Chapitre 8 : Olympe [corrigé]

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J'ignore combien de temps est passé depuis que je suis assise dans mon coin, mais je sens la vie quitter petit à petit mon corps. Je n'ai plus la force de me lever et le moindre mouvement, même le plus infime, m'est pénible. Ma gorge et ma bouche sont aussi sèches que le désert de Gaisgeach, ma région natale.

Oh ! Comme j'aimerais retourner à cette époque où je n'étais qu'une jeune adolescente insouciante dont le seul but était d'aider au mieux ma famille à la ferme. Qu'est-ce que je souhaiterais remonter le temps, débouler dans le salon au mobilier miteux et crier à qui veut bien m'écouter que Roxy, ma chère jument, est l'animal le plus intelligent au monde. Entendre les rires de mes grands-parents alors que mes frères se moquent de ma tignasse emmêlée, pleine de gadoue et de paille, et que ma mère tente d'apaiser les tensions. Et sentir le regard doux et aimant de mon père, déjà prêt à aller moissonner les champs avec Adam et Allan.

Je ferme les paupières et il me semble que l'odeur de la terre retournée, le chant du vent à travers les blés blonds et les cris des animaux me parviennent. Un sourire heureux étire ma bouche en voyant mon papa et mamie Ondine me tendre la main, comme s'ils m'invitaient à revenir à la maison avec eux. Mon cœur rate un battement face à leurs visages joyeux et, au moment où je m'apprête à les suivre, des bruits de pas brisent ma chimère. Mes proches et ma ferme disparaissent. Et mon corps se refroidit quand mon regard se pose à nouveau sur les murs de pierres noires de ma cellule.

Je pince mes lèvres craquelées alors que mes yeux me brûlent. Le retour à la réalité est vraiment dur ! Ma famille me manque atrocement. J'aimerais tant les revoir...

Des voix titillent mes oreilles et je ne peux m'empêcher de me focaliser sur l'échange qui se rapproche de moi. Je le sol, au cas où ils décideraient d'ouvrir la porte de ma geôle. Je ne veux pas attirer leur attention si jamais l'envie leur prend de vérifier que je suis toujours de ce monde. Je me recroqueville un peu plus sur moi-même et croise les doigts pour qu'ils me laissent retourner à mon havre de paix. Mais les pas s'arrêtent devant ma cellule, la clef tourne dans la serrure et le battant de bois s'écrase contre le mur dans un fracas qui me détruit presque les tympans. Je me retiens de toutes mes forces pour ne pas porter mes mains à mes oreilles et tente de rester impassible. Si je n'ai aucune réaction, peut-être qu'ils écouteront leur visite...

— Elle est là ! s'exclame mon bourreau alors qu'il me désigne de son doigt potelet. Venez, elle est tellement faible qu'elle ne blesserait même pas une mouche.

Ils s'approchent de moi et je suis acculée dans mon coin. Je me sens oppressée et manque de hurler alors que le gardien pointe sa matraque dans ma direction. Heureusement, il ne fait que me pousser dans l'attente d'une quelconque réaction de ma part.

— Hum... Elle est peut-être trop faible, marmonne-t-il. Je vais chercher mon fouet, je reviens. Si vous sortez, pensez à refermer derrière vous.

Sur ces mots, il tourne les talons et disparait dans le couloir. Je serre les mâchoires face à son comportement. Ai-je l'air à ce point à bout de force pour qu'il ne prenne même plus la peine de suivre à la lettre les règles de sécurité appliquées depuis mon arrivée ?

— Dans mes souvenirs, retentit la voix de velours du second homme, vous étiez plus enjouée, Mathilde.

Je relève vivement la tête à l'entente à ce surnom ridicule que me donnait mon maître lors des soirées mondaines auxquelles il m'amenait. Je plonge dans un regard d'acier si profond que j'ai, un instant, peur de m'y perdre. La personne face à moi s'est accroupie pour être à ma hauteur. Ses longs cheveux platine sont noués en une queue de cheval basse et tombent sur son épaule droite avec élégance. Ma respiration se coupe alors que je le reconnais et des souvenirs déplaisants remontent à la surface...

Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant