Mon repas et ma toilette achevés, je me dirige vers la sortie de la chambre. Quand je pose ma main sur la poignée de la porte, je jette un œil par-dessus mon épaule en direction d'Andreas.
— Je suis prête, lui dis-je avec un sourire moqueur. Nous pouvons y aller si tu le souhaites.
Il acquiesce et me rejoint. Le trajet est silencieux et seul le bruit de nos pas résonne dans le corridor. Ce silence de plomb ne me gêne pas du tout. Ma jeunesse en tant qu'esclave m'a appris à supporter ce genre de moments. Il est mon guide dans la dernière aile du manoir que je n'ai pas eu le temps de visiter. Il franchit une entrée sans porte et je le talonne sans un mot afin de commencer à m'exercer avec lui.
Quand j'arrive dans la salle encore en rénovation, je suis subjuguée par sa grandeur. Les murs en pierres enduites de peinture blanche s'élèvent sur toute la hauteur du bâtiment et plusieurs puits de lumière viennent égayer la pièce. Des fenêtres au verre coloré ornent l'un de ses pans, apportant une ambiance tamisée et étrange à ce terrain d'entraînement. Le sol est de terre au centre et recouvert avec du carrelage sur le périmètre. De nombreuses armoires vitrées longent les murs. Elles contiennent des armes en bois ainsi qu'en acier au tranchant émoussé, des boucliers, une pharmacie complète que je ne parviens pas à quitter des yeux pendant plusieurs minutes, ainsi que des protections cotonneuses. Mon regard se déporte alors sur la dernière partie de l'immense salle et j'y vois des tonnes de gravats encombrant le fond de la pièce.
Je me perds encore et toujours dans ma contemplation quand mon instinct s'agite et me broie les entrailles. Je pivote et me prends un violent courant de vent glacial en pleine figure. Sous le choc, je chute sur les fesses. Une chair de poule hérisse tous les poils de mon corps. Je déglutis et mon regard vert se pose sur Andreas. Mon souffle se coupe dans ma poitrine alors que ses yeux ont viré au blanc. De l'air danse élégamment en tourbillonnant autour de lui, soulevant ses courts cheveux. Il est si envoutant que je me laisse hypnotiser par sa dangereuse beauté.
— Cesse de bayer aux corneilles, m'aboie-t-il en préparant une nouvelle attaque. Tu es aussi molle qu'une limace !
Et une déferlante de vent m'arrive dessus comme une tornade ravageant un pays entier sur son passage. Je m'accroche du mieux que je le peux en serrant les dents, plaçant mes deux bras devant mon visage pour essayer de me protéger des lames d'air. Je râle quand l'une d'elles entaille ma peau. Je foudroie Andreas du regard alors qu'il campe sur ses positions et me remets tant bien que mal sur mes pieds.
— Je n'ai jamais utilisé mes pouvoirs à des fins offensives ! crié-je à pleins poumons pour me faire entendre malgré la tempête qui règne dans la salle. Tharros me l'a d'ailleurs interdit !
Les yeux d'Andreas s'écarquillent. Le vent se calme petit à petit et finit par totalement disparaitre. Un lourd soupir s'échappe de sa gorge et il fixe le ciel nocturne à travers les vitraux.
— Si tu ne peux pas attaquer, pourquoi Vladimir souhaite que je t'entraîne ? Je ne suis qu'un fer de lance moi, pas un bouclier !
Je hausse les épaules comme seule réponse et reste silencieuse par la suite.
— Vladimir m'avait raconté que tu avais vu le dieu Tharros. Mais je pensais qu'il affabulait, étant donné que c'est Marius qui le lui a rapporté. Qu'est-ce qu'il t'a dit exactement ?
— Tharros m'a expliqué que je pouvais accélérer la croissance des végétaux pour qu'ils prennent la forme que je désire ou qu'ils me secondent dans mes tâches médicinales. Et il m'a avertie que je ne pourrai pas utiliser mon don pour attaquer. Seulement pour soutenir la personne à qui j'ai décidé de consacrer ma vie.
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Blood & Flowers 1 - Olympe & Vladimir
Vampir[Tome 1 de "Blood & Flowers"] Olympe est brisée. Sa famille est détruite, sa vie réduite à néant et sa liberté lui a été arrachée. Enfermée dans une prison pour femmes, car elle est accusée de meurtres, elle va se laisser dépérir pour retrouver son...