― Chapitre 107.

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« Je suis là parce que je me soucie de toi, putain ! Tu ne comprends pas que je suis inquiet pour toi ? Que je suis furieux contre moi-même pour ne pas avoir été là pour te protéger ? Tu ne comprends pas que je t'aime, putain !? » L'alcool lui faisait tout avouer.

Serena le dévisage un moment, ses émotions en conflit à l'intérieur d'elle-même, avant de reprendre : « Tu ne peux pas comprendre... Personne ne peut comprendre ce que j'ai ressenti, ce que j'ai traversé. Pas même toi. »

Elle baisse la tête, laisse échapper quelques larmes, ses sanglots secouant son corps frêle. Déchiré entre la colère et le désir de la réconforter, il s'approche d'elle avec précaution, ses mains tremblantes d'émotion.

« Je suis désolé » murmure-t-il, sa voix éraillée par la douleur. Il voulait la prendre dans ses bras, lui dire que tout irait bien, mais sa propre colère le retenait.

Il tend la main vers elle, son cœur criant de la réconforter, mais elle le repousse avec une force qui le blesse plus que ses mots.

« Ne me touche pas » murmure-t-elle. Alors qu'il tente à nouveau de l'approcher, elle le repousse violemment.

« Tu ne comprends pas ! Tu ne comprendras jamais ! » hurle-t-elle, son visage déformé par la douleur. « Tout ce que je voulais, c'était que tu sois là pour moi, Sandor. Et tu n'étais pas là. Tu n'étais jamais là. J'avais besoin de toi. »

Sa réaction le blesse plus qu'il ne l'aurait voulu, mais il se force à rester stoïque, sa propre colère et sa frustration menaçant de submerger son sang-froid habituel.

« Peut-être que si tu t'écoutais pour une fois au lieu de tout ramener à toi, tu comprendrais ce que je ressens » réplique-t-il d'une voix rauque, ses propres émotions menaçant de le submerger. « Tu n'es pas la seule à souffrir. Tu n'es pas la seule à avoir perdu des personnes. »

Mais elle secoue la tête avec véhémence, ses larmes coulant en torrents sur ses joues pâles. « Tu ne sais rien de ce que je ressens ! » sanglote-t-elle, sa voix éclatant comme un cri de désespoir.

Dans un élan de frustration aidé par l'alcool, il laisse échapper les mots qu'il a retenus si longtemps : « Tu es égoïste. Tu te complais dans ta propre douleur, sans jamais penser à ceux qui sont autour de toi. »

Sa déclaration fait taire Serena, un silence lourd et oppressant enveloppant la pièce alors qu'ils se regardent, leurs émotions en ébullition entre eux. Et dans ce silence, ils réalisent avec une clarté soudaine que leur relation est en train de s'effriter.

Le regard de Serena se durcit alors qu'elle recule, une expression de déception passant fugacement sur son visage. Elle lui lance un dernier regard empli de reproches avant de se détourner et de quitter l'endroit, se dirigeant vers ses appartements.

Il reste là, figé, les yeux rivés sur la porte qu'elle vient de franchir. Il sait qu'il devrait la retenir, lui dire qu'il était désolé, mais il reste immobile, laissant l'orgueil et la douleur guider ses actions.

Alors qu'elle s'éloignait, au même moment, Daenerys pénétrait dans la chambre de Jon. Il était assis au bord de son lit, la tête appuyée sur son poing, fatigué et ivre.

« Tu es ivre ? » Jon la regarde pendant un instant. « Non. » Il se lève et trébuche un peu. Il rit de lui-même. « Seulement un peu. » Elle ferme la porte derrière elle et se rapproche.

« Je ne connaissais pas bien Ser Jorah mais je le sais, s'il avait pu choisir une façon de mourir, cela aurait été en te protégeant. »

« Il m'aimait. Et je ne pouvais pas l'aimer en retour. Pas comme il le voulait. Pas comme je t'aime » avoua-t-elle, la voix légèrement étranglée par l'émotion.

Jon la regarda avec tendresse, ses propres sentiments s'entremêlant avec ceux de Daenerys dans une danse délicate de douleur et d'affection.

Il sentit le besoin irrépressible de la réconforter. Sans un mot de plus, il tendit une main tremblante vers elle, caressant doucement sa joue.

Leurs yeux se rencontrèrent, exprimant plus que des mots ne pourraient jamais dire. Et dans un élan de compassion partagée, ils s'abandonnèrent à un baiser.

Ils se laissèrent emporter par l'intensité du moment, laissant derrière lui les soucis et les conflits qui le tourmentaient pour un bref instant de paix.

Cependant, alors qu'ils succombaient à la passion, il recula soudain, une expression conflictuelle traversant son visage. Il s'éloigna d'elle, laissant Daenerys désemparée, son cœur battant la chamade dans sa poitrine. Elle baissa la tête.

« J'aurais aimé que tu ne me le dises jamais. Si je ne le savais pas, je serais heureux maintenant » murmura-t-il, rompant le silence pesant qui s'était installé entre eux. Daenerys s'assit, les yeux embués de larmes, luttant contre la douleur qui menaçait de la submerger.

« J'essaie d'oublier. Ce soir, j'y suis presque parvenue pendant un moment, puis je les ai vus rassemblés autour de toi. J'ai vu la façon dont ils te regardaient. Je connais ce regard, ces regards. Beaucoup de gens m'ont regardée de cette façon, mais jamais ici. Jamais de ce côté de la mer. »

« Je t'ai dit que je n'en voulais pas. » Elle tourne brusquement la tête vers lui, l'exaspération brillant dans ses yeux. « Peu importe ce que tu veux. Tu ne voulais pas être le roi du Nord. Que se passe-t-il lorsqu'ils te demanderont de faire valoir tes droits et de prendre ce qui m'appartient ? »

Jon reste là, devant Daenerys, confronté à sa détresse et à ses craintes. Il réalise à quel point cette révélation a bouleversé leur relation déjà compliquée. Voyant son inquiétude, il décide de s'agenouiller devant elle, cherchant à apaiser ses craintes.

Jon pose un genou à terre, abaissant humblement sa tête. « Je vais refuser. Tu es ma reine. Je ne sais pas quoi dire d'autre » murmure-t-il, cherchant à la rassurer de son allégeance. Elle saisit rapidement le visage de Jon entre ses mains, forçant leurs regards à se croiser.

« Tu ne peux rien dire. À n'importe qui, jamais. Ne leur dit jamais qui tu es vraiment. Demande à ton frère et à Samwell Tarly de garder le secret et n'en parle à personne d'autre. Ou bien tu ne pourras pas contrôler ce secret. Peu importe combien de fois tu plies le genou, peu importe ce que tu jures. »

Jon reste silencieux, accablé par la pression de ce lourd fardeau, sachant qu'il a déjà partagé cette information avec Serena et que Daenerys ne le sait pas encore. Il se lève, prêt à s'éloigner, mais elle saisit fermement sa main dans la sienne, l'empêchant de partir.

« Je veux que ce soit comme ça entre nous » dit-elle avec sincérité, son regard implorant la compréhension de Jon.

« Serena est déjà au courant, mais je dois le dire à Sansa et Arya » admet-il.

« Sansa voudra me voir partir et toi sur le trône de fer » insiste-t-elle.

Jon secoue la tête avec assurance. « Elle ne le fera pas. » Mais Daenerys réplique : « Ce n'est pas la fille avec qui tu as grandi. Pas après ce qu'elle a vu, pas après ce qu'ils lui ont fait. »

« Je leur dois la vérité » répète-t-il, affirmant sa conviction profonde.

« Même si la vérité nous détruit ? » demande-t-elle, craignant les conséquences potentiellement dévastatrices de la vérité.

« Ce ne sera pas le cas » assure-t-il en maintenant son regard, résolu.

« Ce sera le cas. Je n'ai jamais supplié quiconque mais je t'en supplie. Ne fais pas ça. S'il te plaît... » implore-t-elle, son regard cherchant désespérément celui de Jon.

Il se rapproche d'elle, prenant délicatement son visage entre ses mains. « Tu es ma reine. Rien n'y changera. Et ils sont ma famille. Nous pouvons vivre ensemble. »

Le visage de Daenerys se durcit. « Nous pouvons. Je viens de t'expliquer comment » réplique-t-elle froidement, refusant de céder.

Il laisse tomber ses mains, conscient de l'impasse dans laquelle ils se trouvent. Silencieusement, Daenerys quitte la pièce, laissant Jon seul, déchiré entre son devoir envers sa famille et son amour pour sa reine.

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant