Chapitre 39 : Vladimir [corrigé]

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Son sang se déverse sur ma langue. Son arôme à la fois doux et épicé me rend fou. Mes pensées deviennent incohérentes et j'ai du mal à me retenir de boire à grandes gorgées. Une main se pose sur ma tête et je gronde malgré moi, car cela me rappelle ma mère et son obsession pour mes cheveux. Elle en adorait la couleur et le soyeux. À tel point qu'elle refusait que je les coupe, ce qui m'avait valu un nombre incalculable de moqueries de la part de son frère, mais aussi des jeunes de mon âge que je fréquentais. Quand nous étions ensemble, ils me complimentaient et faisaient des courbettes jusqu'à ce que leurs nez touchent le sol. Mais dès que j'avais le dos tourné, les rires et les brimades me tombaient dessus comme la pluie sur la terre lors de la saison humide. C'étaient tous des hypocrites prêts à allumer un feu chez leur voisin pour ne pas que la populace voie la crasse qui s'accumulait devant leur propre porte.

J'avais bien tenté de les couper, ces cheveux d'or blanc qui m'attiraient les railleries de mes soi-disant amis. En vain. Ma mère arrivait toujours à temps pour m'en empêcher. Elle me remontait les bretelles, puis s'occupait de me peigner pendant des heures sans jamais se lasser. Dans le miroir de la coiffeuse à laquelle elle m'asseyait, je pouvais voir Marius admirer ce spectacle affligeant. Et un sourire étirait ses lèvres, satisfait de constater à quel point je pouvais être pitoyable à me laisser marcher sur les pieds de la sorte.

Une goutte me sort dans les profondeurs de mon passé dans lesquelles je me noie encore et toujours. Je lève les yeux vers Olympe et aperçois une seconde perle d'eau salée venir à ma rencontre. Je fronce les sourcils et retire mes crocs de ses chairs. Je grimace en observant les dégâts engendrés par ma morsure. Ce n'est pas beau à voir, car je n'y suis pas allé avec le dos de la cuillère. Mon instinct me guide et j'approche à nouveau de ses plaies ensanglantées. J'y appose ma bouche et les lape. Olympe laisse échapper un gémissement tandis que ma langue va et vient sur sa blessure.

Je me redresse, la main sur son cou en attendant de pouvoir la lécher, et m'aperçois qu'Olympe est inconsciente. Des rougeurs maculent ses joues et ses lèvres, légèrement entrouvertes, appellent au péché alors qu'elles prennent la forme d'un petit « o ». Une ombre dentelée met en valeur les reliefs de son visage tandis que le sommeil s'est emparé de son esprit. Face à cette vision, je me remémore les dires d'Andreas et devine à la chaleur qui m'envahit que je vire au cramoisi.

Peut-être qu'en effet, mes bas instincts commencent à se réveiller après tout ce temps...

Je jure entre mes dents quand je me rends compte de la teneur de mes pensées et retourne lécher le cou d'Olympe pour fermer la morsure. Mais j'ai beaucoup de mal à me concentrer sur ma tâche : Olympe ne cesse de gémir. Je pousse un soupir, yeux clos, et m'attelle à la guérir. Est-ce qu'elle souffre... ou elle prend du plaisir ? Je me maudis de m'être posé cette question, car mon ouïe refuse à présent de faire abstraction de ses bruits. Le soulagement m'envahit alors que le sang d'Olympe arrête de couler sur ma langue. Je me relève, son corps collé contre mon torse. Je l'installe dans le couloir le temps de fermer la serre à clef, la porte à nouveau comme si elle n'était pas plus lourde qu'une plume et vais vers le salon. Je change finalement de direction en me rappelant la facilité avec laquelle Marius a tendance à se faufiler dans le manoir. Quand je me trouve devant ma chambre, j'ai un moment d'hésitation, mais décide qu'Olympe sera plus en sécurité à mes côtés.

Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant