― Chapitre 9.

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Sansa, Arya, Septa Mordane et Serena se rendirent au tournoi de la Main à bord d'une litière fermée, mais aux rideaux de soie jaune si fins que, par transparence, elles apercevaient, nimbé d'or, le monde extérieur.

Cent pavillons se dressaient, hors les murs, sur les berges de la Néra, les gens du commun affluaient par milliers pour assister aux joutes. Et le spectacle était d'une splendeur telle que Sansa en avait le souffle coupé : les armures étincelantes, les puissants destriers caparaçonnés d'or et d'argent, les vivats de la foule, les bannières claquant au vent. Les chevaliers eux-mêmes, tout la fascinait, les chevaliers surtout.

À travers tout le royaume, les jouteurs avaient afflué vers la capitale. Le Tournoi de la Main avait été annoncé il y a quelques jours et tous étaient venus chercher titre et fortune en remportant cet événement légendaire. On dit même que les combattants non adoubés peuvent y participer.

Déjà l'on peut voir de l'autre côté de la Néra des tentes multicolores se dresser, des bannières flotter au vent, et des écuyers polir l'armure de leur seigneur. Dit-on que la joute rapportera quarante mille dragons d'or au vainqueur. Sans oublier le gigantesque festin prévu pour célébrer la nouvelle Main du Roi. L'Histoire ne retiendra qu'un nom : celui qui sortira victorieux de cette gigantesque joute, celle du Tournoi de la Main.

Elles prirent place en face du champs clos. Sansa était aux anges. Sous ses yeux cavalcadaient les héros d'innombrables chansons, chacun plus fabuleux que son prédécesseur. Revêtues d'armures en écailles d'un blanc laiteux, les sept chevaliers de la Garde royale entrèrent en lice, tous drapés dans leurs manteaux de neige. Ser Jaime se distinguait d'eux par une armure d'or, un heaume d'or en mufle de lion et une épée en or. Ser Gregor Clegane, la Montagne, les dépassa en trombe, telle une avalanche.

Tandis que les heures succédaient aux heures et les joutes aux joutes, le galop dévastateur des grands destriers donnait aux lices l'aspect de champs labourés. De loin en loin, le fracas de rencontres où les lances volaient en éclats faisait s'exclamer de conserve Sansa, même si elle se couvrait parfois les yeux, telle une oiselle effarouchée, chaque fois qu'un homme tombait. Le régicide se montra brillant alors que, dans leur propre registre, la férocité, le Limier et son gigantesque frère, ser Gregor la Montagne, parurent non moins irrésistibles face à leurs concurrents successifs. L'heure tournait. Il ne resta plus finalement que quatre hommes en lice : le Limier, son monstrueux frère, le régicide et ser Loras Tyrell.

Eddard Stark rejoignit ses filles tardivement. Après avoir salué le roi, Lord Stark joua des épaules dans la cohue, rejoignit sa famille et plus particulièrement Sansa à qui il avait promis d'assister aux finales. Déjà sonnaient les trompes lorsqu'il s'installa près d'elle. La rousse n'avait d'yeux que pour leur spectacle, alors que sa grande sœur restait de marbre face à ce spectacle sanglant. Pourtant, quand le Limier fit apparition, elle devint plus attentive.

D'un geste retentissant, il abaissa sa visière et alla prendre position. Ser Jaime n'abaissa pas de suite, occupé à envoyé un baiser vers quelques filles du commun. Finalement, il gagna l'extrémité opposée et les deux hommes couchèrent leur lance.

Si le vœu le plus cher de Ned était de les voir perdre l'un et l'autre, Sansa s'exaltait, l'œil mouillé, pour que le beau régicide gagne, si beau à voir dans son armure en or, tandis que Serena, soucieuse, priait pour que le Limier s'en sorte indemne. Mais après tout, le Limier était le Limier, se disait-elle, il avait gagné chacun de ses précédents combat d'une facilité déconcertante.

Le galop des chevaux ébranla les tribunes légères. Tout en courant sus, le Limier se pencha sur l'encolure, sa lance ferme comme un roc mais, juste avant l'impact, Jaime eut l'habileté de changer d'assise, si bien que la pointe de son adversaire déviait sans dommage contre l'écu d'or frappé du lion, et que, dans un fracas de bois brisé, Clegane, à l'effroi de Serena, chancelait, luttait pour demeurer en selle, sous les ovations clairsemées du vulgaire.

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant