― Chapitre 21.

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Le jour de l'anniversaire de Joffrey, l'aube parut dans tout son éclat, le vent faisait fuir tout en haut du ciel quelques nuages au travers desquels se discernait la longue queue de la grande comète.

De la fenêtre de sa chambre, Serena observait celle-ci quand se présenta Meryn Trant, qui devait l'escorter jusqu'aux lices. Pourquoi se fallait-il que ce soit toujours lui ? Était-ce une autre ruse de Cersei ?

"Que signifie-t-elle, à votre avis ?" lui demanda-t-elle. 

"Gloire au roi. À voir comme elle flamboie aujourd'hui, on dirait que les dieux eux-mêmes ont brandi leur étendard en l'honneur de Sa Majesté. Le petit peuple l'appelle la comète du roi Joffrey."

La version des flagorneurs, sans doute. 

"J'ai entendu les servantes la nommer la queue du dragon."

"Le roi Joffrey occupe maintenant, dans le palais que construisit le fils de celui-ci, le trône qu'occupa jadis Aegon le Dragon. Il est l'héritier du dragon et, autre signe, l'écarlate est la couleur de la maison Lannister. À n'en point douter, cette comète nous est envoyée pour proclamer, tel un héraut, l'intronisation de Joffrey. Elle signifie qu'il triomphera de ses ennemis."

Vraiment ? se demanda-t-elle. Les dieux seraient-ils si cruels ? Mère, à présent, faisait partie des ennemis de Joffrey, et Robb aussi. Père avait péri sur ordre de ce foutu roi. Mère et Robb devaient-ils périr à leur tour ?

La comète était rouge, sans conteste, mais Joffrey n'était-il pas censé être un Baratheon ? Les dieux n'auraient-ils pas dû, dès lors, lui expédier une comète d'or ? 

Serena ne pût s'empêcher de sourire face à sa propre ironie. Savait-il qu'il n'était qu'un bâtard ? Quelle tête ferait-il, en l'apprenant ? Sûrement ne l'apprendrait-il jamais.

Les battants refermés, elle se détourna vivement de la fenêtre. S'attendant que le roi l'obligerait à assister au tournoi qu'il se donnait, elle avait consacré les soins les plus minutieux à sa toilette et à sa parure.

Elle portait une robe de soie noire dont les longues manches pendaient jusqu'à sa taille, la couleur du deuil. Si elle ne pouvait se débattre face à ce cruel roi, elle imaginait qu'elle pourrait se révolter ne serait-ce qu'un instant avec la couleur de sa robe.

Serena baissa les yeux une dernière fois vers sa table de chevet. Un vase délicat trônait sur celle-ci, renfermant la précieuse rose que le Limier lui avait offerte. Les pétales écarlates semblaient capturer la lumière ambiante. Un sourire doux se dessina sur les lèvres de la jeune femme, empreint de souvenirs de la nuit passée.

"Prête ?" Ser Meryn lui offrit son bras, et elle se laissa emmener, puisqu'elle devait toujours avoir un garde attaché à ses pas.

Ce jour-ci il avait plutôt bonne mine, dans son manteau de soie blanche agrafé à l'épaule par une feuille d'or, avec sa tunique sur la poitrine de laquelle étincelaient les vastes frondaisons d'un chêne brodé en fil d'or.

Ensemble, ils avancèrent à travers les dédales des couloirs du château, chaque pas semblant être un écho de la tension palpable. Le silence régnait, personne n'osait rompre cette atmosphère pesante.

Les regards furtifs et les chuchotements en sourdine étaient empreints d'une certaine anxiété. Les couloirs semblaient s'étirer indéfiniment, comme si le château lui-même retenait son souffle en prévision de ce qui allait se dérouler. Personne ici n'ignorait que Robb avait été proclamé roi du Nord.

Ils découvrirent sur la courtine extérieure la lice et la tribune édifiée par les charpentiers. Quelque chose de bien mesquin, vraiment. Et à peine la moitié des places étaient-elles occupées. 

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant