Chapitre 6 : Olympe [corrigé]

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Mon jugement achevé, mon bourreau crochète mon bras et me reconduit sur le banc des accusés. Il se positionne derrière moi et profite que ses collègues amènent le prisonnier suivant devant la marquise pour me donner un faible coup de genou dans le dos. J'étouffe un gémissement de douleur et essaye de retenir une grimace.

— Encore une tentative pour discréditer mes propos et tu subiras pire que ça, t'as compris ? me souffle-t-il en s'abaissant légèrement, comme pour replacer le haut de sa botte.

Je m'apprête à répliquer, mais un nouveau pic de souffrance me coupe la respiration. Le pied du soldat vient de frapper mon coccyx alors qu'il s'appuie sur le banc où je suis assise pour nettoyer une saleté imaginaire.

— Je ne t'ai pas entendue..., reprend-il en enfonçant un peu plus la pointe de sa chaussure contre mon os.

Je me contente de hocher la tête, incapable de prononcer le moindre mot sans exprimer la douleur que je ressens. Et il est hors de question que je lui fasse ce plaisir !

— Bon chien, ricane-t-il en se replaçant correctement. Je comprends mieux pourquoi Zacharo t'appréciait au point de t'intégrer dans son harem. Peut-être que tu pourras nous faire une petite démo de tes talents, à moi et mes potes ?

Je frissonne d'horreur alors que des images toutes plus ignobles les unes que les autres se dessinent devant mes yeux. S'il continue de déblatérer de telles insanités, je crois que je vais vomir...

Vais-je vraiment devoir subir ça encore une fois ? J'espère que non. C'est la pire chose au monde que de se sentir dépossédée de son propre corps...

Je déglutis et décide de fermer les écoutilles. Cet homme est aussi répugnant que mon ancien maître. Le mieux, pour l'instant, c'est de l'ignorer et de me concentrer sur le jugement qui est en cours. Je balaye rapidement du regard le banc des accusés. J'ai des sueurs froides en m'apercevant que la personne qui fait à présent face à la marquise n'est autre que le dernier prévenu... Je ferme les paupières, souffle doucement pour calmer mon palpitant qui s'emballe et m'adonne à de discrets exercices de respiration. Je voudrais éviter de faire une crise de panique alors que le soldat se fait de plus en plus insistant dans mon dos.

Vais-je réellement encore subir ça...

Alors que le marteau de la marquise frappe pour la dernière fois de la séance le bureau en bois, mon bourreau fait signe à plusieurs de ses compagnons de le rejoindre. Une fois à notre hauteur, il leur parle à l'oreille et un frisson d'angoisse dévale mon échine tandis que leurs rires gras me parviennent. Le soldat responsable de mon emprisonnement crochète mon épaule et me tire vers la sortie. Ses amis nous talonnent et nous arpentons un long corridor dont le luxe laisse progressivement la place au strict nécessaire.

— Avoue que t'as hâte de découvrir ton nouveau chez toi, ricane l'un des collègues de mon tortionnaire en posant sa main sur mon biceps.

Mes poils se dressent au moment où une violente chair de poule s'empare de moi et je ne peux m'empêcher d'avoir un mouvement de recul pour échapper à cette poigne qui me dégoûte. Mais les doigts de mes deux bourreaux se referment sur mes os et réduisent à néant toute tentative de fuite.

— T'en fais pas, souffla le soldat qui m'a interrogée, c'est juste l'histoire de quelques jours. Après, tu seras envoyée autre part...

— Ouais, surenchérit le dernier, les meurtrières n'ont pas leur place dans le luxe de la capitale !

Nous arrivons devant une porte gardée par trois militaires en train de jouer aux cartes et de boire. Ces derniers relèvent la tête quand nous sommes face à eux, sourient en me dévisageant et tendent un trousseau de clefs à mes bourreaux.

Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant