encadrée par les montagnes enneigées et les arbres dépouillés de leur feuillage. L'air était si froid qu'il semblait couper la peau, et chaque respiration brûlait ses poumons.

Malgré le froid intense, Serena avança courageusement dans l'eau glaciale. Chaque pas était une lutte contre la douleur et l'inconfort, mais elle persista. Les frissons parcouraient son corps, faisant trembler chaque fibre de son être, mais elle s'accrochait.

La surface de l'eau était recouverte d'une fine couche de glace, craquelée là où elle avait marché. Le froid semblait pénétrer jusqu'à ses os, engourdissant ses membres et brouillant ses pensées. Pourtant, elle continua d'avancer, un pas après l'autre, ignorant la douleur lancinante qui lui brûlait les pieds et les jambes.

Finalement, alors qu'elle atteignait le point où l'eau lui arrivait à la hauteur du cou, son souffle se faisait court, ses muscles se relâchaient, et elle savait que le froid la gagnait peu à peu.

Alors elle ferma les yeux, se laissant emporter par une douce torpeur, le lac sombre et froid l'enveloppant de son étreinte.

Elle revoyait les visages de ses parents – Catelyn Stark, la serrant dans ses bras et Eddard Stark, déposant un baiser sur son front.

Et puis les membres de sa famille – Robb, s'approchant d'elle pour la serrer dans ses bras, Rickon, s'entraînant à l'arc.

S'en suivie ses amis – Beric, lui apprenant comment manier l'épée, Thoros, partageant avec elle sa flasque.

Les paroles des personnes qui avaient croisé sa route résonnaient dans sa tête, certaines douces et encourageantes, d'autres tranchantes et douloureuses. Elle repassait en boucle les mots d'amour, de réconfort, de soutien, mais aussi les mots de colère, de trahison et de désespoir.

Soudain, elle se remémora le jour où Bran avait assisté pour la première fois à l'exécution d'un déserteur. Elle se rappelait de la couleur vermeille recouvrant le blanc immaculé de la neige, mais surtout, elle se rappelait de sa discussion avec son petit frère.

Est-ce qu'un homme peut être brave s'il a peur ? lui avait-il demandé innocemment. L'heure de la mort est la seule où l'on puisse se montrer brave, avait-elle répondue sagement.

Cette phrase n'était pas la sienne mais bien celle de son Père – il lui avait expliqué des années auparavant ce fait. Et Eddard Stark avait raison.

Avec une force nouvelle, elle se mit à nager, luttant contre le courant glacial qui voulait l'emporter. Elle puisait dans une réserve de force qu'elle ne soupçonnait pas, une volonté farouche de vivre, de surmonter cette épreuve et de continuer à avancer.

Enfin, après un effort surhumain, elle atteignit le rebord du lac et parvint à se hisser hors de l'eau. Son corps était secoué de frissons, ses muscles endoloris, mais elle était vivante. S'éloignant du lac, elle s'allongea dans la neige, s'enveloppant dans sa froideur salvatrice.

Le soir-même, en rentrant à Winterfel, elle apprit qu'Arya avait elle-aussi quitter le château pour la capitale. Pourtant il n'y avait plus de temps pour se lamenter – il était temps de repartir pour Peyredragon.

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant