― Chapitre 76.

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Serena se retrouvait assise sur le rebord de son nouveau lit, prenant le temps de contempler la chambre qui lui avait été allouée.

C'était un sanctuaire de luxe, avec des draperies richement colorées drapées autour d'un lit à baldaquin majestueux. Les murs étaient ornés de tapisseries tandis que des bougies parfumées embaumaient l'air d'une fragrance délicate.

Une coupe à fruits trônait sur une table près du lit, ses contours en argent scintillant sous la lueur des chandelles. À l'intérieur reposaient des raisins.

La générosité de la reine dans l'aménagement de leurs quartiers contrastait étrangement avec le sentiment d'emprisonnement qui pesait sur eux.

Un léger coup frappa à la porte, tirant Serena de ses pensées. Lorsqu'elle ouvrit la porte, Jon se tenait là. Ils échangèrent un bref regard avant qu'elle ne l'invite à entrer.

"Crois-tu que nous arriverons à les convaincre ? Cela va être difficile, n'est-ce pas ?" 

Il est vrai ces morts-vivants semblent sortir tout droit d'une histoire de Vieille Nan, songea-t-elle.

"Avant que Varys n'arrive, il semblait que la reine était prête à écouter. Peut-être que je pourrais lui parler demain." Son regard croisa celui de Jon, cherchant à le rassurer.

Il acquiesça lentement. "Il est vrai que tu es meilleure que moi avec les mots. Elle pourrait t'écouter." Elle ne répondit pas.

"Jon, je me demandais... que voulait dire Davos avec cette histoire de couteau ?" 

Jon souffla, sa réticence à aborder le sujet se lisant clairement sur son visage. Il hésita un instant, puis décida finalement de lui faire part de la vérité. Il était important de crever l'abcès.

"J'ai été poignardé," commença-t-il. "À plusieurs reprises... par mes propres frères de la Garde de Nuit. Il n'était pas d'accord à ce que j'autorise les sauvageons à passer le Mur. Pour la Garde, c'est ce qu'ils ont dit avant de tous me poignarder, un par un. J'étais un traître à leurs yeux."

Il décrivit alors les événements qui avaient suivi, parlant de sa ressuscitation par Melisandre, la femme rouge. Il expliqua comment elle avait commencé une lente et minutieuse toilette de son corps ensanglanté, récitant une prière dans une langue ancienne, jusqu'à ce qu'il revienne de la mort.

"Tu n'as pas l'air si bouleversé que ça, je me trompe ?" demanda-t-il lorsqu'il eût finit ses explications.

"Tu n'es pas le seul à avoir été ressuscité. Parmi les hommes que j'ai ramené à Winterfell, ceux de la Fraternité ; Beric Dondarrion, tu as entendu parler de lui, n'est-ce pas ? Il a été tué six fois en tout, et ressuscité six fois par Thoros de Myr. C'est la mort l'ennemi. Le premier ennemi et le dernier. L'ennemi est toujours vainqueur et il nous faut toujours le combattre, c'est ce que répètent les serviteurs du Maître de la Lumière."

Il y eut un long silence avant qu'elle ne rajoute : "Tout de même, je suis désolé que tu ais vécu cela." Jon regarda sa sœur, encore étonnée de l'entendre parler ainsi.

"Et toi, tu n'as rien à me dire ? Tu as été vendue à ce Domeric, je m'en rappelle. Mais violée, torturée... ? On ne m'a jamais rien dit là-dessus, tu ne m'as jamais rien dit."

Serena soutint son regard. "Domeric, oui. Il n'était pas un mari tendre, mais qu'est-ce qu'il y a à dire sur ça ? Que veux-tu que je dise de cela ? Mon corps en possède encore les marques, mon esprit également. Mais c'est du passé." Il la fixa, réalisant la force qui émanait de cette femme. "Peu de personnes étaient au courant de cet histoire à Winterfell. Mère, Père. Et depuis quelques années, Sandor."

"Le Limier ?" murmura Jon, se référant à l'homme au visage défiguré, le chien du roi Joffrey.

Serena le corrigea. "Il s'appelle Sandor, Sandor Clegane. Cesse de l'appeler ainsi," répliqua-t-elle, affirmant le respect qu'elle portait à l'homme qu'elle aimait.

"Vous avez l'air d'être proche," fit-il remarquer, les sourcils légèrement froncés. 

Serena croisa les bras, réfléchissant un instant avant de répondre. Elle se souvenait des jours sombres à Port-Réal, des dangers qui les entouraient, et de sa présence rassurante.

"Il m'a aidé à m'échapper de Port-Réal. Il m'a aidé, tout court. Il nous a sauvé la vie à de nombreuses reprises, Arya et moi." 

Mais ça, il le savait déjà. Le jour où elle était arrivé à Winterfell, elle avait passé un bon moment à expliquer à lui et Sansa leurs aventures avec Arya, qui avait ensuite disparu.

Jon ne pût s'empêcher de remarquer une lueur particulière dans ses yeux lorsqu'elle évoquait le nom de cet homme. "Est-ce qu'il se passe quelque chose entre vous ?" demanda-t-il finalement, une pointe de curiosité mêlée à une légère inquiétude.

Serena resta silencieuse un instant, cherchant les mots justes pour exprimer la complexité de sa relation avec l'homme au visage défiguré. Elle savait que Jon méritait la vérité, aussi délicate soit-elle.

"Oui, mais c'est plus que ça. Il y a quelque chose de spécial entre nous, quelque chose de difficile à définir. Il a été là pour moi quand j'avais besoin de lui, et je lui serai toujours reconnaissante pour cela," déclare-t-elle, son cœur pesant de souvenirs et d'émotions contradictoires. "Sandor... il n'est plus le même homme," continue-t-elle. « Il a changé. Ce n'est plus un limier, et encore moins un chien. Il ne l'a jamais été, à vrai dire." 

Jon absorba ces paroles, captivé par la transformation de l'homme jadis connu pour sa brutalité et sa cruauté.

"Est-ce qu'il est correct avec toi ? Est-ce qu'il prend soin de toi ?" Il ressentait le besoin de s'assurer que sa sœur était entre de bonnes mains.

Elle le regarda avec une expression mélancolique, se remémorant les moments partagés avec le concerné.

"Il est bien différent de Domeric Bolton." Jon sentit un frisson lui parcourir l'échine en entendant le nom de Bolton.

Les souvenirs des horreurs infligées par la Maison Bolton étaient encore frais dans son esprit. Mais cela n'avait plus d'importance. Roose Bolton était mort, Ramsey était mort, Domeric depuis longtemps.

"Alors, qu'est-ce que tu penses d'elle ?" demanda-t-elle ensuite. 

Il se tourna lentement vers Serena, un air pensif sur le visage. "Elle est... impressionnante."

Elle arqua un sourcil. "Impressionnante ? De quelle manière ?" 

Jon prit une profonde inspiration, cherchant les mots justes pour exprimer ses sentiments. "Elle a une présence qui commande le respect. Elle est déterminée, forte, et elle semble avoir un sens aigu de son propre destin."

"Mais tu as remarqué la tension entre elle et nous," fit elle remarquer, cherchant à sonder les pensées de Jon. Il acquiesça lentement, sa mâchoire se serrant légèrement.

"Oui, il y a définitivement une tension. Elle est venue ici avec des attentes, des ambitions... Mais elle a aussi montré une certaine ouverture à écouter nos préoccupations."

Serena sentit une pointe d'optimisme naître en elle. Peut-être que malgré les différences et les obstacles, il y avait un espoir de collaboration avec Daenerys Targaryen pour faire face aux menaces qui pesaient sur le Nord.

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant