Chapitre 8

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Sahar mis ses mains derrière son dos, pour masquer ses tremblements, tandis que tout le monde attendait qu'elle prenne le plateau d'encens. L'angoisse s'empara d'elle si vivement, qu'elle se sentait pâmer. Elle savait que si elle osait ouvrir la bouche pour dire qu'elle ne vénérait plus cette idole, elle serait plus que jamais en danger.

— Sahar! Entendit-elle avant de s'évanouir subitement, sous les yeux ébahis de tous.

Elle rouvrit les yeux lentement, une sensation de vertige l'envahissant. Elle se rendit compte qu'elle était allongée sur son lit. Confuse et désorientée, elle se rappela alors ce qui s'était passé juste avant qu'elle perde conscience.

Adil se tenait à son chevet, un sourire carnassier étirant ses lèvres.

Sahar tenta désespérément de se redresser, mais Adil posa une main ferme sur son épaule, la maintenant prisonnière de son regard glacial. Elle pouvait lire dans ses yeux gris une détermination sans faille, une volonté de la briser, de l'anéantir jusqu'à ce qu'elle ne soit plus que l'ombre d'elle-même.

Il posa une main glaciale sur son visage, caressant sa joue avec une tendresse feinte qui la fit frissonner de dégoût.

— Je sais que tu faisais du théâtre, tu ne peux pas me manipuler, chuchota-t-il insouciant.

Ses paroles résonnaient comme un avertissement sinistre. Elle sentit la peur fourmiller dans ses veines, la rage grondait dans son cœur. Elle savait que son destin était scellé, qu'elle était condamnée à une vie d'emprisonnement auprès de cet homme qu'elle ne pouvait ni aimer ni respecter.

Sahar sentit les larmes brûler au bord de ses paupières, mais elle refusa de les laisser couler.

Elle se redressa brusquement, repoussant Adil avec autant de force qu'elle pouvait rassembler malgré sa faiblesse.

— Je ne suis pas ton jouet, Adil, cracha-t-elle avec détermination. Je ne suis pas une poupée à manipuler à ton gré.

Adil recula légèrement, faisant mine d'être surpris par la soudaine audace de Sahar. Cependant, son sourire ne fléchit pas, témoignant d'une confiance inébranlable en son pouvoir sur elle.

— Tu peux te débattre autant que tu veux, Sahar. Mais tu sais aussi bien que moi que tu es prise au piège. Ta famille, ta réputation, tout ce qui t'est cher se trouve désormais entre mes mains. Tu ne peux t'octroyer le luxe de désobéir.

Sahar sentit ses genoux fléchir sous le poids de ses paroles cruelles.

— Je ne serai jamais ton pantin. Déclara-t-elle avec une fermeté renouvelée.

Adil éclata d'un rire glacial, empli de mépris. Il se pencha vers elle, ses yeux brillant d'une lueur menaçante.

— Peut-être, Sahar. Mais pour l'instant, tu es à moi. Et tu ne pourras échapper à ton destin aussi intelligemment que tu le crois.

Sur ces mots, il se leva et quitta la pièce, laissant Sahar seule avec ses pensées tourmentées et son désir ardent de liberté.

Sahar resta figée, les paroles d'Adil résonnant comme un écho sinistre dans sa tête. Elle sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine, réalisant soudain la gravité de sa situation. Dans un élan de désespoir, elle s'effondra sur le sol, les larmes coulant silencieusement sur ses joues brûlantes.

Alors que Sahar était étendue sur le sol, submergée par un mélange de peur et de détermination, la porte de sa chambre s'ouvrit brusquement.

Le regard glacial de son père la transperça comme une lame de glace, déchirant l'air pesant de la pièce. Sahar sentit une onde de terreur la traverser, mêlée à une immense déception. Son père, l'homme qu'elle avait tant admiré dans son enfance, lui semblait désormais si lointain, si étranger.

— Comment oses-tu gâcher ce moment si important pour notre famille ? Gronda-t-il d'une voix sévère, ses yeux durs et implacables.

Sahar leva ses yeux humides vers son père, cherchant en vain une once de compréhension dans son regard implacable. Elle tenta de se redresser, mais sa faiblesse la cloua au sol. Les mots de son père résonnaient comme autant de coups violents sur son cœur déjà meurtri.

— Je ne peux pas me marier avec Adil, père. Je refuse de devenir sa marionnette ! Supplia-t-elle, les larmes continuant à couler sur son visage pâle.

Son père éclata alors d'une colère noire. Il l'attrapa par le bras, la forçant à se lever malgré son état de faiblesse.

— Tu épouseras Adil, que cela te plaise ou non ! Tu n'as pas le choix, Sahar. Ce sont nos traditions, notre honneur qui est en jeu. Tu te plieras à cette alliance, que tu le veuilles ou non.

Sahar sentit son cœur se serrer douloureusement. Elle savait que les mots de son père étaient empreints de vérité, que son destin semblait scellé contre son gré.

— Dès demain, j'exige que tu ailles remettre ta lettre de démission, c'est sûrement à l'hôpital que l'on t'a détourné de nos dieux.

Sahar sentit son cœur se serrer douloureusement à ces nouvelles paroles de son père. La perspective de renoncer à sa passion, était comme un coup de poignard en plein cœur. Elle savait que son père ne comprenait pas l'importance de son travail, de son engagement envers les plus démunis. Son métier était son refuge, sa vocation, et renoncer à cela serait comme abandonner une part d'elle-même.

— Comment peux-tu me demander de faire une telle chose sachant que l'hôpital manque de personnels ? Que vont devenir les enfants de la rue ?

— Penses-tu être la superhéroïne du pays ? C'est au gouvernement de se préoccuper d'eux. Ta seule préoccupation doit être ton mariage, prononça-t-il en sortant de la chambre de la jeune fille.

Le regard froid et déterminé de son père fit frémir Sahar. Elle savait qu'elle n'avait pas le choix, que sa voix ne serait jamais entendue dans cette tradition immuable qui décidait de son destin à sa place. Alors, résignée et brisée, elle baissa la tête en signe d'acceptation.

Son cœur saignait de douleur et d'injustice, son esprit tourmenté par des pensées sombres et oppressantes.

Le lendemain matin, Sahar se tenait devant l'hôpital où elle avait consacré sont temps à soigner les malades. Les larmes qu'elle avait versées la veille semblaient avoir vidé toutes les forces de son être. Son père l'accompagnait, insensible à sa détresse, marchant d'un pas décidé vers le service des ressources humaines.

Chacun de ses pas résonnait dans le couloir vide, comme un écho lugubre de sa propre résignation. Les visages des patients qu'elle avait soignés lui revenaient en mémoire, éclairés par une lueur d'espoir qu'elle-même semblait avoir perdue.



𝗟𝗔 𝗩𝗜𝗦𝗜𝗧𝗘 𝗗𝗨 𝗣𝗢𝗧𝗜𝗘𝗥Où les histoires vivent. Découvrez maintenant