Chapitre 45 : Vladimir [corrigé]

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Une atmosphère paisible règne dans ma suite. La veille, Olympe a pleuré toutes les larmes de son corps alors que je lui ai ouvert les yeux sur sa situation. Elle était si heureuse quand je lui ai révélé qu'elle était libre. Même si elle n'est que partielle à cause de notre pacte, j'ai pu lire dans ses pensées qu'elle n'a plus l'impression d'être pieds et poings liés par une corde invisible et indestructible. Mes dires l'ont rassérénée, apaisée et soulagée. Des larmes de délivrance ont creusé de profonds sillons sur ses joues.

Alors que j'allais essuyer les dernières traces salées qui y demeurent, un poing s'abat contre ma porte et brise le silence doux et moelleux de ma chambre. Je grogne comme seule réponse et reste immobile, à observer le visage endormi d'Olympe. Un claquement de langue mécontent retentit dans le couloir et le bruit sur le panneau de bois reprend de plus belle. Je soupire, agacé par ce réveil indélicat, et m'assois sur le matelas. Je n'ai aucune envie de quitter mes couvertures, mais si je laisse faire, Olympe sera à son tour tirée de ses rêves. Je m'habille en hâte et me dirige à pas feutrés vers l'entrée de ma chambre.

J'ouvre le battant de bois ouvragé et tombe nez à nez avec une tignasse rousse. J'esquisse un sourire narquois, m'adosse au chambranle et dévisage Andreas. Il a la mine grisâtre et des poches violettes alourdissent son regard céruléen.

— Voici donc le résultat quand un incube s'abstient de sexe pendant à peine une journée, le taquiné-je. J'ai hâte de voir dans quel état tu seras ce soir.

— Et toi, Vladimir, me souffle-t-il l'air hargneux et ses yeux lançant des éclairs, tu as enfin réussi à mettre Olympe dans ton lit ?

OK. Le ton est donné. Je croise les bras sur mon torse et le fusille du regard. Malgré sa remarque déplacée, je ne donne pas suite à sa provocation puisque c'est moi qui ai entamé les hostilités. Je me contente de me décoller du montant de la porte et de toiser mon ami.

— Je vais aller la réveiller. Déconne pas avec elle, le préviens-je d'une voix sévère, elle est encore traumatisée par ce qu'elle a vécu dans les champs de Zacharo...

— Ce n'était pas mon intention, siffle Andreas. Je me souviens parfaitement dans quel état elle était quand tu l'as ramenée et le pourquoi du comment... Et puis, Olympe est chasse gardée depuis quelque temps, non ?

Un sourire accompagne sa question rhétorique. Je soupire et, avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit, je lui ferme la porte au nez. Non seulement pour que cette discussion prenne fin, mais aussi pour laisser un peu d'intimité à Olympe, le temps qu'elle se réveille et se prépare. Je retourne à grands pas vers le lit et l'observe quelques instants. Son visage de poupée est on ne peut plus serein. Son souffle est régulier et ses paupières tremblent parfois alors que son rêve défile devant sa rétine. Je m'en veux de devoir la sortir de cet état si paisible, mais il en va de sa sécurité.

— Olympe, la secoué-je avec douceur, Andreas t'attend devant la porte pour ton entraînement. Réveille-toi.

Olympe râle et je ne peux m'empêcher de ricaner. Après un étirement digne du plus souple des chats, Olympe ouvre ses yeux et j'admire ses iris aussi verts que des pierres précieuses. Un soupir s'échappe d'entre ses lèvres rosées et j'ai envie de l'aspirer tout entier. Finalement, elle porte son attention sur moi. Je me fige en ayant l'impression d'être nu face à elle. Je déglutis et me retourne pour prendre dans mon armoire une de mes tenues d'entraînement. Comme je viens de me lever, je n'ai pas eu le temps d'aller chercher celle que Thomas devait acheter dans le village voisin durant la journée.

— Bonjour, me salue-t-elle d'une voix douce.

J'entends les draps se froisser tandis qu'elle se redresse. Je devine chacun de ses mouvements grâce à mon ouïe surdéveloppée qui a tendance à trop vite se concentrer sur Olympe dès qu'elle est proche de moi... Je ferme les paupières, serre les vêtements contre mon torse et me fais violence pour ne pas regarder. Je sais très bien dans quelle tenue elle a dormi. Jeter un rapide coup d'œil avec pour excuse de lui donner ses habits me tente... mais par respect pour elle, je m'obstine à lui tourner le dos et les lui tendre.

Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant