― Chapitre 54.

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Sandor, les yeux encore embrumés par le sommeil, observa la pièce dans laquelle il se trouvait. Il ne se souvenait que vaguement de ce qui s'était passé avant qu'il ne perde connaissance.

La douleur lancinante dans sa jambe lui rappelait que quelque chose de grave s'était produit. Émergeant de la torpeur du sommeil, il leva les yeux pour découvrir qu'il était bien à l'intérieur, sous un toit protecteur.

Il passa sa main sur son visage, sentant la rugosité de sa barbe mal entretenue. Son regard se posa sur la fenêtre par laquelle filtrait la lumière du jour naissant, réchauffant doucement la pièce.

Une brise légère soufflait à travers les rideaux, apportant avec elle des effluves de nature et de liberté.

Allongé dans un grand lit, enveloppé dans une multitude de couvertures, il pouvait sentir la douceur du matelas sous lui.

La pièce était modeste mais accueillante, emplie de cette atmosphère paisible qui contrastait avec l'agitation et la violence du monde extérieur. Il se sentait étrangement en sécurité, malgré la situation précaire dans laquelle il se trouvait.

La table près du lit attira son attention. Des herbes médicinales y étaient disposés, témoignant des soins prodigués à son égard pendant son inconscience. Il se rendit compte qu'il devait être redevable à quelqu'un pour sa survie.

Au fond de la chambre, il aperçut une silhouette familière se tenant près de la fenêtre. Ses cheveux bruns, autrefois en bataille, sont tressés avec soin, lui donnant un air paisible et ordonné.

Elle porte des vêtements propres et soignés, une amélioration par rapport à leur vie errante dans les contrées sauvages. C'était elle.

Depuis combien de temps n'avait-il put observer son jolie minois ? Son cœur s'emballe légèrement à sa vue, mais il est vite rappelé à la réalité par le poids de ses propres péchés. Il sait qu'il ne mérite pas une telle vision de beauté après tout ce qu'il a fait.

Serena semblait perdue dans ses pensées, son regard fixé au loin, empreint d'une tristesse profonde. Et pourtant, même dans sa mélancolie, elle reste éblouissante, illuminant la pièce de sa présence apaisante.

Sandor ne peut s'empêcher de la contempler, comme s'il essayait de graver chaque détail de son visage dans sa mémoire.

Il se perdit dans ses pensées, réalisant combien de temps s'est écoulé depuis leur dernière rencontre, depuis l'incident avec Brienne de Torth.

Cela semble être une éternité, un monde séparé par d'innombrables péripéties et épreuves. Le combat, les souffrances, les regrets... Tout semble si lointain à présent, presque irréel face à la tranquillité de cet instant.

Des souvenirs de son affrontement avec Brienne de Torth refaisaient surface, hantant ses pensées comme des ombres persistantes.

Il se remémora chaque détail de ce combat, chaque coup échangé, chaque émotion qui avait pulsé à travers lui alors qu'il luttait pour sa survie.

Cette femme redoutable le hantait encore. Elle était devenue une obsession, un défi qu'il n'avait pas réussi à surmonter. Sa stature imposante et sa force brute le dépassaient, défiant ses propres limites.

Il se rappela avec amertume le moment où elle l'avait poussé dans le vide, le précipitant vers l'abîme d'où il avait miraculeusement survécu.

Les conséquences de cette défaite résonnaient encore dans son esprit. S'il avait réussi à vaincre cette femme, les choses auraient été bien différentes. Tout d'abord, il aurait pu conserver son épée en acier valyrien, ce qu'il avait toujours convoité.

Mais plus important encore, Arya ne serait pas partie. Le regard triste de sa grande sœur lui rappelait douloureusement les conséquences de son échec.

Il sentait le poids de son échec peser sur ses épaules, une culpabilité qui le rongeait de l'intérieur. Il aurait voulu pouvoir remonter le temps, changer le cours des événements, mais il savait que c'était impossible.

Si seulement il pouvait retrouver sa force, sa détermination, il serait prêt à partir à la recherche d'Arya, à tout mettre en œuvre pour la retrouver et la ramener en sécurité.

Il avait demandé à être achevé, mais aucune des deux femmes n'avait semblé prête à accomplir cet acte ultime. Malgré son apparente contrariété, il ressentait une certaine satisfaction d'être aux côtés de Serena, cette femme qui avait pris soin de lui avec une dévotion remarquable.

Elle était unique à ses yeux, un petit bout de femme qu'il chérissait plus qu'il ne l'aurait imaginé. Il reconnaissait en elle une force et une gentillesse qui le touchaient au plus profond de son être.

Il aurait voulu se lever, la prendre dans ses bras, pour la réconforter. Même si les gestes tendres et les contacts physiques n'étaient pas sa spécialité, il aurait fait de son mieux pour lui témoigner son soutien dans ce moment difficile.

Pourtant, une question lancinante persistait dans son esprit : serait-il capable de marcher à nouveau un jour ? Cette pensée le tourmentait, le hantait, tandis que sa jambe le faisait souffrir.

Son toussotement attira l'attention de la jeune femme, qui avait été plongée dans ses propres pensées jusqu'à cet instant.

Le bruit la tira de sa rêverie, et elle se redressa sur la vieille chaise qui se mit à grincer. D'un pas décidé, elle se leva et s'approcha du blessé, saisissant un récipient au passage.

Sans prêter attention au regard insistant du blessé, elle se rapprocha de lui, le récipient en main, prête à lui offrir ce dont il avait besoin. Sans attendre, elle lui tendit le récipient pour qu'il puisse boire et apaiser sa soif.

"J'emmerde l'eau. Ramène-moi du vin." Son ton était sec, presque agressif, reflétant la douleur et l'irritation qui le rongeaient.

Serena ressentit une pointe de contrariété face à cette réaction, mais elle ne laissa pas transparaître ses émotions. Elle savait que la convalescence était un moment délicat, où les humeurs pouvaient varier rapidement.

"Comment te sens-tu ?" Il grimaça en tentant de se redresser, mais la douleur dans sa jambe le fit retomber lourdement sur l'oreiller.

"Comme si j'avais été piétiné par un troupeau de chevaux," répondit-il finalement. Il détourna le regard un instant, déconcerté par l'intensité de la douleur qui le consumait.

Serena sentit un pincement au cœur en voyant son état. Elle savait qu'il était rare pour lui d'exprimer ouvertement sa souffrance, et cela rendait la situation encore plus alarmante.

Le blessé sentit la jeune femme se glisser à ses côtés sous les couvertures, une sensation qui lui apporta un léger réconfort dans sa douleur.

Puis ce furent des baisers furtifs dans son cou, une caresse tendre qu'il apprécia sans le dire. Elle le regardait avec une tendresse qui réchauffait son cœur, mais il percevait également dans ses yeux une recherche de réconfort, une inquiétude palpable.

La brune enroula doucement ses bras autour de lui, et il se laissa aller à sa présence rassurante. Il remarqua alors que l'odeur agréable qui flottait dans la pièce émanait d'elle, un mélange enivrant de fleurs et de fruits.

Sandor enfouit sa tête dans sa poitrine, comme un enfant en quête de protection. Les doigts délicats de Serena parcouraient ses cheveux bruns, apaisant son esprit tourmenté.

Elle écoutait la respiration bruyante et étouffée du Limier à travers leur étreinte, tandis que lui se laissait bercer par la chaleur de sa peau et les battements réguliers de son cœur.

Aucune parole ne pouvait exprimer la profondeur de leurs émotions, aucune phrase ne pouvait traduire leur lien silencieux mais puissant.

Sandor dissimulait sa souffrance derrière un masque d'indifférence, mais Serena était loin d'être dupe. Elle percevait la douleur dans chacun de ses gestes, dans chacune de ses respirations. Elle était là pour lui, prête à partager son fardeau.

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant