𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄

― Chapitre 72.

Le lendemain, Winterfell résonnait des pas des seigneurs nordiens qui convergeaient vers le château ancestral. Jon avait envoyé des missives à travers tout le royaume pour convoquer les grands seigneurs et dames.

Ni les membres de la Fraternité ni Sandor Clegane n'avaient été invités, n'étant pas des Nordiens.

Dans la grande salle, les seigneurs et dames de diverses maisons se rassemblaient. Lyanna Mormont, jeune mais féroce, était parmi les premiers à arriver.

À ses côtés se tenait Brynden Tully, représentant la Maison Tully avec son emblème du poisson noir et rouge.

Bientôt, les rangs se remplirent de visages familiers et de nouveaux venus, chacun portant le poids des responsabilités qui pesaient sur leurs épaules.

Jon, debout au centre de la salle, prit la parole le premier : "Je vous remercie d'avoir répondu à mon appel si rapidement. Nous sommes réunis ici aujourd'hui face à une menace qui dépasse les querelles et les rivalités entre nos maisons." Son regard parcourut la salle, rencontrant les yeux de chaque seigneur et dame présents.

"Les Marcheurs blancs se rassemblent au-delà du Mur, prêts à déferler sur nos terres. Nous devons nous préparer à faire face à cette menace, ensemble, en tant que Nordiens, en tant que familles unies par notre héritage commun." Les murmures d'approbation et d'assentiment se répandirent parmi l'assemblée. Jon leva une lettre, la tenant fermement. "Ce message m'a été envoyé par Samwell Tarly. Il était mon frère de la Garde de Nuit, un homme en qui j'ai confiance. Il a découvert des preuves que du verredragon se trouverait en masse à Peyredragon."

Un murmure d'étonnement parcourut l'assemblée, les regards s'entrecroisant alors que chacun absorbait l'ampleur de cette révélation.

Le verredragon était une arme puissante, cruciale dans la lutte contre les Marcheurs blancs. Son existence en abondance représentait un espoir tangible dans la bataille à venir.

Jon fit alors un geste pour attirer l'attention sur le second morceau de papier qu'il tenait.

"Ceci vient de Peyredragon. Daenerys Targaryen nous y invite, Serena et moi. Et nous acceptons tous deux."

À peine eut-il prononcé ces mots que la salle retentit du brouhaha des voix nordiennes, des murmures inquiets et des chuchotements fébriles.

"Nous avons besoin de ce verredragon, mes seigneurs !" déclara Jon d'une voix ferme, répondant à la fougue des hommes du Nord.

"Nous devons en récupérer et transformer cette roche en armes. Le verredragon est notre meilleure chance de repousser l'armée des morts et de protéger nos foyers, nos familles, et tout ce que nous chérissons."

Puis, c'était au tour de Serena de se lever et de prendre la parole, son regard résolu fixé sur l'assemblée. "Mais aussi, nous avons besoin d'alliés," déclara-t-elle d'une voix forte et claire. "L'armée du Roi de la Nuit grandit de jour en jour, mon frère l'a vu de ses propres yeux. Nous ne pouvons l'emporter seuls, nous n'avons pas le nombre suffisant de soldats. Daenerys Targaryen a ses deux propres armées, nous avons besoin de la persuader de combattre à nos côtés."

"Ser Davos, ma sœur et moi partirons demain et naviguerons vers Peyredragon," reprend Jon d'une voix ferme, confirmant sa décision.

Mais avant même que la salle puisse reprendre son souffle, Sansa s'exprima avec une émotion contenue mais perçante. "Avez-vous oublié ce qui est advenu de notre grand-père ?" s'exclama-t-elle, sa voix résonnant dans la salle. "Le Roi Fou l'a invité à Port-Réal et l'a brûlé vivant !"

Le destin tragique de leur grand-père à Port-Réal était gravé dans les annales de leur histoire familiale, une cicatrice douloureuse qui ne s'effacerait jamais.

"Oui, nous le savons," répondit Jon sobrement en baissant les yeux, sachant que malgré tout, elle avait raison.

Mais Sansa ne s'arrêta pas là : "Elle est ici pour conquérir le trône de fer et les Sept Couronnes, le Nord en fait partie. Ce n'est pas une invitation, c'est un piège !"

Ses paroles résonnèrent dans la salle, soulevant des murmures d'approbation et d'inquiétude parmi les seigneurs et dames présents.

Le spectre de la méfiance envers Daenerys Targaryen planait dans l'air, obscurcissant la perspective de l'alliance qu'ils envisageaient.

Jon tenta de calmer les craintes qui pesaient sur l'assemblée : "Cela pourrait être le cas, mais je ne crois pas que Tyrion fasse cela. Tu le connais, c'est un homme bon."

Brynden Tully se leva alors. "Avec tout votre respect, je dois me ranger du côté de lady Sansa. Je me rappelle du Roi Fou trop bien, un Targaryen ne peut pas être cru, et encore moins un Lannister."

Jon regarda autour de lui, conscient des divisions qui se creusaient parmi les nobles du Nord, et, fallait-il avouer qu'il ne savait plus quoi dire.

Heureusement, Serena se tenait à ses côtés, prête à soutenir la décision audacieuse qu'ils avaient prise. "Nous savons que c'est un risque, mais nous devons le prendre, commença-t-elle. Puis, comme si une force nouvelle l'animait, Serena poursuivit avec une éloquence surprenante : "Notre sœur Sansa s'occupera de Winterfell en notre absence. Nous laissons le Nord entre de bonnes mains. Marcher dans la neige ici est une perte de temps, il nous faut affronter les flammes. Nous avons besoin du verredragon, tout autant que des dragons et des armées de Daenerys Targaryen." On aurait cru entendre la voix d'Eddard Stark.

Son discours était ponctué par le silence tendu de l'assemblée, chacun captivé par les mots de Serena et la force de son engagement. Jon échangea un regard avec sa sœur, reconnaissant la force de son soutien et la justesse de ses paroles. La décision était prise.

L'après-midi, Jon se dirigea vers les cryptes, où sa sœur Serena avait l'habitude de se recueillir. Il ressentait le poids des décisions à venir, mais il savait qu'il devait avoir cette conversation cruciale avec elle.

Les torches éclairaient faiblement les murs de pierre, créant des ombres dansantes autour des statues des anciens Stark. Jon trouva Serena assise près de la statue de leur père, Ned Stark, ses yeux fixés sur l'image taillée dans la pierre.

"Serena," appela-t-il doucement, s'approchant d'elle avec précaution. Elle leva les yeux vers lui, ses traits marqués par la préoccupation. "Il y a quelque chose qui me tracasse depuis ton retour. Maintenant je sais. À notre retour de Peyredragon, c'est à toi de prendre le commandement, de devenir la reine du Nord. Je ne suis pas le légitime roi, Serena. C'est toi, la vraie Stark, l'aînée, qui devrait gouverner."

Le regard de Serena se remplit de surprise et d'émotion, ses pensées tourbillonnant à la suite de cette révélation inattendue. Elle ne s'attendait pas à une telle proposition, à un tel fardeau qui lui était soudainement confié.

"Jon, je... je ne sais pas si je suis prête pour cela," murmura-t-elle, sa voix tremblant légèrement. "Il me faut encore du temps, du temps pour apprendre, pour me préparer. Je ne sais pas si je suis à la hauteur de ce que tu attends de moi."

Jon posa une main réconfortante sur son épaule, la regardant avec tendresse. "Tu es plus forte que tu ne le crois, Serena. Tu as hérité du courage ainsi que de la sagesse des Stark. Tu es prête, même si tu ne le sais pas encore."

Serena détourna le regard. Elle savait que cette décision changerait le cours de leur vie, et elle devait trouver la force en elle pour l'accepter.

Jon se pencha doucement vers sa sœur et y observa la cicatrice fine qui serpentait le long de sa joue, un vestige du passé. Il passa délicatement un doigt sur la cicatrice, sentant la texture rugueuse de la peau cicatrisée.

"Tu sais, Serena," commença-t-il d'une voix douce, empreinte d'une affection fraternelle profonde, "tu n'es pas la seule à avoir des cicatrices de tout ce temps séparé."

Les yeux de Serena se posèrent sur son frère, captant la douceur dans son regard. Elle sentit un frisson de reconnaissance lui parcourir l'échine, sachant qu'ils avaient tous les deux traversé des épreuves difficiles.

"Oui, je suppose que nous en avons tous les deux," répondit-elle doucement, laissant échapper un soupir.