Blood & Flowers 1 - Olympe & Vladimir

Chapitre 22 : Olympe [corrigé]

Un ange passe. Vladimir pince les lèvres comme simple signe de désaccord. Je me doute que c'est totalement insensé et que ça tombe au mauvais moment avec le retour de son frère dans sa vie, mais ce voyage m'est essentiel pour pouvoir avancer et tourner une bonne fois pour toutes la page sur mon passé. Et sur les erreurs que j'ai commises... Il ouvre la bouche pour m'exposer toutes les raisons qu'il a de refuser avant de mettre sa main dans ses cheveux dans un lourd soupir. Il lève la tête vers le plafond et ferme les paupières, sourcils froncés. Je déglutis, consciente du débat interne qu'il est en train de mener. Je croise les doigts dans mon dos et prie Tharros de toutes mes forces pour que Vladimir accède à ma demande.

— Nous partirons demain dès la première heure, finit-il par dire en me dévisageant à nouveau.

Je sursaute, ne m'attendant ni à une réponse positive ni à ce qu'il cède aussi vite, et le remercie chaleureusement. Il m'offre un petit sourire, se dirige vers la porte de ma chambre et me souhaite une bonne nuit. Au moment où il franchit le seuil, je me rends alors compte qu'il m'accompagnera.

— Vladimir ? l'interpellé-je, hésitante. Tu ne crains pas la lumière du jour ?

Il me fait face, un air d'incompréhension plaqué sur son visage.

— Heu... Bah non.

— Mais dans les légendes et contes pour enfants, les vamp...

— Ce ne sont que des bêtises que les mortels racontent pour se rassurer. Le soleil comme l'ail ne nous affectent pas. Le seul truc qui peut nous faire souffrir, et qui est mentionné dans vos histoires, c'est l'eau bénite. Logique quand on y pense : on est issu de la colère des dieux.

J'acquiesce, le remercie et observe son dos tandis qu'il quitte la pièce. Une multitude de questions se bouscule dans ma tête, mais je garde les lèvres closes lorsque je me rends compte que les mouvements de Vladimir sont très mécaniques. Il tente de ne rien laisser paraître, mais il est affamé... Par ma faute. Je l'ai interrompu dans son repas.

D'ailleurs, comment ça se fait que Marius n'ait pas senti les poches de sang ? Ils ne sont pas censés avoir des sens surdéveloppés ? Il faudra que j'en touche deux mots à Vladimir... Mais pas tout de suite. Je ne suis pas prête à discuter avec lui pendant qu'il mange. Pas dans l'immédiat. Peut-être un jour.

Je sors de ma chambre et me dirige sur la pointe des pieds vers le dressing que je partage avec les garçons. Je ne désire croiser ni Thomas, le loup, ni Andreas. L'un comme l'autre me mettent désormais mal à l'aise. Savoir qu'ils sont aussi des créatures surnaturelles me déstabilise beaucoup et j'ignore comment je vais réagir quand je les reverrai.

J'essaierai sans doute d'égorger Thomas. Après tout, c'est lui le meurtrier de Phényo. Quant à Andreas...

Peu importe les suppositions que je fais, je ne parviens pas à m'imaginer la scène. Je reprends conscience de mon environnement quand j'ai le nez dans la partie du dressing qui m'est réservée. Je farfouille, attrape ce qui me semble être chaud et le fourre dans un sac de toile qui traîne dans un coin de la pièce. Une fois qu'il est plein à craquer, je rebrousse chemin et retourne dans ma chambre. Devant la porte close, un mauvais pressentiment me tord les tripes.

— Rien ne peut m'arriver ici..., soufflé-je tout bas. Je suis en sécurité au manoir.

Je pose la main sur la poignée, pousse le battant qui grince dans ses gonds et observe mon refuge. Il n'y a personne. Malgré tout, mon instinct me hurle de prendre mes jambes à mon cou, de déguerpir au plus vite et d'appeler à l'aide. Cependant, je fais la sourde oreille, sûre d'être à l'abri entre ces quatre murs, et entre dans ma chambre. Les poils de mes bras se hérissent et un frisson dévale mon échine. Quelqu'un a pénétré dans mon antre en mon absence... Mais qui ?