― Chapitre 64.

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Dans l'atmosphère tendue du campement, le silence régnait en maître, brisé seulement par les soupirs étouffés qui s'échappaient des lèvres des convives.

Sandor mastiquait bruyamment sa nourriture, son regard sombre perdu dans les flammes du feu de camp. À ses côtés, Serena demeurait silencieuse, repliée sur elle-même, perdue dans les méandres de ses pensées torturées.

Les visages marqués par la douleur et la colère, les deux chefs de la Fraternité tentaient en vain de dissimuler leur malaise derrière un masque de compassion.

Anguy, l'archer taciturne, observait la scène avec une indifférence feinte, ses yeux perçants scrutant chaque geste.

Pour Serena, chaque bouchée était empreinte de douleur, chaque gorgée de vin était teintée d'amertume. Le souvenir du massacre des villageois pesait lourd sur son cœur meurtri, ravivant les blessures béantes laissées par la mort de son père et les horreurs des Noces Pourpres. Elle se sentait comme maudite, condamnée à revivre inlassablement les terreurs de son passé.

Quant à Sandor, le fardeau de la culpabilité pesait sur ses épaules, écrasant son âme tourmentée. Il regrettait amèrement de ne pas avoir été là pour protéger Serena, de ne pas avoir pu empêcher le carnage, de ne pas avoir pu arracher la jeune femme des griffes de la barbarie.

Son cœur rugissait de colère et de frustration, ses poings serrés témoignant de la rage qui bouillonnait en lui.

Il aurait volontiers tranché des têtes de plus, aurait fait couler le sang des coupables jusqu'à ce que justice soit rendue, mais les pillards étaient déjà tous morts.

Thoros, la flasque d'alcool à la bouche, observait l'homme d'un regard curieux, comme s'il cherchait à percer les mystères qui se cachaient derrière ses yeux d'acier.

"Tu sembles bien te régaler," commenta le prêtre, offrant sa flasque à Sandor.

"Je préfère le poulet," répondit-il sèchement, déclinant poliment l'offre.

Beric se joignit à la conversation. "Tu devrais te joindre à nous. Ta force et ton courage nous seraient précieux dans notre quête."

Il resta silencieux un instant, la lueur des flammes dansant dans ses prunelles sombres. "La communauté, j'ai déjà donné, et ça n'a pas marché."

Serena, assise à côté de lui, écoutait attentivement, ses pensées voguant entre espoir et appréhension. Elle se rappelait avoir vu Beric Dondarrion ressuscité, ramené à la vie par les étranges pouvoirs du prêtre Thoros de Myr.

Une force mystérieuse semblait les guider, les poussant inexorablement vers un destin dont ils ignoraient encore tout.

"Clegane, on n'est pas là par hasard," intervint Thoros, sa voix riche en sous-entendus. "R'hllor garde Beric en vie pour une raison. Il a donné à un prêtre ivrogne le pouvoir de ressusciter pour une bonne raison. Nous sommes les pions d'une force supérieure."

"La moitié des saloperies dans ce monde sont faites au nom d'une force supérieure," rétorqua-t-Sandor, un sourire cynisme en coin étirant ses lèvres.

"Les vents froids se lèvent vers le Nord, nous avons besoin d'aide," déclara Beric d'une voix ferme, déterminé à rallier les deux gens à leur cause. L'hiver vient, pensa Serena.

"La dernière fois qu'on s'est vu, tu as voulu m'exécuter."

Beric ne recula pas devant cette confrontation. "R'hllor t'a donné le pouvoir de me vaincre. Pourquoi donc ?"

Un sourire moqueur se dessina sur les lèvres de son interlocuteur avant qu'il ne reprenne : "Je t'ai battu parce que je suis meilleur que toi, voilà tout. J'étais déjà meilleur que toi avant tes serments sur R'hllor. Et je suis toujours meilleur que toi."

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant