Chapitre 38 : Olympe [corrigé]

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J'étouffe une plainte dans ma gorge alors que les crocs de Vladimir s'enfoncent sans ménagement dans mes chairs. Des larmes perlent aux coins de mes yeux et je lève la tête vers le ciel le temps que ce moment désagréable se termine. Après tout, c'est moi qui l'ai poussé à me mordre, car cet acte est essentiel à sa survie ainsi qu'à sa guérison.

Une lumière verte attire mon attention dans l'obscurité du firmament moucheté par les flocons qui virevoltent au gré du vent. Je me concentre dessus et elle scintille de plus en plus fort. Une voix sans âge et bienveillante résonne dans ma tête.

Tes dons et tes capacités physiques vont se développer en même temps que ta relation avec Vladimir. Mais tu devras t'entraîner pour te perfectionner.

Je me détends quand je la reconnais comme étant celle du dieu Tharros. Je souris alors qu'il insiste sur l'importance du lien qui m'unit à Vladimir.

Ne te repose surtout pas sur tes lauriers, au risque de voir ton univers s'écrouler, m'enjoint-il d'un ton sérieux, presque sévère, qui a le mérite de retenir mon attention.

Je resserre ma prise autour de Vladimir alors qu'il s'abreuve toujours à ma gorge.

Oui, souffle Tharros du bout des lèvres. Protège-le, guéris-le et ton monde continuera de tourner sur son axe. À présent, mon enfant, ton destin est entre tes mains. Tu ne m'entendras plus, même si je le voulais. Je t'ai beaucoup trop guidée aux yeux de mes deux amis et il est temps pour moi de me retirer en ma demeure.

Puis le souffle d'éther s'estompe pour devenir une brise qui valse dans le ciel et fait danser les flocons sur un rythme qu'eux seuls perçoivent. En fouillant la voûte céleste du regard, je m'aperçois avec un pincement au cœur que l'étoile émeraude a disparu... Comme si elle n'avait jamais existé et que tout ceci n'avait été qu'un rêve. La présence de Tharros m'a consolée et réconfortée à un moment où j'étais incapable de voir le bout du tunnel. J'aurais beaucoup aimé échanger avec lui jusqu'à ce que tous les sujets que nous aurions pu aborder aient été épuisés. Mais c'est impossible. Les déités et les hommes ne sont pas faits pour être en contact.

Un grondement bestial me sort de mes pensées. Je reporte mon attention sur Vladimir, toujours pendu à la blessure de mon cou. J'esquisse un sourire et mon cœur se gonfle de reconnaissance pour cet homme. Je lève une main hésitante vers ses cheveux platine et entreprends de les démêler à nouveau. Leur douceur, semblable à de la soie, me surprend et je passe outre les avertissements que me lance Vladimir.

— Tu es comme un loup, Vladimir, dit-elle avant d'avoir pu tourner sept fois ma langue dans ma bouche. Affectueux et protecteur avec les membres de ta meute. Sauvage et agressif avec tes assaillants. Tes grognements me rappellent que je suis ta proie et qu'il ne sert à rien que je te fuis lorsque tu as faim. Je ne peux même pas refuser, car, de toute façon, ta soif te permettra de me rattraper.

Je me tais et ferme les yeux. Un silence seulement entrecoupé par ses déglutitions s'installe dans la serre. À présent que l'adrénaline de la confrontation avec Marius est redescendue, la fatigue pèse sur mes épaules et la régularité des aspirations de Vladimir me berce. La douleur de la morsure a cessé et il ne reste désormais qu'une légère brûlure à l'endroit où ses crocs sont plantés. J'ai l'impression que cela fait une éternité que nous sommes ainsi et je réalise à présent à quel point il s'est retenu par respect pour moi.

Une larme m'échappe à cette pensée et le sommeil me cueille sans prévenir.


Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant