Chapitre 44 : Olympe [corrigé]

24 3 0
                                    


Les crocs de Vladimir se retirent de mes chairs. Il suce ma peau et aspire le sang qui jaillit de ma blessure. Un nouveau gémissement m'échappe et je me sens virer à l'écarlate sous le coup de la honte. Pourquoi ce genre de bruits sort-il de ma bouche ? Pourquoi mon esprit est autant embrouillé lors d'une morsure ?

De douloureuse, elle passe à agréable.

D'humiliante, elle passe à glorifiante.

D'horrifiante, elle passe à jouissive.

Mon visage chauffe de plus belle tandis que mes ressentis me percutent en pleine figure comme un direct du droit habilement décoché. Et la main de Vladimir qui s'agrippe à ma hanche ne m'aide pas du tout. Ni la position dans laquelle je me suis moi-même mise ! Mais quelle idée de m'asseoir à califourchon sur Vladimir alors qu'il est assoiffé ! Mais quelle idée de m'asseoir à califourchon sur cet homme à qui je suis liée jusqu'à la fin de mes jours... Après tout, il reste un être empli de désir et je le sens très bien dans cette position. Je ne sais plus ni comment me comporter ni comment m'installer. Je n'ai qu'une envie : fuir.

Alors que Vladimir se repaît de mon essence vitale, toutes ces soirées passées en compagnie de Zacharo me reviennent en tête. Je ferme les paupières pour tenter de les chasser de mon esprit, mais c'est pire. Je revois tout : ses paluches sales, son ventre gonflé, ses joues bouffies, sa moustache mal taillée et ses yeux de fouine. Je déglutis en me rappelant que beaucoup de dames du harem se plaçaient de cette manière sur lui, puis se déhanchaient jusqu'à le mener à la jouissance et ainsi assouvir sa faim. Mais il arrêtait toujours leur danse avant, les repoussait et me prenait par-derrière, une main sur mon cou et l'autre claquant mes fesses que je finissais par ne plus sentir à force.

Un mouvement brusque me ramène à la réalité. Mes yeux tombent dans les rubis de Vladimir. Ils brillent, brillent de colère. Pourquoi ? Qu'ai-je fait qui l'a contrarié ?

— Je ne suis pas Zacharo, gronde sa voix.

C'est la première fois qu'il me parle sur ce ton... Comme si je venais de l'insulter. Je déglutis, une goutte de sueur dégringole sur ma tempe alors qu'il continue de me scruter, et je ne peux qu'acquiescer. Je fuis son regard et il maugrée si bas que mon corps entre en vibration. Avant de comprendre ce qu'il se passe, je me retrouve allongée sur le lit. Vladimir est à présent au-dessus de moi et ses iris virent lentement au bordeaux. La couleur du sang. Et de la fureur.

— Olympe, me souffle-t-il avec une douceur qui contraste avec la tempête que je lis en le dévisageant. Ce n'est pas parce que je bois à ton cou que je vais te prendre.

— Pourtant...

— Oui, je bande, me coupe-t-il hargneusement. Oui, je te désire. Mais je ne ferai rien sans ton consentement, parce que je te respecte. Et aussi, car le viol est un crime. Tu as été dépossédée de ta liberté d'expression et de ton droit de choisir en étant déclarée comme esclave. Mais lorsque je suis venu te chercher dans cette prison pour femmes, que je t'ai sortie de cette cellule miteuse sans lumière, tu as retrouvé tout ce que tu avais perdu. Tu es libre de tes décisions. Tu es libre de dire ce que tu penses ou ce que tu veux. La seule chose que je t'ai enlevée, et j'en suis sincèrement navré, c'est ta liberté de déplacement.

Le silence tombe dans la chambre. Vladimir me dévisage et je peux voir sur ses traits gravés dans le marbre que le désir et la faim combattent en lui. Pourtant, dans ses yeux sanguinaires, je parviens à lire la désolation et l'attente de mon accord. Mon cœur s'est serré pendant qu'il me parlait et crachait sur toutes les horreurs que m'a fait subir Zacharo. Je déglutis et tends les bras. Je les passe derrière la nuque de Vladimir et l'attire à moi. Lorsqu'il est à nouveau dans mon cou, je m'autorise à pleurer.

— Tu peux boire mon sang, Vladimir, hoqueté-je entre deux sanglots. Merci pour ce que tu as fait pour moi. Merci de m'avoir libérée des chaînes qui m'entravaient. Mais j'ai encore besoin de me reconstruire avant d'entamer une relation plus qu'amicale.

Vladimir soupire doucement sur ma peau et lèche ma plaie pour récolter toute l'hémoglobine qui a dû s'en échapper depuis qu'il a cessé de me mordre.

— Je serai à tes côtés pour t'aider. Tu n'es plus seule à présent.



Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant