― Chapitre 33.

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Le petit matin se levait doucement sur la clairière où ils s'étaient réfugiés pour la nuit. Les premiers rayons du soleil perçaient à travers le feuillage des arbres, peignant la forêt d'une lueur dorée et paisible.

Cependant, le silence tranquille fut brisé par des bruits de pas dans les feuilles et des voix qui se rapprochaient lentement de leur campement. Serena, somnolente, se remua légèrement, son esprit émergeant lentement des brumes du sommeil.

Les voix masculines, étrangères et intrusives pénétrèrent son demi-réveil, semant la confusion dans son esprit encore embrumé.

"C'est le Limier ou je rêve ?" entendit-elle dire, une voix rugueuse et surprise, teintée d'une pointe d'incrédulité.

Une autre voix, plus curieuse, répondit : "Et elle, qui c'est ? Je n'avais jamais vu le Chien avec une aussi jolie jeune femme !"

Ces paroles, à la fois flatteuses et dérangeantes, se frayaient un chemin à travers le voile du sommeil de Serena, l'obligeant à ouvrir lentement les yeux pour découvrir ce qui se passait autour d'elle.

La clarté du jour naissant lui révéla la silhouette de plusieurs hommes se tenant à la lisière de la clairière, leurs visages empreints de curiosité et d'étonnement.

La surprise saisit Serena alors qu'elle prenait pleinement conscience de la situation. Elle se redressa sur son séant, ses yeux s'écarquillant d'étonnement à la vue des étrangers qui s'aventuraient si près de leur campement.

Pendant un instant, elle resta figée, incapable de comprendre pleinement ce qui se passait. Puis, la réalité la rattrapa, et une lueur de méfiance se glissa dans ses yeux alors qu'elle évaluait la situation avec une clarté croissante.

Son cœur battait la chamade alors qu'elle observait les hommes s'approcher lentement du Limier, encore endormi à ses côtés. Son visage se crispa d'effroi lorsqu'elle les vit recouvrir le visage de son sauveur d'une cagoule, attachant ensuite fermement ses poignets dans un geste brusque et déterminé.

L'un des hommes, le premier à s'approcher, lui adressa un regard empreint d'une étrange bienveillance malgré la situation tendue.

Un seul œil, d'un bleu vif, scrutait intensément Serena, lui conférant une aura à la fois intimidante et captivante. "Qui êtes-vous ?" demanda-t-il d'une voix grave, empreinte de suspicion.

Serena sentit son pouls s'accélérer alors qu'elle cherchait ses mots, son esprit embrouillé par la peur et l'incertitude. Elle se força à garder son calme, même si l'anxiété grondait en elle telle une tempête prête à éclater. Jamais elle ne devait révéler son prénom et encore moins son nom.

"Je... Je suis avec lui," répondit-elle d'une voix hésitante, désignant le Limier d'un geste incertain.

Les hommes échangèrent des regards perplexes. "Qui es-tu, fille ? Et que fais-tu avec ce chien ?" demanda l'un des hommes, sa voix teintée d'une lueur de suspicion.

Le premier homme prit la parole à nouveau : "Vous a-t-il forcé à le suivre ? Vous a-t-il fait du mal ?" Serena secoua la tête avec véhémence, sa gorge nouée par l'émotion.

"Non, non, il... Il ne m'a rien fait," répondit-elle précipitamment. "Je suis... volontairement avec lui..." ajouta-t-elle, cherchant à dissiper tout malentendu qui aurait pu survenir.

"Quel est votre nom ?" demanda un archer d'une voix empreinte d'autorité mais non dénuée de bienveillance. Serena sentit son pouls s'accélérer tandis qu'elle réfléchissait à la meilleure réponse à donner.

"Je m'appelle Astrid," répondit-elle d'une voix calme, faisant appel à son instinct de survie pour dissimuler sa véritable identité.

"Je suis juste une paysanne." Les hommes échangèrent un regard équivoque, semblant évaluer la véracité des paroles de la jeune femme. Elle sentit le poids de leurs regards sur elle, scrutant chaque détail de son visage dans l'espoir de déceler la moindre trace de mensonge.

"Bien, Astrid," dit le grand archer, son regard perçant transperçant l'obscurité matinale. "Et que fais-tu avec cet homme ?" ajouta-t-il, désignant le Limier ligoté à côté d'elle. "Vous êtes bien proche pour être une simple compagne de route," remarqua-t-il, son regard perspicace ne manquant aucun détail.

"Une fille qui traîne avec ce genre de type ne peut être que deux choses : une putain qu'il a payée, ou une idiote qui court droit à sa perte. Alors, laquelle es-tu ?" Ces mots la blessèrent plus qu'elle ne voulait l'admettre.

Si seulement il savait qui elle était réellement, il n'oserait jamais utiliser un tel terme devant elle. "Ni l'une ni l'autre," répondit-elle d'une voix serrée. Les hommes semblaient loin d'être convaincus par ses réponses évasives.

Elle sentit son estomac se nouer alors que les hommes discutaient entre eux, échangeant des regards sceptiques qui laissaient présager une issue peu favorable.

Soudain, leur décision tomba comme un couperet : ils l'emmèneraient aussi. Serena sentit une vague de panique la submerger alors qu'ils l'attachaient, ses mains liées dans son dos, l'empêchant de résister. Le Limier, déjà en train de se débattre, semblait impuissant face à la force combinée de ses agresseurs.

La jeune femme se retrouva bientôt entraînée dans la forêt, entourée d'hommes dont les intentions restaient encore inconnues. Le Limier, tiraillé par la rage et la frustration, lutta de toutes ses forces contre ses liens, mais en vain.

Dans l'obscurité croissante de la forêt, ils avançaient, leurs pas résonnant comme des échos sinistres parmi les arbres. "Qui êtes-vous ?" demanda Serena, cherchant à percer le mystère qui entourait ces hommes.

L'homme se présenta comme Anguy et lui expliqua que leur groupe était la Fraternité sans Bannières, également connue sous le nom de la Confrérie Oubliée ou bien les Chevaliers de la Colline Creuse.

Serena comprit qu'ils étaient la fameuse bande de hors-la-loi sévissant dans la région du Conflans. Elle avait entendu parler d'eux, bien sûr. Leurs exploits, leurs actes de bravoure et de justice avaient traversé les contrées, tout comme les récits de leurs crimes et de leurs méfaits.

Ils étaient à la fois craints et respectés, adorés par certains comme des héros et maudits par d'autres comme des bandits sans foi ni loi.

Pourtant, malgré leur statut de hors-la-loi, elle savait que la Fraternité sans Bannières avait une mission bien définie : assurer la protection du petit peuple, fournir des vivres aux affamés et rendre justice aux opprimés. Ils étaient les gardiens des innocents, les protecteurs des faibles, et même dans les ténèbres de la forêt.

Son esprit s'embrouillait de questions sans réponse. Le Limier, compagnon de route aussi redoutable que redouté, était désormais entre leurs mains. Son infâme réputation, forgée dans le feu de la violence et du chaos, le précédait partout où il allait. Mais dans les rangs de la Fraternité sans Bannières, où la justice semblait être le maître mot, quelle destinée l'attendait ?

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant