― Chapitre 16.

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L'aube grisaillait à peine la fenêtre quand un fracas de sabots tira Serena du sommeil. Temps bouché, matinée lugubre.

Lors du déjeuner, Sansa, jouant toujours les inconsolables, refusa d'avaler quoi que ce soit tandis qu'Arya dévorait avec un appétit d'ogre. "Syrio dit qu'avant d'embarquer, ce soir, nous avons largement le temps d'une dernière leçon. Puis-je, Père ? Toutes mes bagages sont bouclés."

"Une courte, alors. Et qu'il te laisse le temps, je t'en prie, de te baigner et de te changer." 

Sansa leva les yeux de son assiette. "Si vous lui permettez, à elle, de prendre une leçon de danse, pourquoi m'interdire, à moi, d'aller faire mes adieux au prince Joffrey ?"

Eddard Stark échangea un regard furtif avec Serena, les deux savaient bien pourquoi. Il était un bâtard.

"Il serait imprudent, maintenant, d'y aller, Sansa. Désolé." Les yeux de la rousse s'emplirent de larmes. 

"Mais pourquoi ? Ce n'est pas juste !" 

S'écartant de la table avec emportements, elle renversa sa chaise et, tout en pleurs, quitta la loggia en courant. Septa Mordane se dressa, mais Ned la fit rasseoir d'un signe.

"Laissez. J'essaierai de lui faire comprendre les choses quand nous aurons tous regagné Winterfell sains et saufs." Arya, la bouche encore pleine, se dirigea vers la porte pour rejoindre son maître de danse.

Une heure plus tard se présente le Grand Mestre Pycelle, l'échine affaissée.

"Monseigneur, le roi Robert n'est plus. Veuillent les dieux accorder le repos éternel." 

Mais Eddard riposta. "Non, il abominait le repos. Veuillent les dieux lui accorder les amours et les rires, avec la joie de justes batailles."

L'heure tant redoutée venait de sonner. Ned devait présenter à la famille royale la lettre représentant les dernières volontés du roi. Par-dessus avait été déposé le sceau du roi, intact. 

"Il semblerait que Joffrey soit déjà juché sur le Trône de Fer, monseigneur." 

La Main du Roi n'en crut pas ses yeux : "Que dîtes-vous ?" Mestre Pycelle lui assura que c'était la vérité.

"Père, êtes-vous certain que ça ira ? Devrais-je vous accompagner ?" demanda Serena, la situation étant de plus en plus inquiétante.

"En aucun cas. Tout ira bien pour moi, ma chérie." Il déposa un doux baiser sur son front avant de s'éloigner, papier en main. "Rends-toi dans tes appartements jusqu'à ce que je vienne te chercher." 

Mais cela ne rassurait pas du tout la jeune femme : "Et qu'en est-il des filles ?"

"Arya sera en sécurité avec Syrio Forel. Quant à Sansa, Septa Mordane s'occupera d'elle." Ce fut ses derniers mots avant qu'il ne quitte la pièce. Peu rassurée, Serena rejoignit les interminables couloirs du Donjon Rouge avant de se diriger vers ses appartements.

Sa chambre était plongée dans une semi-obscurité, les rideaux épais laissant filtrer à peine la lumière du soleil déclinant. L'air était empreint d'une tension palpable alors que la jeune Stark, préoccupée par les tourments qui entouraient son père, pénétrait dans sa chambre.

La porte se referma doucement derrière elle, plongeant la pièce dans un silence relatif. Serena s'allongea sur le lit. Ses doigts jouaient nerveusement avec les draps, reflétant son inquiétude croissante. Elle voulait que tout cela se finisse afin de regagner Winterfell au plus vite.

Pour échapper ne serait-ce qu'un instant à cette tension, elle se tourna vers une forme familière de réconfort : l'écriture. C'est alors que, d'une main fébrile, elle saisit sa plume et une page vierge, sentant la douceur de la plume entre ses doigts. Avec précaution, elle commença à tracer les contours de ses pensées, transformant le blanc immaculé en un long.

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant