Chapitre 59 : Vladimir [corrigé]

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Le lendemain, alors qu'Olympe vient de quitter notre suite pour commencer à s'échauffer, sa voix résonne dans ma tête :

Je pense qu'il y a quelqu'un sur le terrain d'entraînement.

Ce doit être Thomas : il est rentré dans la journée. Attends-moi quand même dans le hall, on ne sait jamais. J'arrive.

Même si je n'ai pas senti d'intrusion dans le manoir, il vaut mieux être prudent. Surtout avec Marius qui parvient à camoufler sa présence. Et je voudrais éviter à ma compagne un énième face à face avec lui... Je sors de notre suite à la hâte, le manuscrit de la veille sous le bras, et l'aperçois plantée dans l'escalier, le regard vissé sur l'entrée du terrain d'entraînement. Une fois à sa hauteur, je pose ma main sur sa taille, l'attire à moi et l'embrasse aux coins des lèvres.

— Tout va bien, la rassuré-je d'une voix confiante.

Elle acquiesce et je ne peux m'empêcher de lui voler un nouveau baiser avant de franchir la distance qui me sépare de la pièce d'exercice. Je souris quand l'odeur de Thomas me titille le nez et croise son regard fatigué.

— Tu peux venir, Olympe ! crié-je après avoir salué mon ami.

— Bonjour, Thomas, dit-elle quand elle nous rejoint.

Je frôle sa main de la mienne quand j'entends le soulagement dans sa voix. Elle enlace nos doigts et mon pouce effectue de petits cercles sur sa peau.

— Bonjour, Olympe. J'espère que tu es en forme, car je t'ai concocté un sacré programme pour cette nuit. Je te laisse faire ton entraînement quotidien, puis nous irons manger et entamerons ensuite ce que je t'ai préparé.

Elle acquiesce et se met à courir.

— Alors ? dis-je quand elle est suffisamment loin pour ne pas nous entendre.

— Marius a traîné dans les environs hier midi. Je l'ai aperçu guetter le manoir. Tu as eu raison de faire en sorte qu'Olympe ne sorte pas. Il lui serait tombé dessus dans le cas contraire.

— Tu l'as pris en filature ?

Il opine du chef et pousse un soupir, dépité.

— Il a réussi à m'échapper, mais j'ai pu voir qu'il se dirigeait vers le sud. Sa planque doit être à la frontière pour avoir un plus grand monopole de l'information.

— Je suis sincèrement désolé de t'imposer tout ça. J'aurais aimé le faire moi-même, mais...

— Tu dois te t'occuper d'Olympe, je sais. Et puis, ça me permet de me dégourdir les jambes. Mon loup avait vraiment besoin d'exercice.

Nous échangeons un sourire, observons Olympe courir, puis Thomas reprend la parole :

— J'ai demandé à mon informateur de se renseigner sur la famille d'Olympe, mais j'ignore quand il reviendra vers moi. Je te dis dès que j'ai des nouvelles.

— Merci, Thomas, chuchoté-je, rassuré de pouvoir tenir ma promesse, même si je dois charger quelqu'un d'autre de faire les recherches à ma place. Je te revaudrai ça.

Il hoche la tête et grogne pour la forme. Je laisse échapper un petit rire et le remercie une nouvelle fois.

— Tu as des nouvelles de Rose ?

Thomas reste muet et ne daigne m'accorder un coup d'œil. Je soupire : il évite toujours le sujet. Et je sais que je n'aurai pas de réponse, car Olympe revient déjà vers nous. C'est son sprint final et Thomas va à sa rencontre pour superviser son entraînement quotidien. Je m'assieds donc à même le sol et ouvre mon livre sur mes genoux.

Malgré tous mes efforts, je ne parviens pas à me concentrer sur ma lecture : Thomas impose un rythme très soutenu à Olympe et elle transpire à grosses gouttes. Je m'aperçois alors que je l'ai beaucoup ménagée hier. Peut-être trop... Après avoir fait l'escaladeur pour la troisième fois, elle s'écroule face contre terre et pose sa main sur son flanc.

— Olympe ! On continue.

— J'ai un point de côté.

Thomas ne dit rien, patientant qu'elle soit de nouveau d'attaque, puis la remet sur ses pieds pour qu'elle reprenne l'entraînement.

— Tu fais cinq séries aujourd'hui.

— Quoi ? Mais pourquoi ?

Il ne lui donne pas de réponse, juste le signal pour qu'elle débute son exercice. Elle râle, contrariée, mais s'exécute tout de même. Je m'en veux un peu : je crois que c'est ma faute s'il est d'une humeur de chien... et qu'il passe ses nerfs sur Olympe.

Andreas déboule sur le terrain d'entraînement aux environs de minuit. Il a terminé de préparer le repas et nous appelle afin que nous découvrions son chef-d'œuvre culinaire comme il aime dire. Mais il se fait discret en apercevant Thomas martyriser Olympe. Sans doute n'a-t-il pas envie de subir ses foudres à son tour... Il me rejoint sans un mot et s'assied à mes côtés.

— Tu lis quoi ? demande-t-il en se penchant sur mon épaule.

— Bonjour, Andreas, soupiré-je alors que je le vois venir avec ses gros sabots. Un bouquin sur le lien entre un vampire et son calice.

— Hum... Intéressant. Je peux te prêter un livre qui traite de celui entre un homme et une femme si tu veux.

Je décroche mon regard des pages noircies à l'encre pour plonger dans celui d'azur de son ami. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me parle de littérature. Mais je sens l'entourloupe et plisse les yeux.

— C'est une romance ?

— Oui et elle est plutôt... épicée ? Crue ?

— Ça ne m'intéresse pas ! sifflé-je en rougissant.

Le petit sourire d'Andreas me fait comprendre qu'il n'en croit pas un traître mot. Je décide de l'ignorer et de me replonger dans ma lecture malgré son air insistant.

— Salut, Andreas ! retentit la voix haletante d'Olympe. Comment vas-tu ?

— Olympe ! Super bien, surtout depuis que Vladimir m'a demandé de lui prêter un de mes livres un peu chaud pour se cultiver.

Je m'étouffe avec ma salive à ces mots et lui adresse le regard le plus noir que je peux.

— Ne l'écoute pas. Tu sais à quel point il aime se faire des films ! Il est venu uniquement nous chercher pour manger.

— Eh ! Quand tu parles de moi ainsi, j'ai l'impression de n'être qu'une bonne...

— C'est vrai ? s'exclame Olympe, les yeux brillants. Le repas est prêt ? J'ai une faim de loup !

Il y a un blanc et tout le monde rit.

— J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

Je ferme mon bouquin, me relève et passe un bras autour de ses épaules. Je la rapproche de moi et lui baise le front.

— Non. Tu es juste la meilleure. Allons manger.



Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant