Chapitre 53 : Vladimir [corrigé]

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Quand j'entre dans mes appartements, Olympe dort déjà profondément. Je pouffe et la mets au lit. Une fois bordée, je m'accroupis pour être à sa hauteur et la dévisage pendant de longues minutes, absorbé par l'apaisement qui s'échappe par tous les pores de sa peau.

Comment peut-elle avoir l'air si innocent alors qu'elle a subi tant de vices ? Est-ce qu'un jour elle arrivera à vivre normalement ?

Je m'appuie sur le matelas et m'avance lentement vers Olympe. Après une seconde d'hésitation, j'embrasse légèrement sa joue et reprends ma position initiale. Mes oreilles me brûlent quand je réalise ce que je viens de faire... Mes regrets s'évaporent en voyant le sourire satisfait qui se dessine sur ses lèvres. Elle pousse un soupir de bien-être et s'enfonce un peu plus dans les couvertures. Mon cœur tambourine si vite dans ma cage thoracique que j'ai l'impression qu'elle va exploser. Je l'observe à nouveau, tentant d'apprendre ses traits par cœur et de les graver à jamais dans ma mémoire. Ses joues à présent rebondies, ses sourcils épais, la longue dentelle noire que forment ses cils, son nez en trompette et sa bouche pulpeuse rouge. Mes yeux me piquent alors que je ne parviens plus à en détourner mon attention. Je décide de fermer les paupières, histoire de me changer les idées et trouver la motivation pour aller faire ma toilette.

Quand je les rouvre, je n'ai pas bougé d'un pouce contrairement à Olympe que j'ai perdu de vue. J'ai là une bonne raison de quitter son chevet pour quelques instants. Je me relève et grimace à cause des courbatures qui m'assaillent. Elles sont si fortes que j'ai du mal à rester debout. Je ne me suis même pas rendu compte que je me suis assoupi ! Comment est-ce possible dans cette position inconfortable ?

Je m'étire et un étrange bruit sourd attire son attention. Je regarde à mes pieds et ne peux empêcher un grand sourire béat de se dessiner sur mes lèvres. Je me penche et ramasse la peau de bête. Je remarque que le lit est fait au carré et qu'Olympe n'y est plus. Je tends l'oreille et devine qu'elle se trouve dans la salle de bain. Je plie la couverture, la range et me dirige rapidement vers la cuisine. Je rassemble les mets préférés d'Olympe sur un plateau et remonte à toute vitesse dans mes appartements. En chemin, je croise mes amis.

— Bonjour, vous deux !

— Bonjour, me salue Andreas, on peut parler cinq minutes de l'entraînement d'Olympe ?

J'acquiesce et les suis dans la chambre de Thomas. Quand la porte est fermée, je dépose le repas d'Olympe sur la commode qui jouxte l'entrée et les regarde, attendant qu'ils prennent la parole.

— Après une discussion avec Thomas, nous avons convenu qu'il faudrait qu'Olympe subisse un renforcement musculaire intensif. Elle est toute maigrichonne !

— C'est à peine si un seul de ses coups de poing chatouillerait un louveteau.

— Je suis d'accord avec vous : c'est d'ailleurs ce que je lui ai dit hier lors de notre entraînement.

— Ça a donné quoi ? demande Andreas.

— Elle a une bonne technique en arme de jet, mais ça ne vaut rien à cause de ses muscles.

— Je vais lui concocter un joli programme. Attends-toi à la retrouver épuisée chaque fois que tu la verras !

— Quel dommage, susurre Andreas, Vladichou ne pourra pas tenter sa chance...

— La ferme, Andreas ! grogné-je en le fusillant du regard. Et puis, c'est quoi ce surnom ridicule ?

— C'est vrai que c'est carrément nul, renchérit Thomas, las de son attitude. C'est quoi du coup le programme pour vous deux ?

— Je vais lui enseigner à puiser dans ses réserves de magie, dit Andreas, de nouveau sérieux. Elle a compris comment on s'en sert, maintenant va falloir qu'elle voie quelles sont ses limites.

Thomas et moi acquiesçons, conscients des risques si jamais elle venait à les drainer, voire pire : utiliser plus que ce qu'elle n'a...

— Et toi, Vlad' ?

— Je vais lui apprendre à viser juste et à manier les armes avec lesquelles elle a le plus d'affinité.

— C'est-à-dire ?

— Épée, dagues et arcs. Si elle arrive déjà à maîtriser un minimum la première et à atteindre sa cible à presque tous les coups avec la seconde, je serai content. Pour la dernière, c'est la plus complexe et je ne sais pas vraiment si on aura le temps pour ça.

— C'est vrai qu'on ignore quand Marius va revenir, murmure Andreas. Tu ne pourrais pas faire des rondes, Thomas ?

— Dois-je te rappeler que l'entraînement d'Olympe est quotidien ? Et que, comme elle est débutante, je dois la surveiller de près pour qu'elle ne se fasse pas mal ?

— Je pourrais assister aux exercices, dis-je. Comme ça, je sais ce qu'elle doit faire, je l'y aiderai et la garderai à l'œil pendant que tu arpentes notre territoire. Puis tu viendras vérifier l'avancée des travaux tous les deux, trois jours.

Thomas soupire, mais accepte la proposition. Après tout, il ne peut pas être à deux endroits en même temps et c'est la seule solution possible pour qu'Olympe puisse progresser et que la sécurité du manoir soit assurée.

— On commence ce matin, dit Thomas. J'ai déjà une petite idée de ce que je vais lui faire faire. Rendez-vous dans une heure sur le terrain d'entraînement. Comme c'est la première séance, ça ne durera que deux heures.

— Elle ira se laver, enchaîne Andreas, et me rejoindra dans la serre pour qu'on travaille sa magie le reste de la nuit. Tu retrouveras ta dulcinée à l'aube, pour dormir ou...

— Un mot de plus et tu te chargeras aussi de ses exercices de demain soir, sifflé-je, le regard noir.

— Ah non ! s'exclame-t-il. Plus jamais de diète de sexe ! Motus et bouche cousue. Promis !

J'acquiesce et salue mes deux amis avant de reprendre le plateau plein de victuailles que j'ai laissé sur la commode. Je quitte la chambre de Thomas et me dirige vers la mienne où Olympe doit m'attendre.

Une fois arrivé, je la vois allongée sur le divan en train de lire l'ouvrage sur la botanique que je lui ai offert. Je referme la porte dans mon dos et Olympe relève la tête vers moi. Un grand sourire éclaire son visage, les pages de son livre claquent dans un bruit mat et elle me rejoint.

— Bonjour, Vladimir. Bien dormi ?

Je hausse un sourcil, surpris par l'air taquin qu'elle arbore, et me rappelle dans quelle position je me trouvais à mon réveil.

— Ah. Ah. Ah. Très drôle... Oui, j'ai bien dormi. Merci de t'en inquiéter.

— Pas trop courbaturé ?

— Non, murmuré-je prudemment en m'avançant dans mes appartements.

C'est un mensonge. Mon corps réclame que je m'allonge au plus vite, mais je ne lui avouerai jamais.

— Pourtant, je ressens des douleurs dans les jambes qui ne m'appartiennent pas...

Je me sens rougir des pieds à la tête. Pourquoi notre lien me trahit dans les moments où je le veux le moins ?

— Je t'ai apporté à manger, dis-je pour changer de sujet, embarrassé. Thomas t'a concocté un programme pour renforcer tes muscles. J'y assisterai, car il doit aller faire des rondes autour du manoir et ne pourra pas assurer ta formation tous les jours.

— Il va surveiller que Marius ne revienne pas ?

— Exact, acquiescé-je en posant le plateau sur la table basse. Nous devons le retrouver dans une heure sur le terrain d'entraînement. Ça te laisse le temps de manger et te préparer.


Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant