― Chapitre 44.

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C'était un rêve..., songea-t-elle dans son demi-sommeil. Sansa s'était vue de retour à Winterfell, et courant avec Lady dans le bois sacré. Son père se trouvait là, et ses frères et sœurs aussi, tous sains et saufs, chaleureux.

Elle rejeta les couvertures. Je dois me montrer brave. Bientôt allait s'achever ses tourments, d'une manière ou d'une autre.

Si Lady se trouvait là, je ne serais pas effrayée. Mais Lady était morte, et Robb, Bran, Rickon, Arya, Père, Mère et même septa Mordane. Et qu'en à Serena, son sort lui était inconnu, mais elle était bien loin du Donjon Rouge, désormais. Seule au monde elle était.

Messire son époux ne se trouvait pas à ses côtés, mais elle en avait l'habitude. Il était un mauvais dormeur et se levait souvent avant le point du jour. Elle repoussa les volets et frissonna lorsque la chair de poule lui courut le long des bras.

Elle entendit la porte s'ouvrir. Shay fit son entrée, apportant l'eau bouillante pour son bain. Aujourd'hui était un grand jour : l'union de Joffrey Baratheon et de Margaery Tyrell.

L'après-midi, les sept vœux furent prononcés, les sept bénédictions implorées, les sept promesses échangées. Joffrey et Margaery, debout côte à côte entre les statues dorées colossales du Père et de la Mère, formaient un couple royal.

La mariée était adorable, toute froufroutante de soie ivoire et de dentelles de Myr, avec ses jupes chamarrées de motifs floraux rehaussés de semis de perles.

Le roi lui, égalait presque sa promise, en doublet rose thé sous un manteau de velours écarlate intense frappé du cerf et du lion. La couronne avait l'air, or sur or, faite pour les boucles qu'elle ceignait.

Une fois chantée l'hymne d'hyménée, une fois demeuré sans réponse d'appel à contestation, l'heure enfin survint de procéder au changement de manteaux.

Pendant que Mace Tyrell dépouillait tendrement sa fille de son manteau de vierge, Joffrey recevait des mains de son frère Tommen le manteau d'épouse et le dépliait en le secouant d'un geste théâtral.

Il enveloppa Margaery d'écarlate et or, s'inclina pour le lui agrafer au col, et c'en fut fait, facile comme bonjour, elle était passée de la protection de son père à celle de son mari. Mais qui la protégera de son mari ?

Après avoir repris en écho d'un ton claironnant la formule sacramentelle : "Par ce baiser, je vous engage mon amour," Joffrey attira Margaery contre lui et l'embrassa longuement, d'un baiser vorace.

Et c'est dans une nouvelle bacchanale d'irisations que, de sous son diadème, le Grand Septon proclama que dorénavant Joffrey, des maisons Baratheon et Lannister, et Margaery, de la maison Tyrell, ne feraient qu'une seule chair, un seul cœur et une seule âme.

Puis vint le banquet. Bien que l'on fût encore à une heure du crépuscule, la salle du trône flamboyait déjà de toutes ses torchères.

Les invités se tenaient le long des tables tandis que l'on proclamait les patronymes et titres des seigneurs et dames qui faisaient leur entrée puis auxquels des pages à la livrée du roi faisaient remonter la large allée centrale.

Dans la tribune, au-dessus, se pressaient des musiciens, tambours, cors, cordes, cornemuses et flûtes. Serrant fermement le bras de Sansa, Tyrion subit l'épreuve en chaloupant terriblement sous les regards pesants de l'assistance qu'affriandaient les stigmates du nouveau désastre qui l'avait rendu-t-il lorsqu'il se jucha enfin d'un sautillement sur son siège.

La reine des Épines fit son entrée juste derrière à tout petits pas traînassant tandis que Joffrey et Margaery pénètrent dans la salle.

La Garde les escorta jusqu'à l'estrade qu'occupaient les places d'honneurs, à l'ombre même du trône de fer, drapé pour la circonstance de longues banderoles de soie à l'or Baratheon, à l'écarlate Lannister et au vert Tyrell.

𝐒𝐓𝐈𝐆𝐌𝐀𝐓𝐄𝐒 ࿐ 𝐒𝐀𝐍𝐃𝐎𝐑 𝐂𝐋𝐄𝐆𝐀𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant