C'est une guérisseuse !
Je jette le livre de botanique annoté de gribouillis digne d'un enfant de sept ans et pivote vers l'endroit où j'ai délaissé l'humaine. Je me fige lorsque mon regard se pose sur la porte grande ouverte.
Merde ! Où est-elle ? Et comment a-t-elle fait pour disparaître sans m'alerter ?
Je gronde entre mes dents et franchis le seuil de la chambre. Je scrute le couloir sur ma droite. Il est long et sans issue. Elle n'aurait jamais eu le temps de le parcourir dans son intégralité pendant que je découvrais la raison qui a poussé Vladimir à s'intéresser à elle. Des portes trouent par deux fois le mur du côté où je me trouve. Je m'avance vers la première. Comme elle est déverrouillée, j'y jette un rapide coup d'œil, mais la tonne de poussière et l'odeur de rance m'indiquent que personne n'est entré ici depuis des lustres. Je referme le battant sans un bruit, au cas où Vladimir et ses « amis » seraient dans les parages. Je m'approche du second et rebrousse chemin le plus vite que ma discrétion me le permet. Au vu des effluves qui s'en dégagent, c'est la chambre de mon frère.
Je reporte mon attention sur le second couloir quand j'arrive devant la pièce dont je suis sorti. Lui aussi est très long, mais trois portes le percent sur la gauche et une seule sur la droite. Je vais vers la première, pose la main sur la poignée et l'abaisse. Mais le battant ne bouge pas d'un pouce. Je me dirige vers l'ouverture la plus proche, celle sur le mur opposé. Il n'y a pas de porte donc je me fais le plus discret possible et observe tout en restant dans l'ombre. Je me cache immédiatement quand je m'aperçois que cela donne sur le hall et les grandes volées de marches qui relient les étages. Je serre les dents et me retiens de jurer. J'espère qu'elle ne s'est pas enfuie par là. Mon plan tombe à l'eau sinon. Je m'enfonce dans le corridor et vérifie les deux autres portes, mais elles sont aussi fermées.
J'arrive devant un escalier, à la fin du couloir, qui amène au rez-de-chaussée. Il ne doit pas avoir servir depuis belle lurette : il est poussiéreux et le bois des marches semble sur le point de craquer au moindre souffle de vent. Un pas sur cette antiquité suffirait à réveiller tous les habitants du manoir... Donc impossible de cette humaine se soit enfuie par là ! Je l'aurais entendue dans le cas contraire.
La moutarde commence à me monter au nez. Où est-elle partie et comment a-t-elle fait pour s'échapper aussi loin, aussi vite ? À moins que...
Je fais demi-tour et me précipite dans la chambre. Je referme la porte sans un bruit et la verrouille grâce à la clef qui se trouve toujours dans la serrure.
Elle ne peut qu'être ici. Sauf si elle a bougé pendant que je la cherchais. Mais ça m'étonnerait : j'étais aux aguets et je l'aurais repérée !
À présent certain de mon coup, je clos les yeux et laisse place à mes autres sens comme j'aurais dû le faire tout à l'heure au lieu de céder à la panique. Mon odorat surdéveloppé et mon ouïe aiguisée prennent le relai sur ma vue. Grâce à eux, je deviens un chasseur inégalable et imbattable ! Notre petit jeu du chat et de la souris vient de passer un cap et j'en frissonne d'anticipation. Qui du vampire surpuissant ou de la frêle humaine va gagner ? C'est une bataille jouée d'avance, bien sûr. Après tout, le prédateur remporte toujours le combat contre sa proie... Et il n'y a aucun doute quant à nos rôles dans cette histoire.
Je me reprends et me concentre sur ce jeu que je trouve de plus en plus excitant malgré la frayeur que j'ai eue au début. Je me lèche les lèvres et esquisse un sourire mesquin quand les battements affolés de son cœur me parviennent. Elle est tellement ridicule à se cacher dans sa propre chambre... L'odeur de sa transpiration qui dégouline sur sa peau, les sons frénétiques de son pouls et sa respiration haletante à peine étouffée par la main qu'elle semble avoir mis devant sa bouche titillent mes sens. Je tourne et retourne dans la pièce, car je devine à chacun des changements des bruits qui animent son corps qu'elle me voit à travers l'interstice entre les deux portes de son armoire.
Je ne peux m'empêcher de faire claquer mes semelles contre le parquet alors que je me rapproche de sa cachette. J'hésite entre ouvrir en grand les battants et la tirer à moi ou juste patienter devant jusqu'à ce qu'elle en sorte d'elle-même... Je m'arrête face à son abri. Sa respiration se coupe. Je souris et reprends ma marche. Elle soupire de soulagement. Je pouffe pour qu'elle ne m'entende pas et recommence mon manège.
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Blood & Flowers 1 - Olympe & Vladimir
Vampire[Tome 1 de "Blood & Flowers"] Olympe est brisée. Sa famille est détruite, sa vie réduite à néant et sa liberté lui a été arrachée. Enfermée dans une prison pour femmes, car elle est accusée de meurtres, elle va se laisser dépérir pour retrouver son...