Chapitre 33 : Olympe [corrigé]

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Réveillée par la luminosité ambiante de l'aube, je grogne et mes paupières papillonnent pour s'y habituer. Je me redresse et m'étire comme un chat. Je bâille et me lève sans plus attendre. Une voix semble m'appeler du fond du manoir. Elle retentit dans ma tête. Mon instinct me hurle de l'écouter, de la suivre. De mon pas le plus silencieux, je m'élance dans l'aile inhabitée et suis cette voix. Je n'ai pas besoin d'un dessin pour savoir où mes pieds me portent.

Vers la serre. Mon jardin secret, mon refuge.

Je musèle mon impatience et pousse l'imposante porte en bois de telle manière qu'elle ne grince pas dans ses gonds. Ce serait dommage de rameuter toutes les créatures surnaturelles qui vivent dans ce manoir. Je n'aurais alors plus l'occasion de découvrir d'où vient cette petite voix qui ne cesse de m'interpelle. Les battants s'ouvrent enfin et je pénètre dans la salle vitrée. Malgré ma visite de la veille, je n'en reviens toujours pas de la beauté de cette salle et je m'émerveille encore face à l'échelle de cette serre. Mon ancienne maison, celle que je partageais jadis avec ma famille, aurait pu rentrer au moins une dizaine de fois sur la surface au sol.

La voix retentit dans mon esprit, me hélant à nouveau. Je me retourne et observe les alentours attentivement. J'en trouve de suite l'origine... Une silhouette humaine d'un vert prairie est au cœur de la pièce. L'apparition se tient droite comme un I et son visage est caché derrière un masque aussi foncé que les feuilles d'un arbre plusieurs fois millénaire. Une auréole blanche encadre cette forme éthérée et la fait ressortir de son environnement.

Approche, mon enfant, retentit encore la voix dans ma tête.

Je ne peux que m'exécuter – d'ailleurs, refuser ne m'est même pas venu à l'esprit ! – et me déplace précautionneusement entre les pots remplis de terre. Lorsque je suis à une distance raisonnable, je m'arrête et contemple cette étoile verte.

— Qui êtes-vous ? murmuré-je, peu sûre de la façon dont je dois me comporter.

Je suis Tharros. J'ai pour devoir de rendre visite aux humains auxquels j'ai accordé un don à la naissance.

Je déglutis et détourne le regard. Je crains que le dieu me retire ce que je chéris à présent plus que ma propre vie.

N'aie pas peur, mon enfant, me rassure-t-il d'une voix douce. Je ne compte pas te l'enlever. Tu m'as prouvé à plusieurs reprises que tu étais digne de ce cadeau céleste. Si je me présente devant toi aujourd'hui, c'est pour te parler un peu de la situation délicate dans laquelle tu te trouves.

Je m'apprête à répliquer, à le questionner, mais il ne m'en laisse pas le temps et continue :

Tu as fait face de nombreuses fois aux épreuves qui se sont dressées sur ton chemin. À présent, tu dois affronter celle qui occupe tes pensées. Mon enfant, il est impératif que tu acceptes d'être devenue un calice.

Je croise les bras sur sa poitrine, méfiante quant à la tournure que prend la discussion avec le dieu.

Je ne cherche pas à justifier ou excuser les agissements de Vladimir, mais sache qu'être un calice est à la fois une malédiction et une bénédiction.

— C'est sûr qu'apprendre que son existence dépend désormais d'une autre personne est ce qu'il y a de meilleur dans ce monde ! raillé-je.

Pour l'instant, tu n'en vois que les inconvénients, souffle Tharros sans s'offusquer de mes paroles. Mais ton espérance de vie s'est allongée, tes dons vont se développer et pourront même devenir un pouvoir au fil de tes entraînements.

Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant