Chapitre 49 : Olympe [corrigé]

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Assise sur le lit, j'ai les yeux irrités à force d'avoir trop pleuré. Je m'en veux d'avoir agi de la sorte avec Thomas. Il est pourtant si avenant et prévenant avec moi. Il ne m'a même pas réprimandée quand je l'ai pourri sous mes accusations et mes paroles haineuses. Dans sa gentillesse infinie, il s'est contenté de s'excuser en me caressant les cheveux. Puis, une fois calmée, il m'a ramenée dans ma chambre – enfin, dans celle de Vladimir puisque je n'en ai plus – puis s'est éclipsé sans un mot.

À présent, la solitude m'étouffe. Mes démons se moquent de mon comportement ingrat et me mettent plus bas que terre dans leurs insultes. Et ils ont bien raison. Qu'est-ce qui m'a pris d'agir de la sorte ? Qu'est-ce qui m'a pris de laisser ma colère l'emporter sur mon bon sens ! On habite ensemble et fréquentons les mêmes personnes. Comment je vais pouvoir le regarder en face à présent ? Et comment les autres vont réagir ?

La porte s'ouvre doucement, mettant fin au déluge de questions qui m'assaille. Je n'ose pas relever la tête et croiser le regard du nouvel arrivant. Je sais très bien qui se tient dans l'entrée de la suite. Ma honte m'oblige à garder les yeux fixés au sol, cachée derrière ma masse de cheveux ébène. Des pas retentissent. Ils s'approchent de moi. La peur de me faire sermonner me tord les tripes, comme lorsque j'étais dans l'empire Zacharo. Ces souvenirs douloureux ne sont jamais partis. Ils ne sont jamais vraiment loin et reviennent toujours me frapper quand je m'y attends le moins ou que je suis au plus bas. Ils sont prêts à tout pour que je m'écroule. Encore une fois.

Les pas s'arrêtent à ma hauteur. Un froissement de tissus m'indique que Vladimir s'accroupit. Puis je le sens se mettre face à moi. Ses grandes mains douces se posent sur mes genoux. L'un de ses pouces frotte affectueusement mon pantalon en lin. Ce geste tendre me fait relever les yeux. Je n'y suis pas habituée... Ou du moins, pas depuis mon enfance, lorsque j'habitais encore avec toute ma famille.

— Thomas m'a tout raconté, Olympe.

Ma surprise et le soulagement qui commençait à apaiser mon cœur s'évaporent alors qu'il prononce ces mots. J'explose en sanglots et fonds dans les bras de Vladimir. J'enfouis mon visage dans son cou et pleure à chaudes larmes. La honte me submerge et je crains de perdre pied si Vladimir s'éloigne trop de moi.

— Bah... Qu'est-ce qui t'arrive ? murmure-t-il en me frictionnant le dos. Il m'a dit que ton entraînement s'était très bien passé. Même qu'il a déjà prévu un programme pour que tu puisses progresser rapidement et gagner en force.

Alors, il ne lui a rien révélé...

Je suis lui en reconnaissant et, en même temps, je ne me sens que plus misérable. J'inspire à fond, ferme les yeux et raconte tout à Vladimir. Sans rien omettre. Il reste silencieux quelques instants après que j'ai fini mon récit, sa main continuant de caresser mon dos.

— Tu t'es exprimée à voix haute. Tu as pu extérioriser ta colère et ta rancœur. Si tu ne l'avais pas fait, ta santé en aurait pâti. Et, honnêtement, je ne pense pas que notre vieux loup t'en tienne rigueur. Lui-même ne se pardonne pas ce qu'il a fait à ton ami. À mon avis, tout ce que tu lui as dit, il l'a pris comme une « punition », un juste retour du bâton, pour t'avoir enlevé un de tes proches. Alors, ne t'en veux pas ou tu finiras toute fripée.

Un rire sanglotant s'échappe d'entre mes lèvres. Vladimir me redresse pour que je lui fasse face. Je dois être vraiment pitoyable, car une lueur de peine emplit ses yeux. Sans rompre notre contact visuel, il s'avance doucement de moi, comme s'il me laissait le choix de me dérober et baise mes joues pour effacer les perles d'eau salée qui ne cessent de couler.

— À présent, reprend-il quand toutes mes larmes ont disparu, il te faut faire le deuil de ton frère de cœur. Je sais tout ce qu'il a fait pour toi.

J'écarquille les yeux en pensant à un moment précis et il s'empresse d'ajouter :

— J'ai vu la plupart de tes souvenirs en buvant ton sang. Désolé de m'être introduit dans ton intimité, mais je ne maîtrise pas ce que je visionne quand je me nourris.

Bien que rouge à cause de la gêne, je lui fais signe que ce n'est pas grave.

— Demain, c'est toi qui m'entraînes ?

Heureux que je change de sujet, Vladimir acquiesce avec un grand sourire.

— Tu me montreras ce que tu vaux avec des armes blanches.

Mes lèvres s'étirent alors qu'un autre souvenir me revient en mémoire. Celui de la serpe volante... Je revois sa tête et ne peux retenir mon fou rire. Le visage de Vladimir s'illumine tandis que la grisaille de mon esprit semble s'éloigner.

— Tu es plus belle quand tu ris ou que tu souris...

Je me reprends et plonge dans son regard d'acier.

— Charmeur...

Je ne sais pas quoi dire d'autre... Ni même quoi faire. Je remarque que ses yeux ne cessent de faire des allers-retours entre mes iris et mes lèvres. Je déglutis et me recule.

— Ce n'est pas encore le moment, Vladimir...



Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant